LA BATAILLE DU 4G
Le mardi 29 mars à zéro heure, Ooredoo, Tunisie-Telecom et Orange ont allumé leurs réseaux mobiles très haut débit pour la téléphonie mobile de quatrième génération (4G), donnant ainsi le top départ à une course effrénée où chacun s’appuie sur ses atouts pour valoriser au mieux sa couverture réseau au niveau national. Avec cette migration technologique, les opérateurs télécoms souhaitent repartir sur de nouvelles bases... et restaurer leurs marges. En effet, la course à la 4G se révèle aujourd’hui être plus une course à l’augmentation du chiffres d’affaires moyen par utilisateur qui s’est effondré ces dernières années qu’une rupture technologique en phase avec les réelles attentes du marché. Pourquoi accélère-t-on la cadence ? Les trois opérateurs ont payé cher, très cher même le spectre hertézien mis aux enchères par l’Etat. Le spectre, c’est le pétrole des réseaux mobiles. A ce moment-là, les trois opérateurs se sont livré bataille rangée pour acheter les meilleurs blocs de fréquences, ceux qui sont les plus larges et ceux qui permettent une meilleure couverture à l’intérieur des bâtiments ou dans les transports publics, car le débit qu’on peut avoir sur un réseau est strictement proportionnel à la largeur de fréquence qu’on met en l’air. C’est pourquoi, dans cette course effrénée, les opérateurs dévoilent un à un leurs offres 4G, souvent complétées par des services divers, tels que l’espace de stockage Cloud, catalogue de films, gaming… Autant de forfaits convergents à même de faire exploser les compteurs du trafic, et donc le revenu par abonné, saint graal des télécoms. Car c’est une certitude : en passant au très haut débit mobile, l’abonné consommera plus, parce que c’est rapide. Plus de vidéos Youtube qui se chargaient péniblement avant de bloquer au beau milieu du visionnage. Très vite, l’utilisateur y prendra goût et deviendra glouton. Faire de nous des goinfres de l’internet mobile. Voilà tout l’enjeu pour les opérateurs. Cependant, quelques points importants semblent ne pas être pris en compte. Et si, aujourd’hui, les Tunisiens n’étaient finalement pas en phase avec ces offres ? Car, pour profiter de la 4G, il est nécessaire de s’équiper d’un téléphone compatible. Or, jusqu’ici, peu de modèles ont été commercialisés à des prix cassés, sauf ceux proposés en pack chez les opérateurs. Sur un autre plan, il est vrai que les Tunisiens s’équipent de plus en plus de smartphones. Il n’empêche, leurs usages aujourd’hui n’ont pas encore été bouleversés. Il faudra attendre encore quelques mois pour avoir une réelle démocratisation de la visualisation de vidéos sur mobile. A ce moment-là, l’utilisation de la 4G prendra tout son sens. En attendant, une fois de plus, les opérateurs ont déplacé l’enjeu du marché non pas sur l’usage, mais sur les prix, leur terrain de prédilection.