Un accord et un camouflet pour le 1er vrai test de Chahed
Affaire de Petrofac à Kerkennah
Comme attendu, le ministre des Affaires sociales a annoncé, hier, qu'un accord a fini par être signé avec les protestataires qui bloquent la production de la société Petrofac à Kerkennah. En effet, il a fallu des tractations et des réunions marathoniennes menées, essentiellement, par quatre membres du gouvernement avec les représentants des contestataires avant qu'un accord ne soit arraché à la « 90ème minute », comme on dit dans le jargon sportif. L'accord stipule, notamment, que le pouvoir a donné son feu vert pour la régularisation de la situation des 266 diplômés chômeurs, et ce sur une durée de 3 ans, avec pour commencer un taux de 30%. Le même accord porte sur la création d'une société de développement évoluant dans plusieurs secteurs, qui sera financée par deux sociétés de pétrole et de gaz à hauteur de 2,5 millions dinars pour la création de projets de développement dans la région, et l'amélioration de la situation sécuritaire.
Comme attendu, le ministre des Affaires sociales a annoncé, hier, qu’un accord a fini par être signé avec les protestataires qui bloquent la production de la société Petrofac à Kerkennah.
En effet, il a fallu des tractations et des réunions marathoniennes menées, essentiellement, par quatre membres du gouvernement avec les représentants des contestataires avant qu’un accord ne soit arraché à la « 90ème minute », comme on dit dans le jargon sportif. L’accord stipule, notamment, que le pouvoir a donné son feu vert pour la régularisation de la situation des 266 diplômés chômeurs, et ce sur une durée de 3 ans, avec pour commencer un taux de 30%. Le même accord porte sur la création d’une société de développement évoluant dans plusieurs secteurs, qui sera financée par deux sociétés de pétrole et de gaz à hauteur de 2,5 millions dinars pour la création de projets de développement dans la région, et l’amélioration de la situation sécuritaire. Le gouvernement s’est d’autre part engagé à abandonner les poursuites contre les personnes impliquées dans les émeutes d’avril, pour améliorer le climat social dans l’île. Des mesures seront également prises au profit du secteur de la pêche qui représente une activité vitale à Kerkennah. C’est donc, Mohamed Trabelsi et Iyad Dahmani qui ont représenté le gouvernement dans les pourparlers et la signature, avant de se déplacer dans un geste symbolique à l’usine de Petrofac. Tout ceci, bien entendu, dans l’attente que le gouvernement tunisien parvienne à convaincre son partenaire anglais à ne pas quitter la Tunisie et à rouvrir son usine à Kerkennah
Il est bon d’ouvrir une parenthèse, ici, pour signaler que le déplacement du chef du gouvernement, Youssef Chahed, à Kerkennah dans la journée d’hier pour parapher l’accord et en récolter, ainsi probablement, les dividendes, a été longuement évoquée, mais il en a été finalement dissuadé pour manque, voire absence de sécurité dans l’île.
S’il s’était déplacé dans l’île, cela aurait été le comble de voir le patron du Palais de La Kasbah faire un périlleux déplacement rien que pour se montrer en cette cérémonie, alors qu’il aurait été dégradant pour un chef de gouvernement de parapher un accord avec un vis-à-vis dont les contours sont flous et méconnus.
Pire encore, ce vis-à-vis comprendrait, dans ses rangs, un bon nombre de représentants de Hizb altahrir dont l’existence est remise en cause puisqu’il se trouve en procès de dissolution devant les tribunaux civils et militaire.
Pour revenir à l’accord proprement dit et aux péripéties qui l’on entouré, il est impératif de souligner plusieurs remarques qui s’imposent. Même si certains diront que « tout est bien qui finit bien » et que la fin justifie les moyens, on est en droit de mettre en relief, tout d’abord, que cet accord est synonyme de camouflet pour l’équipe de Youssef Chahed qui avait clamé, dans la déclaration générale le jour du vote de confiance à l’assemblée des représentants du peuple, que les temps des sit-in et des entraves au travail et à la production sont révolus.
En effet, au premier vrai test quant à l’assise de l’autorité de l’etat, le gouvernement d’union nationale a, lamentablement, échoué. Pire encore, la communication a été mal assurée voire carrément éludée quant la vraie identité des « négociants » chez les contestataires.
En effet, tous les ministres, parties prenantes dans les pourparlers, ont refusé de reconnaître l’existence de représentants de Hizb al-tahrir. Pourtant, en cette ère d’ouverture de l’information, tout le monde a vu les « militants » de ce parti sillonner, en maîtres absolus, les artères des Îles dans des voitures en cortège imposant de véhicules, exactement à la manière des groupes de Daêch en Syrie, en Irak et en Libye.
L’étonnement est grand, aussi, de la part des plateaux télévisés qui, tout en discutant en long et en large de la crise de Petrofac, n’ont à aucun moment montré ces scènes de triomphalisme frisant l’hystérie de la part de ces « Daêchiens » haut-parleurs à la main, en train de débiter leur discours moyenâgeux.
Et en l’absence de forces de l’ordre, il semble que de nombreux partisans de ce parti se sont déplacés dans les Îles de Kerkennah pour prêter main forte à leurs « compagnons ».
Pourtant, ce parti, qui a eu son visa, sous l’ère de la Troïka, prône le Califat et la Chariâ, et ne reconnaît ni l’etat, ni la démocratie ni la Constitution.
Bref, tout en son discours et en ses thèses implique qu’il doit être dissous et qu’il n’ pas de place dans notre société et dans le paysage politique et partisan. Où est la transparence ? Où est la communication promise quant à la tenue d’un discours franc à destination du peuple tunisien ? Comment un Etat qui se veut démocratique et défenseur des droits et des institutions peut se permettre de se conduire de la sorte et accepter une abdication aussi humiliante ? On nous brandira, bien sûr, les arguments de l’intérêt économique national. On en veut bien, mais cela crée un précédent fâcheux dans le sens où demain, par exemple, quelques centaines de personnes pourront en faire de même et tenir toute une région en otage jusqu’à l’obtention de leurs revendications aussi insensées soientelles !
Car les revendications de sit-inneurs de Kerkennah étaient, non seulement insensées, mais et de l’avis général des experts sociaux, sécuritaires et économiques, aberrantes.
On comprend, certes, que l’etat ait été déchiré entre deux feux, mais encore faut-il, dans le souci du sacrosaint principe de la transparence et de l’obligation de fournir l’information exacte, que le gouvernement dise toute la vérité, rien que la vérité sur ce qui s’est passé à Kerkennah.
En tout état de cause, cette affaire de Petrofac, et abstraction faite du dénouement qu’elle va avoir, a mis à nu les limites d’une équipe gouvernementale novice et inexpérimentée Et cela à tous les niveaux de la pyramide, à commencer par son chef Youssef Chahed jusqu’au dernier de ses ministres. Et dire que M. Chahed trouve « l’audace » d’aller parader dans les méandres de Nidaa et d’accepter d’être proposé au poste de président du Comité politique ! Et malgré tous les conseils qu’il a eus, y compris de la part de dirigeants d’ennahdha, quant à la nécessité de rester à l’écart des tiraillements et du « bourbier » de Nidaa Tounès, le chef du gouvernement trouve le moyen de faire persister le flou en disant que l’action gouvernementale reste sa priorité, alors qu’il aurait dû parler avec franchise et transparence pour dire, oui ou non, s’il va prendre la tête de ce parti.
Pourtant, l’histoire retiendra que M. Chahed a été placé à la tête du gouvernement, non pas parce qu’il est le plus compétent dans toute la Tunisie, mais parce qu’il y a eu un président de la République qui a tenu à placer un homme, qui lui est entièrement dévoué, à l’autre Palais de La Kasbah…
Noureddine HLAOUI