«Moins il y a d’argent, plus ça doit sentir le football»
Emilio Vega s’évertue à dénicher des pépites avant la concurrence, grâce à un réseau d’observateurs réduit mais efficace, couplé à une politique de la main tendue. Entretien avec celui qui est le directeur sportif de Huesca depuis le printemps 2017
Comment construisez-vous votre effectif? On travaille avec une équipe de neuf personnes qui vont voir des matchs tous les week-ends dans toute la péninsule Ibérique et qui suivent des joueurs qu’on a déjà repérés à la télévision. La plupart sont des personnes passionnées de football qui ont un autre travail à côté. D’août à décembre, on repère des joueurs de manière globale, puis, à partir de là, on ressort une dizaine d’objectifs avec lesquels on entame des discussions à partir de janvier, en fonction de nos besoins. Pour moi, le scooting est essentiel, car moins il y a d’argent, plus ça doit sentir le football. Nous n’achetons jamais un joueur parce qu’un agent nous en a parlé.
On cherche avant tout des joueurs humbles, il n’y a pas de place pour les ego surdimensionnés. Pour l’instant, ça marche plutôt bien
Quels profils vous intéressent particulièrement? On peut se permettre de faire des paris que d’autres clubs ne feraient pas. L’an dernier, nous avons ainsi recruté Cuchu Hernandez, un joueur de 18 ans inconnu en Europe. Nous avons pris le risque de prendre un joueur extracommunautaire sans expérience et nos dirigeants nous ont soutenus. Economiquement parlant, on ne peut pas lutter avec certaines équipes de notre niveau. On a aussi décidé de prendre des joueurs qui ont pu commettre des erreurs ou avoir des accidents de parcours. L’environnement de la ville est très tranquille et permet à ce genre de joueurs de se relancer sans la pression des supporters ou des médias. Ici le joueur ne pense qu’à s’entraîner et à jouer. On cherche avant tout des joueurs humbles, il n’y a pas de place pour les ego surdimensionnés. Pour l’instant, ça marche plutôt bien.
Quel rôle comptez-vous jouer cette saison? Nous sommes le «Petit Poucet» de la Liga. Il y a deux championnats en jeu: celui des équipes du haut de tableau, bien évidemment, mais aussi celui des dix équipes qui jouent le maintien. Il n’y a pas tellement d’écart entre les meilleurs de Segunda B et cette dizaine de clubs. On a donc bon espoir de se mêler à la lutte, avec la base de l’an dernier, à laquelle nous avons ajouté quelques joueurs qui ont un peu plus de bouteille et de jeunes étrangers. La différence entre nous et les grandes équipes est abyssale, mais on fera tout notre possible pour prendre des points à chaque match, comme toujours. Vous avez confié les clés de l’équipe à Leo Franco, dont c’est la première expérience sur un banc... Il était important pour nous que l’entraîneur connaisse bien la philosophie du club et la mentalité de la ville, mais aussi qu’il y ait un bon feeling entre lui et les joueurs. Leo réunit toutes ces caractéristiques, en plus de sa grande expérience en première division.
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«La différence entre nous et les grandes équipes est abyssale, mais on fera tout notre possible pour prendre des points à chaque match, comme toujours»