Le Temps

Je retrouve le RolandGarr­os de mon enfance

- PAR MARC ROSSET* * Ancien joueur de tennis

J’ai pris énormément de plaisir à voir et à commenter les matches de la première semaine de Roland-Garros. J’ai eu l’impression de retrouver le tournoi de mon enfance, à l’âge où l’on aime regarder mais plus encore jouer. Je passais toute mon après-midi sur les courts et quand je rentrais le soir, il y avait encore à la télévision des matches où deux joueurs bataillaie­nt jusqu’à la tombée de la nuit. C’était épique et cela renforçait mon amour du tennis.

J’ai revécu ça cette semaine. Sur les grands courts, il y a bien dû avoir une dizaine de matches en cinq sets. Nishikori contre Benoît Paire, Chardy contre Berdych, Cilic-Fognini lundi soir, Zverev trois fois, Goffin et d’autres. C’est parti dans tous les sens et, franchemen­t, j’ai adoré. Cela faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de cinquièmes sets en première semaine sur les grands courts ( je ne parle pas des courts annexes).

Le fait que Federer et Murray soient absents et que Nishikori, Wawrinka ou Djokovic reviennent de blessures a redistribu­é les cartes. Les cadors habituels sont moins bien classés et moins dominateur­s. On s’est retrouvé dès le troisième tour avec de superbes affiches, ce qui nous changeait un peu du programme habituel de ces dix dernières années. Quelque part, cette édition anticipe déjà ce que l’on verra à partir de l’an prochain et que je réclamais depuis longtemps: le retour à 16 têtes de série au lieu de 32.

J’ai adoré Zverev

Rafael Nadal se promène mais c’est le seul. Et même contre lui, Maximilian Marterer a joué le coup à fond. Je ne connaissai­s pas du tout ce jeune Allemand mais il a un tennis très intéressan­t et un super état d’esprit. Pour sa première sur le central, mené deux sets à zéro, il a continué d’y croire et a poussé Nadal dans un tie-break dans le troisième. Chapeau! Marterer ne fait pas partie des «NextGen» que l’ATP promeut mais il a ce que beaucoup n’ont pas: l’attitude.

Un autre jeune joueur l’a désormais également. Il s’agit d’Alexander Zverev, que j’ai souvent critiqué par le passé mais que j’adore dans ce Roland-Garros. Il passe au mental, sur ce qui faisait sa faiblesse auparavant. Je ne sais pas s’il a travaillé physiqueme­nt ou si un déclic s’est opéré dans sa tête; sans doute les deux.

Un carré idéal

Après, une deuxième semaine ne doit pas ressembler à la première. On veut voir les favoris remettre un peu d’ordre. Mais des demi-finales Nadal-Del Potro et Djokovic contre Thiem ou Zverev, ça aurait franchemen­t de l’allure. Ce serait le casting parfait avec le roi de «Roland»; le héros du public, Del Potro, revenu de mille galères; le revenant Djokovic; et l’un des jeunes héritiers, Thiem ou Zverev ( je crains que Zverev n’ait pas récupéré de ses trois matches en cinq sets).

Je ne vois pas Novak Djokovic perdre contre Cecchinato mardi en quart de finale. Et un «Djoko» dans le dernier carré est ensuite capable de tout. Je pense qu’il lui manquera la confiance acquise lors de gros matches contre les tout meilleurs pour aller au bout mais il est gentiment en train de sortir de ce black-out qui l’avait saisi après sa victoire ici il y a deux ans. Mats Wilander avait connu ça: vous avez tout gagné et vous ne savez plus quoi faire de votre vie. On se cherche mais en fin de compte, la passion du tennis finit toujours par être la plus forte.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland