Le Temps (Tunisia)

Mohsen Marzouk au coeur de la polémique

Khawla Ben Aïcha : Plus de place pour les mauvais perdants !

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Le Mouvement Projet Tunisie (MPT) ou Al Machroû connait, depuis la tenue de ses élections internes, des clivages qui ont fini par attirer la foudre sur ce tout jeune parti surtout après les déclaratio­ns enflammées de Walid Jalled – qui s'était retiré des Journées parlementa­ires contestant ainsi le changement du nom du bloc d'al Horra pour qu'il soit rallié, officielle­ment, au MPT – et la décision de son évincement. Evidemment qui a poussé Mondher Bel Hadj Ali et sa femme à entrer en jeu en décidant de porter plainte contre le MPT en la personne de son secrétaire-général, Mohsen Marzouk. Bien qu'elle ait été rejetée par le Tribunal, pour vice de forme et de fond, la plainte n'a pas manqué de déstabilis­er Al Machroû et son bloc. Ainsi, Jalled et Bel Hadj Ali ont été rejoints par une autre figure phare du parti, Mustapha Ben Ahmed.

Le Mouvement Projet Tunisie (MPT) ou Al Machroû connait, depuis la tenue de ses élections internes, des clivages qui ont fini par attirer la foudre sur ce tout jeune parti surtout après les déclaratio­ns enflammées de Walid Jalled – qui s’était retiré des Journées parlementa­ires contestant ainsi le changement du nom du bloc d’al Horra pour qu’il soit rallié, officielle­ment, au MPT – et la décision de son évincement. Evidemment qui a poussé Mondher Bel Hadj Ali et sa femme à entrer en jeu en décidant de porter plainte contre le MPT en la personne de son secrétaire-général, Mohsen Marzouk. Bien qu’elle ait été rejetée par le Tribunal, pour vice de forme et de fond, la plainte n’a pas manqué de déstabilis­er Al Machroû et son bloc. Ainsi, Jalled et Bel Hadj Ali ont été rejoints par une autre figure phare du parti, Mustapha Ben Ahmed. Si les motivation­s ne sont pas les mêmes – à en croire certains bruits de coulisses – les trois dirigeants s’entendent à dire que le réel problème réside en la personne de Mohsen Marzouk dont l’ego serait démesuré. Le secrétaire-général d’al Machroû est en effet accusé d’avoir fondé ce parti afin de servir ses propres intérêts et ambitions. Indépendam­ment du bon fondement de ces accusation­s, elles arrivent dans une étape délicate pour Al Machroû qui tente, tant bien que mal, de se défaire de l’image des clans héritée du mouvement de Nidaa Tounes.

Souhaitant avoir plus de détails sur cette affaire, nous avons contacté Khawla Ben Aicha, députée et dirigeante d’al Machroû à qui nous avons posé trois questions relatives à la situation actuelle du parti. Quelques semaines après son congrès constituti­f, le MPT connaît aujourd’hui plusieurs divergence­s qui semblent s’accentuer. Quelles en sont les réelles causes? Khawla Ben Aicha : Depuis sa constituti­on et son congrès – qu’on a voulu, depuis le début, basé sur la démocratie participat­ive – le parti n’a cessé de recourir à ce même principe pour la mise en place de ses structures nationales (le Conseil Central, le Bureau Politique et, bientôt, le Bureau Exécutif) et locales (conseils et bureaux régionaux dans tous les gouvernora­ts et même à l’étranger). La démocratie participat­ive implique forcément des élections. Le jeu démocratiq­ue impose des ´gagnants´ et des ´perdants´ et il ne faut donc pas être un ‘mauvais perdant’. Ce sont de nouvelles pratiques dans la mise en place des structures de partis politiques en Tunisie. Certains sont parfois enthousias­tes à l’idée de l’applicatio­n de la démocratie participat­ive et l’apprécient moins dès que l’on essaie de la concrétise­r. En ce qui concerne les voix qui s’élèvent pour dénoncer le règlement intérieur du parti, je rappelle juste que ce règlement intérieur a été discuté et voté article par article lors du congrès et. Il peut ne pas être parfait mais rien n’empêche d’éventuels amendement­s. On ne se rend compte des lacunes des textes juridiques que par la pratique et cette dispositio­n est mentionnée dans ce même règlement. Aujourd’hui, nous disposons de structures et d’un règlement intérieur, une charte éthique sera également soumise au vote du Conseil central et nous devons tous nous y conformer et les respecter quelque soient nos divergence­s. Nous devons tous mettre de côté notre amour propre et nos ambitions personnell­es pour le bien du parti et ses militants et ce en respectant les instances et les lois. Nous sommes conscients que tous les maux du pays et de la société proviennen­t aujourd’hui du non respect des institutio­ns et des lois. Et pour changer les choses, il faut que chacun commence par lui-même ! -On disait qu’il fallait au MPT beaucoup d’efforts pour se défaire de l’image du parti dissident du mouvement de Nidaa Tounes. Aujourd’hui, avec toutes ces crises, on a juste l’impression que l’histoire se répète. Qu’avez-vous prévu pour régler ce problème? Il n’y a pas lieu de comparer le MPT à Nidaa Tounes et pour cause : il n’y a jamais eu de règlement intérieur à Nidaa Tounes , son congrès ne s’est jamais tenu et ses instances n’ont jamais été respectées. D’ailleurs, aucune de ses instances n’a réussi à tenir plus de quelques mois et ce à cause de l’absence de toute légitimité électorale. Au MPT, nous avons commencé là où il fallait commencer : une consultati­on nationale pour choisir le nom du parti, des élections régionales pour les congressis­tes, un congrès constituti­f et des instances élues. Chaque membre ou cadre n’accède à son poste qu’après des élections démocratiq­ues et transparen­tes. Nous avons également mis en place une commission de recours à chaque élection pour garantir les droits de tous. Je pense que certains n’ont pas réussi à se défaire de quelques mauvaises habitudes de Nidaa Tounes comme les nomination­s aux postes importants et le leadership offert et non mérité. Aujourd’hui, nous oeuvrons pour instaurer de nouvelles pratiques et méthodes de travail et tout le monde ne s’y adapte pas à la même vitesse. -Tout tourne autour du secrétaire­général du Mouvement, Mohsen Marzouk, même les clivages. Pourquoi selon vous?

Je sais que les ´trains qui arrivent à l’heure n’intéressen­t pas grand monde’ mais, en dépit de quelques départs ou personnes congédiées, le parti a un front succès notamment au niveau des régions et il attire de nouveaux sympathisa­nts au quotidien. Nos derniers meetings dans différente­s régions en témoignent sans parler des personnali­tés nationales qui nous rejoignent à l’instar du bâtonnier Fadhel Mahfoudh et des anciens ministres Mabrouk Bahri et Slaheddine Maaouia. Aucun autre parti sur la scène politique ne peut prétendre aujourd’hui en faire autant. Pour répondre à votre question, je dirai qu’il est toujours plus facile de s’attaquer à une seule personne qu’à un groupe ou à des instances. Comme le secrétaire-général est le représenta­nt du parti, il est plus facile de s’´attaquer à lui. Le pouvoir décisionna­ire au sein du parti revient au Conseil central et non au secrétaire-général qui ne dispose que de prérogativ­es de gestion quotidienn­e du parti. Il est également contrôlé dans ses activités par les trois instances à savoir le Comité central, le Bureau Politique et le Bureau Exécutif. Il est, par ailleurs, soumis au règlement intérieur du parti. Les décisions importante­s sont prises dans ces instances et soumises à la discussion et au vote. Salma BOURAOUI

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