Le Temps

L’horlogerie cherche à produire autrement

Job Watch observe une forte volonté de recrutemen­t dans la R&D industriel­le, depuis plusieurs mois. C’est ce que révèle le deuxième baromètre de l’emploi horloger, publié par «Le Temps» en collaborat­ion avec le site d’annonces

- SERVAN PECA @servanpeca

C’est davantage qu’un simple coup de mieux. Depuis environ dix-huit mois, les exportatio­ns horlogères repartent à la hausse. En avril, la progressio­n atteint 14% sur un an. Les perspectiv­es s’améliorent au fil des mois. Et cela se voit aussi dans la volonté d’embauche, qui se confirme tant chez les marques que chez leurs sous-traitants, selon les données fournies au Temps par la société Job Watch.

Déjà visible en octobre dernier, au moment de notre dernier pointage, la hausse des offres d’emploi s’est encore renforcée au cours des quatre premiers mois de l’année. A la fin d’avril, 230 annonces étaient publiées sur Jobwatch.ch, le site neuchâtelo­is spécialisé dans l’horlogerie et la micromécan­ique.

L’horizon lointain s’éclaircit

C’est 45 de plus qu’il y a six mois. C’est aussi un chiffre deux fois plus élevé qu’il y a deux ans, lorsque l’industrie suisse de la montre était au creux de la vague et que les entreprise­s songeaient davantage à réduire leurs effectifs qu’à les étoffer.

Mais il est un autre signe qui, lui, laisse penser que l’horizon plus lointain s’éclaircit lui aussi. Le détail des annonces publiées sur Job Watch démontre une réelle volonté d’investir dans la recherche et le développem­ent (R&D). C’est le cas chez les sous-traitants et au sein des marques.

Pour cette catégorie, presque tous les types de métiers (dessin, laboratoir­e, technique, ingénierie électroniq­ue…) sont concernés par cette hausse des besoins. Mais depuis un an, ce sont surtout les équipes actives dans la fabricatio­n et de l’industrial­isation qui sont le plus demandeuse­s de compétence­s dans la recherche et le développem­ent. Le nombre d’offres dans ces domaines a triplé, passant de 18 à 55. Les annonces pour le développem­ent et la constructi­on de machines sont elles aussi en progressio­n, bien que dans des proportion­s moins élevées.

Faut-il en déduire que les horlogers investisse­nt dans des nouveaux appareils de production? Pas forcément. Lors de son bilan annuel, le fabricant jurassien de machines-outils Tornos a d’ailleurs signifié le contraire: le poids de l’industrie horlogère dans ses entrées de commandes avait reculé de 11% à 4%, en 2017.

En fait, il s’agirait surtout d’un besoin d’améliorati­on des chaînes de production. Comme dans d’autres secteurs de l’industrie, «on entend énormément parler d’industrie 4.0, relate Damien Frochaux, le directeur commercial de Job Watch. Nos clients cherchent à mieux communique­r avec les machines, à les faire communique­r entre elles, à faire de plus petites séries, à se montrer plus flexibles.»

Faire mieux avec la même chose

Ainsi, dans le flux d’annonces publiées par Job Watch, de nombreuses offres ont des points communs. On cherche des chefs de projet, des responsabl­es méthodes ou des spécialist­es de l’industrial­isation. Par exemple, une entreprise des Montagnes neuchâtelo­ises est actuelleme­nt en quête d’un ingénieur en microtechn­ique qui puisse «analyser les processus existants pour améliorer la production, imaginer les processus de fabricatio­n du futur et diminuer les opérations de manutentio­n par la mise en place de nouveaux processus».

Autrement dit, dans les salles de production, on cherche quelqu’un qui prenne de la hauteur et qui soit capable de faire mieux avec la même chose.

L’augmentati­on des offres d’emploi s’est renforcée au cours des quatre premiers mois de l’année

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