Collab’ : Kenzo Takada s’invite chez Roche Bobois
Pour la collection hivernale de l ’ éditeur de mobilier français, le créateur japonais a imaginé une exceptionnelle collection de tissus inspirés des kimonos anciens et en a profité pour rhabiller le “Mah Jong”, le canapé best-seller de la marque.
Longtemps, il y a eu deux familles de designers. Celles des stylistes de mode d’un côté, celle des créateurs de mobilier de l’autre. Il semblerait que, en cette période de transversalité où tous les domaines se croisent et s’influencent, cette division n’ait plus lieu d’être. Après avoir été mangé à presque toutes les sauces, le mot design retrouve son sens élargi anglo-saxon attribué à toutes les productions d’objets ou de signes. En effet, moins théorique et formaliste que par le passé, le design puise de plus en plus son inspiration dans les codés de la mode. Les stylistes eux, investissent avec bonheur l’univers de la décoration.
INSPIRATIONS CROISÉES
Tourné désormais vers le design et la décoration, Kenzo Takada, le plus parisiens des couturiers japonais, investit la maison Roche Bobois le temps de sa collection automnehiver 2017-2018 et imagine une somptueuse gamme de tissus inspirés de kimonos anciens, de ceux qu’il collectionne et qu’il a prêtés au Musée Guimet à Paris pour l’exposition printanière Kimono. Au bonheur des dames. Répondant au nom de Nô Gaku, aux multiples teintes kaki, bronze et bleues, on découvre sur les velours des coussins, comme sur les étoffes du théâtre Nô, des motifs de fleurs, d’écailles de tortues et de triangle, symbole nippon du dragon tout-puissant, le tout version patchwork. “Ma volonté était de m’ inspirer des motifs que l’on trouve sur les kimonos du théâtre Nô. Ces dessins représentaient la ligne directrice de cette collection. L’ idée était de les réinterpréter complètement et différemment. Tout a été mis en oeuvre pour que ces nouveaux tissus, réalisés de manière industrielle, respectent l’esprit des kimonos anciens, notamment par le soin apporté au jacquard et aux matières utilisées. Chacun des trois modèles exprime un temps de la journée : Asa, le matin, Hiru, le midi et Yoru, le soir”, explique Kenzo Takada.
Le “Mah Jong”, canapé emblématique de la marque imaginé en 1971 par Hans Hopfer change ainsi de tenue une nouvelle fois ! Après les zigzags Missoni en 2007, les rayures marines Jean Paul Gaultier en 2010 et les motifs orange et chocolat Sonia Rykiel en 2013, un vent japonisant souffle sur l’incontournable sofa cette année, le rendant aussi chic que zenifiant. “À la fois fauteuil, canapé, chaise longue, lit… Le “Mah Jong”, baptisé d’après le domino chinois, offre une multitude de possibilités de composition. Il a vu le jour un an après mon premier défilé de mode à Paris, et lui n’a pas pris une ride”, s’amuse le designer. L’esprit libre, inventif et joyeux de Kenzo Takada a aussi donné naissance à une collection d’objets en céramique sophistiqués et teintés de modernité, inspirés du pays du Soleil-Levant, recouvertes d’émaux aux couleurs profondes, rehaussées de feuille d’or vieillie ou de cuivre rouge lustré, à la modernité singulière.