Le Manager

L’INNOVATION CE SÉSAME EN MAL DE STRATÉGIE

Suffit-il de mettre en place des outils et des instrument­s de soutien à l’innovation et le tour est joué ? C’est bien là une question rhétorique! The Next Society, projet financé par l’union Européenne, rassemble des acteurs engagés pour l’innovation et l

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essaye d’attirer les banques commercial­es en leur proposant une garantie, Bpifrance finance des entreprise­s pour mieux bancariser l’entreprise, et par le truchement de subvention­s et qu’il y ait d’autres financeurs que le de prêts; Bpifrance Investisse­ment public”. Les aides financent les études opère à travers des fonds directs ou de faisabilit­é en amont, les besoins de des fonds de fonds. Troisième volet: développem­ent, les mesures fiscales, l’assistance et assurance à l’export. les aides publiques, sous forme de subA noter que les Tunisiens peuvent en ventions ou d’avances remboursab­les, bénéficier à travers le fonds franco-tuet de prêts à taux 0. Pour le financemen­t nisien ou franco-africain. Pour Sylvie en aval du projet innovant, il existe des Cogneau, Responsabl­e conseil internaprê­ts à taux réduit avec deux garantiona­l à Bpifrance, le financemen­t de ties : nationale et européenne; à travers l’innovation doit intervenir à chaque Innovfin, du Fonds Européen de l’ininstant du développem­ent de l’entrenovat­ion. Accessible dans le cadre du prise. Elle témoigne: “À Bpifrance, on Programme H2020, il garantit la prise essaye de catalyser toutes les énergies de risque dans le prêt octroyé et permet et Orientatio­n les outils qui de l‘offre sont proposés de financemen­t par les de l‘innovation ainsi à l’etat selon de l‘avancement faire des économies du Projet à différents acteurs de l’écosystème.on travers des taux réduits.

industriel­le et d’innovation, financé par la BAD. L’ensemble des acteurs présents sont d’accord sur un point: les entreprise­s ont besoin de coaching et de mentoring, elles manquent sérieuseme­nt d’accompagne­ment et d’appui à l’entreprene­uriat innovant. Par ailleurs, les 28 pépinières peuplant l’écosystème sont à transforme­r en incubateur­s, au plus près des régions. Autres failles à combler: instaurer les fonds de pré-amorçage et développer un système national de recherche et d’innovation pour connecter les deux. Il faut faire du B to R en recentrant les mécanismes par rapport à l’entreprise.

La startup : l’enfant délaissée S’appuyant sur le Global Innovation Index qui fait ressortir le décalage entre les indicateur­s d’outputs et ceux d’inputs; pour Kaïs Mejri, le bilan reste obscur: manque d’efficience du système national d’innovation, absence de structures de pilotage qui harmonisen­t l’interventi­on des acteurs de l’innovation. Les politiques restent sectoriell­es, non connectées, travaillen­t en silo, donnant lieu à des chevauchem­ents et pertes d’argent. Quant aux réformes juridiques, il y a lieu de mettre en place un cadre juridique pour favoriser l’achat innovant auprès des PME. Les marchés publics sont un levier pour dynamiser les PME, à l’instar de la France qui s’est fixé comme objectif de ramener à 2% la commande publique orientée vers les PME en 2020. Le système de propriété intellectu­elle, lui, se base sur une loi vieille de 17 ans ! Qui de surcroît est plus adaptée aux grandes nations, avec un tissu dense de Recherche et Développem­ent. Finalement, en Tunisie, il faut être très “calé” pour déposer un brevet ! Le petit brevet ou le modèle d’utilité, qui permet de protéger l’idée d’une startup, ce n’est pas demain la veille. La vallée de la mort, ce désert californie­n que bien des entreprise­s connaissen­t n’est toujours pas considéré dans les programmes d’appui à l’innovation. Les startup n’ont pas les moyens de financer les brevets d’invention, d’autant plus que les centres de recherche exigent de faire partie du brevet. Rien que pour entamer la négociatio­n, ils demandent un contrat pour fixer les termes. Autre point négligé par nos politiques : il y a lieu de réglemente­r les nouveaux métiers, tels chercheurs de brevet, évaluateur­s de brevet et conseiller­s en propriété intellectu­elle. Kaïs Mejri renchérit: “Il y a lieu de changer d’approche: renforcer les capacités de management de l’innovation, adopter une approche multisecto­rielle, pluridisci­plinaire, et cyclique, développer des modèles de PPP et adopter les nouvelles tendances de l’innovation sociale, collaborat­ive, et inclusive”.

Il faudra bien commencer quelque part ! Pour Emmanuel Noutary, Délégué Général ANIMA Investment Network, la Tunisie a fait quelques poussées, avec l’émergence d’incubateur­s, d’espaces de networking, de structures d’accompagne­ment. Mais les obstacles persistent. Faible culture entreprene­uriale, attrait pour le public au détriment de l’initiative privée, cadre réglementa­ire et administra­tif archaïque. L’accompagne­ment des jeunes startup doit encore être intégré dans la chaîne de valeur entreprene­uriale pour les accompagne­r de bout en bout : de la conceptual­isation jusqu’à la réussite sur marché, et l’accès au financemen­t est loin de couvrir les besoins. Le réseau ANIMA, porteur du projet The Next Society, est une plateforme de dialogue public/privé. Un écosystème dynamique, porté par le public et surtout par de jeunes acteurs ouverts sur le monde qui sont désireux de replacer la Tunisie sur la carte des pays qui comptent en matière d’innovation. The Next Society a été lancé en mai 2017. C’est une démarche à long terme, une initiative structuran­te pour faire bouger les lignes, guidée par la philosophi­e que la région méditerran­éenne peut inventer le futur du monde. Car il y a des entre-

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