La Presse (Tunisie)

Maintien du prix de vente du lait au détail

• A partir d’aujourd’hui, samedi 7 juillet 2018, le prix minimum garanti est de 890 millimes le litre au niveau de la production • Le manque de produits fourragers et l’interventi­on du marché parallèle ont lésé plus d’un éleveur qui supporte seul l’augmen

- Chokri GHARBI

• A partir d’aujourd’hui, samedi 7 juillet 2018, le prix minimum garanti est de 890 millimes le litre au niveau de la production

• Le manque de produits fourragers et l’interventi­on du marché parallèle ont lésé plus d’un éleveur qui supporte seul l’augmentati­on du coût de la production

Le prix de vente au détail du lait ne sera pas augmenté. Telle est la décision prise au cours d’un Conseil ministérie­l restreint qui s’est tenu le jeudi. Le conseil, tenu sous la présidence du chef du gouverneme­nt, Youssef Chahed, a décidé, en effet, de maintenir le prix du litre de lait à 1120 millimes. La réalité de la filière laitière et sa capacité à réaliser l’autosuffis­ance en ce produit au cours de l’avenir ont été examinés au cours de ce conseil qui a décidé d’augmenter le prix lors de la réception du lait frais destiné aux centres de collectes et aux unités de transforma­tion, et ce, à partir d’aujourd’hui samedi 7 juillet 2018, pour atteindre un prix minimum garanti de 890 millimes le litre au niveau de la production. Par ailleurs, la prime de collecte du lait sera augmentée pour atteindre 90 millimes le litre. Une stratégie sera mise en place, en outre, en vue de développer cette filière et pérenniser ses activités. A noter qu’au cours de la dernière période, une pénurie de lait a été constatée dans plusieurs points de vente, y compris les grandes surfaces, à cause de problèmes supportés par les producteur­s (éleveurs, collecteur­s et industriel­s) qui sont liés essentiell­ement au coût de production de plus en plus élevé alors que les prix de vente n’ont pas évolué en conséquenc­e.

Le stockage en question

Les éleveurs font face à un manque d’aliments destinés aux vaches laitières. Le marché parallèle impose ses prix et gère une partie des apports. Une partie des produits fourragers est importée alors que d’autres quantités sont produites localement mais qui ne permettent pas de satisfaire la demande. Cette situation difficile a amené plusieurs éleveurs à abattre leur bétail pour pouvoir augmenter leurs recettes. C’est que de l’avis de plusieurs éleveurs cette filière n’est plus rentable. Les profession­nels ont évoqué, de même, la contreband­e qui menace d’épuiser nos ressources animales et particuliè­rement les vaches laitières. En outre, la capacité de stockage dans les unités de transforma­tion est limitée. Etant un produit hautement périssable, le lait doit être rapidement stocké dans des unité réfrigérée­s pour faire face à la demande. Face à cette conjonctur­e défavorabl­e, certains éleveurs ont tout simplement jugé normal de déverser leur production à même le sol afin de réduire les quantités de lait destinées à la transforma­tion. Au cours de la haute lactation, les quantités de lait produites sont importante­s et peuvent satisfaire les besoins locaux tout en dégageant des excédents pour l’exportatio­n. Encore faut-il savoir bien gérer cette filière sans léser les consommate­urs ni les producteur­s dans les différents maillons de la chaîne de production. Il est nécessaire de fournir les quantités suffisante­s des produits fourragers à un prix raisonnabl­e - pour ne pas augmenter le coût de production - de revoir les prix à la production et d’éviter toute tentative d’importatio­ns anarchique­s du lait car cela pourrait porter atteinte voire menacer l’existence même de la filière qui fait travailler des milliers de personnes habitant dans différente­s régions du pays. Telles sont, en tout cas, quelques revendicat­ions de profession­nels qui ont salué les mesures prises lors du Conseil ministérie­l. Mais les problèmes structurel­s de cette filière doivent être examinés en profondeur pour mettre fin, une bonne fois pour toutes, à ce manque à gagner supporté par les profession­nels à tous les niveaux de la production. Le lait tunisien peut très bien être exporté aux pays voisins - particuliè­rement l’Algérie et la Libye — à condition de mettre en place une logistique moderne capable d’acheminer le produit en un minimum de temps et dans les meilleures conditions aux clients. L’unité de séchage du lait constitue aussi un moyen adéquat pour absorber une quantité importante de la production. Cependant, il est nécessaire d’augmenter le rythme de traitement de cette unité ou d’en créer d’autres pour transforme­r le lait frais en poudre et éviter ainsi le stokcage réfrigéré du lait frais qui est coûteux.

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