La Presse (Tunisie)

De la Tunisie au Japon

Belgique-Japon, terminé à l’arraché en faveur des «Diables Rouges» (3-2), était tellement bien négocié par les «samouraïs» qu’il nous a renvoyés aux jeux vidéo dont les Japonais sont les maîtres incontesté­s.

- Amor BACCAR

La grande Belgique, l’une des équipes les mieux armées pour remporter la Coupe du monde cette fois-ci, a failli laisser des plumes avant-hier face au Japon pour le compte d’un huitième de finale truffé de rebondisse­ments et chargé de suspense jusqu’aux toutes dernières de ses secondes. Ce beau duel qui restera dans les annales du football mondial a sûrement interpelé tous les Tunisiens qui ont pu comparer la prestation du Japon à celle de la Tunisie contre les «Diables Rouges» de Belgique. Plein d’enseigneme­nts et de leçons sont à tirer de ce match. Non pas pour remuer le couteau dans la plaie encore saignante dans le corps de notre football, mais plutôt pour lorgner l’avenir avec un esprit constructi­f et surtout avec beaucoup de réalisme. La pléiade de l’équipe belge, composée essentiell­ement des Hazard, Lukaku, Mertens, De Bruyne, Carrasco et consorts, a buté avanthier sur un bloc défensif japonais des plus hermétique­s durant la première période du match. Ce ne fut guère au détriment d’un jeu offensif nippon basé sur des contres saccadés d’un danger inouï. D’ailleurs, les fruits de ce choix tactique efficace n’ont pas tardé à être cueillis dès l’entame de la seconde période grâce à deux buts magnifique­s marqués par Haragushi (48’) et Inui (52’). Tout le monde croyait dès lors que la Belgique était dans de beaux draps et que ses chances d’accéder au quart de finale étaient sérieuseme­nt compromise­s. C’est que les «Samouraïs» ne s’étaient pas arrêtés là. Croyant avec ferveur en leurs chances de confirmer davantage leur avance, ils ne s’étaient à aucun moment recroquevi­llés en arrière. Au contraire, ils cherchaien­t par tous les moyens à réussir au moins un troisième but synonyme de K.-O. tellement la défense belge était prenable. Mais ce qui était frappant dans le jeu des Japonais, c’était leur impression­nante applicatio­n et leur sens développé sur le plan tactique. Contrairem­ent à la défense tunisienne qui était poreuse devant la Belgique, celle du Japon a montré qu’elle maîtrisait parfaiteme­nt le marquage de zone et celui individuel avec lesquels elle a neutralisé tous les assauts offensifs des Belges. Face à la Belgique, la Tunisie a joué un va-tout des plus simplistes devant l’une des attaques les plus voraces. Chose que les Japonais n’ont jamais faite.

Le Japon trahi par la taille

Seulement, quand on a un entraîneur capable d’analyser et de lire rapidement le cours du jeu et les faiblesses de l’adversaire comme le timonier de la Belgique, l’Espagnol Roberto Martinez, on n’est jamais à court de solutions même dans les situations les plus désespérée­s. En effet, devant le bon positionne­ment des Japonais et leur rapidité dans les duels et dans la constructi­on du jeu de contre-attaques meurtriers, Martinez a quand même vu la faille par laquelle il pouvait assommer les percutants japonais : le jeu aérien. Rapidement, il incorpora Marouane Fellaïni et Nacer Chadli, tout en donnant ses instructio­ns pour mener une bataille aérienne des plus payantes dans laquelle les «petits» Japonais n’avaient aucune chance. Du coup, la Belgique a remis les pendules à l’heure grâce à deux buts de la tête de Vertoughen (69’) et Fellaïni (74’) avant d’arracher son visa pour les quarts de finale avec un but de Chadli (90’+4’). Ce match nous a montré que le niveau mondial nécessite beaucoup de métier de la part des entraîneur­s et des joueurs et surtout un courage à toute épreuve. Quand on voit la déterminat­ion et le désir de bien faire les choses des Japonais, rapidement nous reviennent à l’esprit la déroute et l’hésitation de nos joueurs qui étaient sous l’emprise d’une étonnante «trouille» contre cette même Belgique. Attitude qui ne permet pas d’entrer dans le giron des grandes nations. Le Japon était à deux doigts de parvenir à «guillotine­r» nos bourreaux, n’eût été leur excès de confiance quand même démesuré, surtout sur la fin du match qu’il fallait gérer avec plus de réalisme. Mais leur défaite n’enlève rien à leur jolie prestation et augure un bel avenir pour le pays du Soleil-levant dans le domaine du sport-roi. Qui sait, peut-être qu’un jour les prouesses surréalist­es de «Captain Mejed» deviennent une réalité palpable. Autrement dit, le Japon et la Corée du Sud (tombeuse de l’Allemagne), deux grandes nations «savantes» et développée­s, sont sérieuseme­nt bien parties pour inverser la donne en football dans les années à venir. A ce niveau, comparer la Tunisie au Japon (et à la Corée) même en matière de football relèverait de l’arrogance. C’est que le football est devenu une autre chose qu’un simple jeu. C’est une vraie industrie où les «petites» nations n’auront plus la moindre chance d’exceller.

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Le Japon a, certes, perdu devant la Belgique, mais a sorti un match plus qu’honorable

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