Comment la Banque Cramer veut se réinventer
La petite banque de gestion de fortune revoit complètement son organisation et son offre. La stratégie expliquée par son directeur général depuis sept mois, Cédric Anker
Des banques de plus en plus petites, mais avec des rôles de plus en plus importants. On pourrait résumer ainsi le parcours de Cédric Anker, directeur général de la Banque Cramer depuis octobre. Le Genevois dirigeait auparavant la gestion privée de Mirabaud, après avoir piloté l’antenne de Vontobel au bout du lac et commencé sa carrière chez UBS puis Credit Suisse. Sa nouvelle mission: réinventer la petite Banque Cramer, qui gère 4 milliards de francs d’actifs avec une centaine de collaborateurs.
C’est à cause du krach boursier d’octobre 1987 que Cédric Anker a décidé de rejoindre Cramer l’an dernier. Stagiaire chez UBS depuis un mois lorsque la crise éclate, il se fait alors une promesse en voyant l’hécatombe parmi ses collègues, surtout les seniors: devenir financièrement indépendant à l’âge de 60 ans. «Le compte à rebours s’est fait plus pressant en 2017, l’année de mes 50 ans, explique-t-il au Temps. J’avais déjà passé sept ans chez Mirabaud, soit j’y finissais ma carrière, soit je tentais une nouvelle aventure.»
Pour le projet et les gens
Le choix aura aussi des répercussions financières. Associé commanditaire chez Mirabaud, il avait investi son capital personnel dans la banque, sans aucun risque. «L’alternative était de placer toutes mes économies dans un projet plus risqué mais qui me permettait d’avoir un poste de directeur général avec un impact direct dans toutes les équipes», raconte le quinquagénaire. La deuxième option l’a emporté, «à cause du projet, des gens de la Banque Cramer et de l’adrénaline procurée par ce genre de challenge». Le nouveau patron devient actionnaire minoritaire.
Cramer va se recentrer sur un nombre réduit de marchés: la Suisse, l’Italie, certains pays de l’Est et quelques pays d’Amérique latine
D’importants chantiers ont été menés en sept mois. Le conseil d’administration et le comité exécutif passent de 7 à 4 membres chacun. La succursale de Lausanne, qui ciblait la clientèle suisse avec une douzaine de collaborateurs, est fermée. «Nos concurrents offraient davantage de services, de produits, avec une image plus forte, analyse Cédric Anker. Mais la clientèle suisse demeure notre premier marché, que nous servons depuis Genève, Zurich ou Lugano.» L’offre est rendue plus cohérente, des services sont abandonnés, comme un produit de 3e pilier, ou simplifiés (le nombre de fonds maison a été très réduit).
Vente de la filiale aux Bahamas
L’entité des Bahamas (un milliard de francs d’avoirs) est vendue «pour simplifier notre organisation». Les Bahamas participent à l’échange international d’informations fiscales depuis cette année.
Le produit de la vente, non dévoilé mais «satisfaisant», sera investi dans le développement des activités principales. A commencer par des recrutements, comme Jacques Lemoisson, le nouveau responsable des investissements (ex-Lombard Odier), ou l’ancien chef de la gestion privée d’EFG Stephan Keiser. Est-ce difficile d’attirer des profils expérimentés dans une petite banque? «C’est faisable en leur offrant des perspectives et un projet à forte identité, la question de la rémunération vient ensuite», assure Cédric Anker.
Recentrage et nouvelle activité
Des acquisitions de portefeuilles de clients ou de gérants indépendants sont envisagées et une nouvelle activité sera lancée à l’automne. Enfin, Cramer va se recentrer sur un nombre réduit de marchés: la Suisse, l’Italie, certains pays de l’Est et quelques pays d’Amérique latine. «A court terme, les sorties de capitaux dépasseront les entrées, car nous procédons à la fermeture de beaucoup de petits comptes», reconnaît le patron de la banque. En 2017, la Banque Cramer a dégagé un bénéfice net de 4 millions de francs, contre une perte de 1,8 million en 2016.
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