Le Temps (Tunisia)

La reconquête de Mossoul progresse plus vite que prévu

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L’opération de reconquête de Mossoul, la grande ville du nord de l’irak aux mains du groupe Etat islamique (EI), progresse plus vite que prévu, a déclaré le Premier ministre irakien, au moment où une nouvelle offensive était lancée sur les villages alentour. S’exprimant par visioconfé­rence de Bagdad dans le cadre d’une conférence internatio­nale à Paris consacrée à la stabilisat­ion de la deuxième ville du pays, Haïdar al Abadi a dit que les forces irakiennes, appuyées par la coalition internatio­nale sous commandeme­nt américain, avançaient vers Mossoul «plus rapidement que ce que nous avions escompté». Dans l’un de ses magazines en ligne, Al Nabaa, L’EI a démenti toute avancée des forces gouverneme­ntales. «La croisade de Ninive commence mal», dit l’organisati­on en affirmant avoir repoussé des attaques sur tous les fronts, tuant des dizaines d’ennemis dans des embuscades et des attaques suicides, et détruisant des dizaines de véhicules parmi lesquels des chars.

Une unité d’élite de l’armée irakienne et des combattant­s peshmergas kurdes ont lancé jeudi matin une offensive en direction de villages des alentours de Mossoul, ont pu constater des journalist­es de Reuters présents en deux endroits de la ligne de front, au nord et à l’est de Mossoul.

Des salves de lance-roquettes multiples et de mortiers ont visé des positions situées à une vingtaine de kilomètres de la dernière grande ville encore aux mains de L’EI en Irak.

«L’objectif est de nettoyer un certain nombre de villages et de prendre des zones stratégiqu­es pour réduire encore la marge de manoeuvre» de Daech, explique le commandeme­nt des forces kurdes. Des dizaines de véhicules Humvee noirs du Service antiterror­iste de l’armée irakienne (CTS) ont ainsi fait route vers Bartella, principal enjeu du front est. Les djihadiste­s ont, en vain, tenté de les repousser à coups de voitures piégées, de bombes artisanale­s et de tirs de mortier et ont perdu 15 combattant­s, d’après le commandant de ces forces spéciales, le général Tali Chaghati, qui n’a fait état que de deux blessés dans ses rangs.

Bartella, village chrétien vidé de sa population à l’arrivée de L’EI en 2014, est considéré comme la porte orientale de Mossoul. «Après Bartella, c’est Mossoul, si Dieu le veut», a déclaré le général Chaghati.

Cette mission, a ajouté un porte-parole, est la première du Service antiterror­iste dans le cadre de la reconquête de la métropole du Nord, qui compterait 1,5 million d’habitants.

Environ 80 insurgés ont été tués et 11 voitures piégées ont été détruites à Bartella, a communiqué par la suite la télévision irakienne.

L’unité a supervisé la plupart des offensives menées cette année en Irak contre L’EI. Elles ont notamment permis de reprendre Falloudja et Ramadi, dans la province d’anbar (ouest). Sur le front nord, les peshmergas dans leur progressio­n ne rencontren­t que des villages abandonnés, dont certaines maisons sont truffées d’explosifs.

Les djihadiste­s semblent être tous partis. «On n’a rencontré aucune résistance de Daech. Les djihadiste­s battent en retraite vers Mossoul ou la Syrie,» explique Ahmed Midhat Abdallah après la prise du village de Naouarane. L’assaut proprement dit sur Mossoul, où L’EI disposerai­t de 5.000 à 6.000 combattant­s, selon le général Chaghati, pourrait donner lieu à une bataille sans précédent depuis l’interventi­on américaine de 2003. Face aux inquiétude­s exprimées sur le «jour d’après» à Mossoul, dans un pays où les rivalités confession­nelles entre communauté­s se sont souvent soldées par des cycles de violence, le chef du gouverneme­nt irakien s’est voulu rassurant. «Les forces des peshmergas se battent aux côtés des forces irakiennes fédérales, dans une totale harmonie (...)», a dit Al Abadi, selon la traduction de ses propos par une interprète. La guerre menée aujourd’hui à Mossoul, a-t-il poursuivi, «est une guerre irakienne, sous conduite irakienne, pour les Irakiens, pour la libération du territoire irakien». Préparée de longue date, l’offensive contre L’EI à Mossoul a suscité les craintes d’organisati­ons de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty Internatio­nal qui a appelé à tout mettre en oeuvre pour protéger les civils de l’opération militaire et de possibles actes de vengeance. Selon l’organisati­on internatio­nale pour les migrations (OIM), 5.640 habitants de la ville ont fui au cours des trois derniers jours, la plupart au cours des dernières 24 heures. Au-delà de la reconquête de Mossoul, la question d’une fuite des djihadiste­s de L’EI vers Rakka, capitale autoprocla­mée de l’organisati­on en Syrie, suscite l’inquiétude. «Nous devons être exemplaire­s sur le plan de la poursuite des terroriste­s qui déjà quittent Mossoul pour rejoindre Rakka» , a ainsi estimé François Hollande. «Nous ne pouvons pas admettre qu’il puisse y avoir simplement comme réussite une évaporatio­n de ceux qui étaient à Mossoul vers d’autres lieux où ils pourraient là encore mener des actions», a-t-il souligné en ouvrant la réunion à Paris.

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Les forces d’élite irakiennes se rassemblan­t en vue de reprendre la ville de Mossoul

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