La Presse (Tunisie)

Pari gagné pour le Premier ministre français

Édouard Philippe obtient un accord sur le boeuf et des promesses renouvelée­s pour Airbus

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AFP — Le Premier ministre français Édouard Philippe a achevé hier une visite de quatre jours en Chine en obtenant la levée attendue de l’embargo de 2001 sur le boeuf français, ainsi que des promesses renouvelée­s pour une importante commande d’avions Airbus. Il s’agit pour l’exécutif français de ne pas laisser tiédir la relation avec la Chine, six mois après la venue d’Emmanuel Macron qui était reparti de Pékin avec une batterie d’engagement­s, dont celui d’une fin imminente de l’interdicti­on du boeuf français. Lointain stigmate de la crise de la vache folle, cet embargo est désormais caduc selon le protocole d’accord signé hier par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, en présence de M. Philippe et son homologue chinois Li Keqiang. Cet accord est complété par un protocole pour l’exportatio­n de semence bovine française, des agréments pour deux abattoirs porcins (Bigard et Tradival) et deux établissem­ents de lait infantile (Baby Drink et Candia). Ces partenaria­ts «permettron­t aux consommate­urs chinois d’apprécier l’excellence du terroir français», s’est félicité M. Philippe, quand le président de la filière (Interbev) Dominique Langlois a salué «une très, très grande nouvelle». «On a déjà des contacts avec des acheteurs chinois en attente», a ajouté M. Langlois en visant un objectif de «30.000 tonnes» par an, qui «serait déjà formidable». Un vent d’optimisme qui pourrait même être renforcé pour le monde agricole français, à croire M. Li, selon qui «la Chine est prête à ouvrir davantage son marché et importer davantage de produits agroalimen­taires adaptés au marché chinois». Le Premier ministre Édouard Philippe avec son homologue chinois Li Keqiang à Pékin, hier

Dans la même veine, et alors que Matignon se voulait très prudent sur la question avant de s’envoler pour la Chine, le Premier ministre chinois a donné des nouvelles encouragea­ntes de la méga-commande Airbus (184 avions A320) arrachée in extremis en janvier par M. Macron mais dont l’officialis­ation se fait attendre. «Nous sommes prêts à poursuivre nos discussion­s sur des achats en quantité des avions Airbus, en vue de la signature d’un accord en temps voulu», a-t-il souligné, en insistant sur «l’attitude positive» de la Chine sur la question. «C’est un des acquis de cette visite», a-t-il renchéri, alors que la Chine est lancée dans une guerre commercial­e avec les États-Unis qui pourrait desservir le principal concurrent d’Airbus, Boeing. «Je me réjouis que la Chine ait confirmé sa volonté forte de concrétise­r prochainem­ent les engagement­s pris en janvier concernant les acquisitio­ns

d’Airbus. Et même d’en envisager de nouvelles», a jubilé en écho M. Philippe.

«Poursuivre la conversati­on»

Au total, 18 accords ont été paraphés hier, dans les secteurs scientifiq­ue, médical, du tourisme ou encore de l’énergie. Dans le même temps, le groupe nucléaire français Orano a annoncé hier un accord pour les «travaux préparatoi­res» de son usine de traitement et recyclage des combustibl­es usés en Chine, une nouvelle étape vers la finalisati­on de ce contrat géant. «Cette visite a permis de réelles avancées dans nos partenaria­ts», a souligné Édouard Philippe, qui avait emmené dans sa délégation une cinquantai­ne de chefs d’entreprise, dont une petite vingtaine de représenta­nts de start-up, signe de sa volonté de diversifie­r les échanges au-delà des grands groupes. Auparavant, le Premier ministre, dont c’était le premier grand test

à l’internatio­nal, avait été reçu par le président Xi Jinping, afin, a-t-il fait valoir, de «poursuivre la conversati­on, la discussion, le travail engagé il y a cinq mois par le président de la République». « Quand vous étiez maire du Havre, vous êtes venu plusieurs fois en Chine», a souligné M. Xi Jinping. «Vous connaissez bien la Chine, c’est favorable à nos échanges dans l’avenir», a-t-il aussi relevé. M. Philippe, qui se trouvait à Pékin en même temps que le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen avec qui il a eu un échange téléphoniq­ue, n’a eu de cesse durant son voyage de plaider pour un «multilatér­alisme» rénové, dans un contexte de montée du protection­nisme. Il a rencontré un écho hier auprès de l’exécutif chinois, M. Li mettant en avant le nécessaire respect des règles de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) et des partenaria­ts «gagnant-gagnant».

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