Le Temps

Il fait beau, il fait chaud… Trop beau et trop chaud?

- MARIE-PIERRE GENECAND

Samedi et dimanche, j'ai nagé dans le Rhône. Pas celui, vert émeraude, des Genevois. Celui vert étang et vaste, si vaste, de la Drôme. Les chasseurs chassaient, le Rhône trônait, les fêtards que nous étions festoyaien­t. Poésie des vergers, de la dance et des marais. Lundi, fin d'après-midi, pareil plongeon dans le Léman, doux et enveloppan­t, avec au loin le Môle et le Mont-Blanc. Nous sommes à la mi-septembre, en période de rentrée. A Genève, Maudet boit la tasse, Knie est déjà parti, la vie a repris. Mais la météo, près de 30 degrés à l'heure du goûter, permet des baignades et des apéros prolongés comme au plus fort de l'été. C'est bien? C'est divin! C'est plus qu'un été indien, c'est un été olympien.

Et si, en fait, il s'agissait d'un été icarien? De ceux qui brûlent les ailes et envoient leurs fidèles rôtir en enfer. Avec le réchauffem­ent climatique, le shoot solaire n'est pas net. Il a comme une ombre, celle d'une terre qui court à sa perte. Ouch! C'est subitement beaucoup moins gai.

D'autant que, dans le train, dans la rue, même sur les terrasses ensoleillé­es, les avis sont partagés. A côté des hédonistes qui adorent se dorer, des voix, pourtant jeunes et alertes, disent en avoir assez. «On colle. Chaque fois qu'on porte des trucs, on sue. Et pour travailler, merci. Comment se concentrer quand ça cogne et que tout nous invite à chiller?» Le chill, pour info aux plus de 45 ans, c'est la détente en bande, le farniente des aînés. Bref, certains étudiants, qui ont repris lundi le chemin des unis, voient le ciel bleu avec une pointe de gris.

Ils n'ont pas tort. Car, en plus d'être des régulateur­s d'humeur, les saisons sont également des régulateur­s de la concentrat­ion. Intitulée «Les quatre saisons des fonctions cognitives», une étude de l'Université de Liège explique que «pour une tâche liée à l'attention, l'activité du cerveau atteint son maximum en juin, vers le solstice d'été et son minimum en décembre, près du solstice d'hiver; tandis que pour une tâche exécutive, comme la mémoire à court terme, l'activité cérébrale est maximale en septembre et minimale en mars».

On comprend le spleen des étudiants. Ils se demandent avec raison si leur mémoire est toujours aussi béton alors que l'été joue les prolongati­ons… Qu'ils s'adressent à Pierre Maudet, le coupable tout-terrain de la rentrée. Maintenant qu'il peut «chiller grave» – une première dans sa vie rivée à son ascension – sûr qu'il a fait changer les saisons. On est prince ou on ne l'est pas, non?

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