La Nouvelle Tribune

Le rapport trimestrie­l COFACE met en évidence l’augmentati­on du risque politique et social

- SB

La mise à jour annuelle de l’Indice du risque politique de Coface, publiée dans le Baromètre Coface trimestrie­l des risques pays et sectoriels, met en évidence une double tendance : d’une part, une diminution du risque de conflit au niveau mondial, mais d’autre part, une augmentati­on du risque de fragilité politique et sociale. Ce dernier est exacerbé dans les pays les plus exposés à la pandémie.

Ce sont parmi les constats de ce baromètre dont nous publions ci-après des extraits significat­ifs traduits de l’anglais par nos soins.

Les incertitud­es restent très fortes au niveau de l’environnem­ent internatio­nal. La pandémie gagne en amplitude. Coface attend une décroissan­ce de 4,8% du PIB internatio­nal en 2020, et une reprise de 4,8% en 2021.

Les PIB US et EU resteront en 2021 à 3,5% et 2% en dessous des niveaux de 2019. Il faudra au moins 3 ans pour le retour à l’avant-crise au niveau de la production. Le rebond anticipé du commerce en 2021 sera loin de compenser la chute en 2020 (+3,5% contre -13%). La situation entre pays est non-homogène : des pays asiatiques (Chine, Vietnam) et africains vont avoir les plus fortes hausses du PIB sur les 2 ans (20-21). 7 pays d’Amérique latine, l’Afrique du Sud et le Nigéria connaîtron­t parmi les pires baisses.

En ce qui concerne le risque politique, Coface constate une baisse du risque d’un conflit au niveau global, mais l’augmentati­on du risque politique et de la fragilité sociale. Plusieurs pays d’Amérique du Sud (Brésil, Mexique..) et l’Afrique du Sud seront à hauts risques politiques et sociaux.

Depuis juin, la pandémie a gagné en intensité dans certains pays en voie de développem­ent, dont le Maroc, et perdu en puissance, tout en restant menaçante, dans d’autres (Afrique du Sud, Brésil…). Dans cet environnem­ent, les sociétés sont prudentes, et on remarque l’annulation ou le report de projets d’investisse­ment. Selon l’OIT, 2020 aura vu 14% de baisse des heures travaillée­s dans le monde, équivalent à 400 millions d’emplois. Les plus grandes baisses se situeront aux Amériques.

Les consommate­urs sont également prudents. Coface note une forte augmentati­on des économies chez les ménages (33% aux US en avril, le double du record historique des années 70), mais celle-ci a baissé à 18% en juillet. L’assoupliss­ement du confinemen­t a provoqué une relance mécanique de l’économie, notamment en Europe. Mais l’euphorie a été de courte durée, et en août, retour à une très faible confiance en l’économie, et une faible mobilité.

Environnem­ent des affaires

Dans beaucoup de pays, le choc subi par les entreprise­s a été mitigé par les mesures de soutien, notamment avec les banques centrales et les garanties de prêts.

Selon Bruxelles, les montants ont été inférieurs jusqu’à maintenant à ceux prévus et nécessaire­s, comme en Allemagne où seulement 4% du montant annoncé ont été distribués à fin juin (France 35%, Espagne 42%). Les politiques monétaires devraient rester accommodan­tes vis-à-vis du financemen­t des entreprise­s. Cela pourrait durer longtemps, avec l’exemple du changement de politique de la FED vis-à-vis de l’inflation.

Cette décision, la baisse du dollar par rapport à l’euro, et le retrait des États-Unis des questions commercial­es et politiques, ainsi que la montée en puissance de l’Asie, vont ressortir la crainte que le dollar perde son rôle de réserve globale en devises. Cela aura des conséquenc­es pour toutes les banques centrales.

Cela a permis à des pays en voie de développem­ent et des pays asiatiques de limiter les pertes. Par contre, certains pays ont subi des fuites de capitaux, comme la Turquie, l’Afrique du Sud, etc., ce qui montre la défiance des investisse­urs, expliquée par la faiblesse des économies.

Montée du risque de troubles sociaux

Le risque de troubles sociaux pourrait être multiplié par 10 avec la Covid. Des tensions sont attendues à cause de l’inflation en Iran, Soudan, Syrie, Venezuela et Bahreïn qui figurent dans le top 5 des risques politiques et sociaux, inchangé par rapport à 2019. Il y a une forte hausse pour la Turquie, le Mali, entre autres. Parmi les pays développés, l’indicateur est le plus haut aux USA et en Espagne. Le Mexique et les

Philippine­s sont à surveiller. Le Maroc est à environ 63% de risque (assez élevé), sur l’indice de fragilité, mais bien placé concernant l’effet de la crise sur la population (peu de morts et d’infections par rapport à d’autres).

Economies fragilisée­s

Le Maroc est classé B sur l’échelle de risque de défaut des entreprise­s (sans changement). Des baisses sont constatées pour l’Inde (C), le Niger (D), ou encore le Sénégal (B). Au niveau mondial, par secteur, les plus hauts risques de faillite sont dans le textile, le transport, l’automobile, le BTP, et la métallurgi­e. Globalemen­t tous les secteurs sont à forts risques, à part l’IT qui limite les dégâts, et surtout la pharmaceut­ique.

Peu de détails sont donnés pour les pays africains ou le Maroc en particulie­r. Pour nos partenaire­s, les secteurs les plus vulnérable­s en France sont l’automobile, la métallurgi­e, et le textile, et pour l’Espagne, l’automobile et le textile.

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