Flots d'images déferlant sur le monde
‘’Pluies d’été’’, un recueil de poésie de Noureddine Bettaeib
Nouvelle parution
‘’Pluies d’été’’, un recueil de poésie de Noureddine Bettaeib composé en langue arabe, traduit par Hédi Khelil en français, et publié par la maison d’édition Association Mahmoud Messadi Pour la Création, Bibliomed Tazarka, avec le soutien de l’ambassade de France en Tunisie. Récemment, le poète a consacré, à Grenoble, des séances de lecture et de signature de sa nouvelle oeuvre.
La poésie adoucit le chagrin parce qu’elle le poétise. Elle lui prête son aura, ses différentes matérialisations métaphoriques, ses qualités esthétiques. Cette tristesse se change en douce mélancolie. On l’apprécie dans un poème ou dans une musique, on la savoure parce qu’elle caresse notre sensibilité. C’est ainsi que le poète Noureddine Bettaieb, par le biais de sa plume et sous le joug de sa Muse, prête une certaine beauté à ses insatisfactions, ses errances, ses émois frustrés... Il les traduit en ciselant de fines images, des métaphores cadencées, de jolis agencements versifiés.
Le recueil s’intitule « Pluies d’été ». Un titre attirant et significatif recélant de multiples interprétations. Le poète a employé l’oxymore, une figure poétique qui permet de mettre en relief les antipodes : « pluie » un qualificatif hivernal, et « été » une saison fortement marquée par les canicules. Cette jonction entre deux contraires, détermine l’état d’âme du poète qui est imprégné de tristesse même dans ses moments les plus jubilatoires. En effet, le poète demeure toujours insatisfait, rebelle, révolté...
Il est évident que les pluies d’été apportent convalescence aux âmes malades et assoiffées, imbibent les paysages arides, détrône le soleil cuisant. Elles sont précieuses, rares et non abondantes, elles nous marquent quand elles tombent car elles gardent des saveurs spéciales. Le poète traduit ces idées dans pas mal de texte. Mais, le poème portant le titre même de l’oeuvre, exprime l’idée des réminiscences d’un passé arrosé de bons souvenirs irrécupérables: « (...) Je n’ai pas entendu le chant bédouin des amoureux Depuis des années Ni dansé dans les cercles envoûtés Depuis des années Ni rafraîchi mes cheveux Avec les pluies d’été » Les émois du poète, ses déchirures, sa solitude, Le recueil ne se limite pas aux chants de l’âme. Le lyrisme est accompagné de quelques hommages adressés aux proches et amis du poète, à l’instar de Khaled Najjar, Hassouna Mosbahi, Abdallah Malek Gasmi, le grand-père du poète.
Le poète épouse un style d’écriture léger et souple. Le dit s’affiche dans un écrit fluide évitant la pesanteur des mots, les oppressions des règles de la versification. « Pluie... Qui lave l’asphalte des avenues Les devantures des cafés Les guérites des stations Les bérets des soldats Pluie... » Des vers libres naissent doucement de la plume du poète pour rendre esthète le quotidien monotone, le monde, la vie...