L’UDC en quête d’un président
Le premier parti du pays désignera le 22 août le successeur d’Albert Rösti. Les deux seuls candidats en lice, Alfred Heer et Andreas Glarner, sont loin de faire l’unanimité. Le nom du conseiller national saint-gallois Roland Rino Büchel circule de plus en plus
Le temps presse pour l’UDC. Ses membres désigneront leur nouveau président le 22 août. Pour l’heure, personne ne s’impose et les tractations se poursuivent. Aujourd’hui, seuls deux conseillers nationaux sont officiellement en lice: le Zurichois Alfred Heer et l’Argovien Andreas Glarner. Mais tous deux sont loin de faire l’unanimité. Et leurs chances sont quasi nulles.
La commission de sélection présidée par l’ancien chef de groupe Caspar Baader poursuit désespérément ses recherches, mais ne cesse d’essuyer des refus. Selon Jean-Pierre Grin, seul Romand membre de cette commission, de nombreux papables ont renoncé pour des raisons professionnelles ou personnelles. «Cette fonction ne fait plus rêver», constate Kevin Grangier président de l’UDC vaudoise. Elle n’ouvre plus la voie au Conseil fédéral comme par le passé et le parti vit une période difficile après la défaite électorale de l’automne dernier.
Büchel comme sauveur?
La situation devient préoccupante pour le premier parti du pays qui se prépare à une votation cruciale le 27 septembre sur la libre circulation des personnes.
Ces derniers jours, de nouveaux noms ne cessent de sortir. Tout d’abord celui de l’Argovienne Martina Bircher. En termes d’image, sa candidature serait bénéfique pour l’UDC. Elle serait la première femme à occuper une telle fonction et, à 36 ans, elle incarnerait le renouvellement du parti. Toutefois, elle a très peu d’expérience politique, peu de réseau à Berne et maîtrise très mal le français.
Une candidature beaucoup plus sérieuse se profile, celle du Saint-Gallois Roland Rino Büchel. Le Blick le désigne d’ailleurs comme le favori pour succéder à Albert Rösti. Dans une interview accordée au média zurichois, il confirme avoir eu des contacts avec Caspar Baader, sans en dire davantage. Roland Rino Büchel n’a pas répondu aux sollicitations du Temps mais, selon plusieurs sources, il hésiterait encore pour des raisons de santé.
Membre du Conseil national depuis dix ans, il a été président de la Commission de politique extérieure et est donc respecté à Berne. Des parlementaires qui le côtoient au sein de cette commission soulignent que c’est une personnalité ouverte et un homme de parole, fidèle à la ligne de son parti. Autre avantage, il s’exprime très bien en français.
En fait, et cela peut être un handicap, Roland Rino Büchel plaît surtout aux autres partis et aux membres plus modérés de l’UDC. Le Saint-Gallois, tout comme Alfred Heer ou Andreas Glarner, n’est d’ailleurs pas un ténor de son parti et n’aurait pas le soutien de Christoph Blocher et de l’aile zurichoise.
L’un des scénarios serait qu’il soit un président de transition, avant que l’un des deux grands espoirs du parti, Marcel
Dettling ou Lars Guggisberg, soit prêt à reprendre la direction du parti.
Marcel Dettling, le paysan schwytzois qui rappelle le charismatique Toni Brunner, est un nom qui revient sans arrêt. Kevin Grangier le verrait bien dans une coprésidence avec la Genevoise Céline Amaudruz. Mais la majorité de la commission de sélection est opposée à ce modèle dual.
Du coup, le Vaudois considère que le meilleur candidat serait le conseiller aux Etats bernois Werner Salzmann: «Comme président de l’UDC bernoise, il a l’immense mérite d’avoir redonné à sa section ses lettres de noblesse malgré la scission avec le PBD. Et nous vivons actuellement une situation difficile où son expérience serait très utile.» Là encore, il semble que ce sont des voeux pieux car Werner Salzmann ne serait pas candidat pour des raisons professionnelles.
La fille de Blocher en embuscade
Christoph Blocher est toujours extrêmement influent au sein de l’UDC. Kevin Grangier se demande si la stratégie de l’ancien conseiller fédéral n’est pas d’attendre le dernier moment – le délai de candidature est fixé au 15 août – pour imposer sa fille Magdalena Martullo-Blocher, qui deviendrait alors la sauveuse.
Cette candidature, dont le côté monarchique agace certains UDC, est loin de faire l’unanimité au sein du parti. Les questions sont multiples: aurait-elle assez de temps à consacrer au parti, s’intéressera-t-elle à la Suisse romande, a-t-elle le charisme suffisant pour occuper une telle fonction, parviendra-t-elle à s’émanciper de son père?
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