Le Temps

Comment la Banque Cramer veut se réinventer

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

La petite banque de gestion de fortune revoit complèteme­nt son organisati­on et son offre. La stratégie expliquée par son directeur général depuis sept mois, Cédric Anker

Des banques de plus en plus petites, mais avec des rôles de plus en plus importants. On pourrait résumer ainsi le parcours de Cédric Anker, directeur général de la Banque Cramer depuis octobre. Le Genevois dirigeait auparavant la gestion privée de Mirabaud, après avoir piloté l’antenne de Vontobel au bout du lac et commencé sa carrière chez UBS puis Credit Suisse. Sa nouvelle mission: réinventer la petite Banque Cramer, qui gère 4 milliards de francs d’actifs avec une centaine de collaborat­eurs.

C’est à cause du krach boursier d’octobre 1987 que Cédric Anker a décidé de rejoindre Cramer l’an dernier. Stagiaire chez UBS depuis un mois lorsque la crise éclate, il se fait alors une promesse en voyant l’hécatombe parmi ses collègues, surtout les seniors: devenir financière­ment indépendan­t à l’âge de 60 ans. «Le compte à rebours s’est fait plus pressant en 2017, l’année de mes 50 ans, explique-t-il au Temps. J’avais déjà passé sept ans chez Mirabaud, soit j’y finissais ma carrière, soit je tentais une nouvelle aventure.»

Pour le projet et les gens

Le choix aura aussi des répercussi­ons financière­s. Associé commandita­ire chez Mirabaud, il avait investi son capital personnel dans la banque, sans aucun risque. «L’alternativ­e était de placer toutes mes économies dans un projet plus risqué mais qui me permettait d’avoir un poste de directeur général avec un impact direct dans toutes les équipes», raconte le quinquagén­aire. La deuxième option l’a emporté, «à cause du projet, des gens de la Banque Cramer et de l’adrénaline procurée par ce genre de challenge». Le nouveau patron devient actionnair­e minoritair­e.

Cramer va se recentrer sur un nombre réduit de marchés: la Suisse, l’Italie, certains pays de l’Est et quelques pays d’Amérique latine

D’importants chantiers ont été menés en sept mois. Le conseil d’administra­tion et le comité exécutif passent de 7 à 4 membres chacun. La succursale de Lausanne, qui ciblait la clientèle suisse avec une douzaine de collaborat­eurs, est fermée. «Nos concurrent­s offraient davantage de services, de produits, avec une image plus forte, analyse Cédric Anker. Mais la clientèle suisse demeure notre premier marché, que nous servons depuis Genève, Zurich ou Lugano.» L’offre est rendue plus cohérente, des services sont abandonnés, comme un produit de 3e pilier, ou simplifiés (le nombre de fonds maison a été très réduit).

Vente de la filiale aux Bahamas

L’entité des Bahamas (un milliard de francs d’avoirs) est vendue «pour simplifier notre organisati­on». Les Bahamas participen­t à l’échange internatio­nal d’informatio­ns fiscales depuis cette année.

Le produit de la vente, non dévoilé mais «satisfaisa­nt», sera investi dans le développem­ent des activités principale­s. A commencer par des recrutemen­ts, comme Jacques Lemoisson, le nouveau responsabl­e des investisse­ments (ex-Lombard Odier), ou l’ancien chef de la gestion privée d’EFG Stephan Keiser. Est-ce difficile d’attirer des profils expériment­és dans une petite banque? «C’est faisable en leur offrant des perspectiv­es et un projet à forte identité, la question de la rémunérati­on vient ensuite», assure Cédric Anker.

Recentrage et nouvelle activité

Des acquisitio­ns de portefeuil­les de clients ou de gérants indépendan­ts sont envisagées et une nouvelle activité sera lancée à l’automne. Enfin, Cramer va se recentrer sur un nombre réduit de marchés: la Suisse, l’Italie, certains pays de l’Est et quelques pays d’Amérique latine. «A court terme, les sorties de capitaux dépasseron­t les entrées, car nous procédons à la fermeture de beaucoup de petits comptes», reconnaît le patron de la banque. En 2017, la Banque Cramer a dégagé un bénéfice net de 4 millions de francs, contre une perte de 1,8 million en 2016.

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(MARK HENLEY/PANOS PICTURES POUR LE TEMPS) «A court terme, les sorties de capitaux dépasseron­t les entrées, car nous procédons à la fermeture de beaucoup de petits comptes», reconnaît le patron de Cramer, Cédrik Anker, qui explique la nouvelle stratégie de son établissem­ent.

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