L'union européenne ne peut ignorer les dangers à ses frontières
Centrales nucléaires
Trente ans après la catastrophe de Tchernobyl, alors que de nombreux états de l'union européenne, comme l’allemagne, s'efforcent d'abandonner l'énergie nucléaire, une nouvelle centrale chez son voisin bélarusse, ainsi que la centrale nucléaire archaïque Metsamor en Arménie constituent un immense danger pour la sécurité européenne.
L'usine d'énergie nucléaire biélorusse (BELNPP) en cours de construction près de Astravets par le géant russe Rosatom, soulève les préoccupations de plusieurs États membres de L'UE tels que la Lituanie, dont la capitale est située à seulement 50 km. En août dernier, la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a qualifié la future centrale nucléaire bélarusse d’une menace "existentielle" à la sécurité européenne. Des problèmes de sécurité ont en effet été mis à jour lors d’une explosion sur le site de construction de la centrale d’astravets, causant la mort d'un entrepreneur russe au mois d’août. Auparavant, une enveloppe de réacteur de 330 de tonnes était tombée de plusieurs mètres, alertant le public sur les accidents fréquents sur le site de construction. Suite à la catastrophe de Fukushima en 2011, l'allemagne a déclaré qu'elle allait cesser la production d'énergie nucléaire. Neuf usines ont été fermées depuis lors, et les huit restantes devraient être mises hors service d’ici la fin de l’année 2022. La France, quant à elle, multiplie les contrôles de sécurité sur ses centrales nucléaires et cinq réacteurs y seront bientôt arrêtés pour effectuer des tests.
Les élections locales qui ont lieu ce mois-ci au Japon illustrent que la leçon a été tirée du désastre nucléaire de 2011, avec l'élection d'un gouverneur anti-nucléaire à Niigata qui a promis d’annuler le redémarrage de la centrale de Kashiwazaki-kariwa. Seulement deux des 42 réacteurs du pays sont en marche plus de 5 ans après la catastrophe de Fukushima. Cependant, contrairement aux Japonais, la Biélorussie semble avoir oublié l'explosion de Tchernobyl, dont la Biélorussie a subi près de 70% des dommages. L'explosion de la centrale nucléaire dans le nord de l'ukraine en 1986, a conduit à la contamination de plus de deux millions de personnes, dont près d'un quart étaient des enfants, et à l'évacuation de 2.000 villages. Sans compter les milliers qui ont contracté des cancers de la thyroïde suivant l'une des plus grandes catastrophes de l'histoire.
Une autre telle catastrophe pourrait se reproduire dans le voisinage européen. La centrale arménienne de Metsamor, construite dans les années 70 avec une ancienne technologie soviétique semblable à celle de Tchernobyl, pose des risques élevés car elle est située dans une zone sismiquement active. En outre, l’absence d’un système de refroidissement ou d’un mécanisme de confinement pourraient facilement permettre des fuites de radiations nucléaires en cas d'accident. Des anomalies sur l'inspection du combustible de la centrale nucléaire de Metsamor ont également été signalées. Pour couronner le tout, les autorités arméniennes ont récemment évoqué leur possession d'une "arme nucléaire" et il y a des rapports alarmants sur la contrebande de matières nucléaires et des déchets. Le problème est exacerbé par le stockage par l'arménie des déchets nucléaires de la station de Metsamor dans environ 29 sites de déchets radioactifs dans les territoires occupés du Haut-karabakh et de ses sept régions environnantes. "La plus dangereuse centrale nucléaire du monde", selon le "National Geographic" a été fermée à la suite d'un tremblement de terre en 1988 mais sa relance pendant la guerre du Haut-karabakh en 1995 a causé beaucoup d'inquiétudes et a été jugée comme sans précédent. Décrivant Metsamor comme "le plus vieux et le moins fiable" des réacteurs, L'UE a appelé à la "fermeture plus tôt possible" de la centrale nucléaire à plusieurs reprises, proposant 200 millions d’euros pour financer son démantèlement. En outre, le rapport de progrès de 2012 pour l'arménie dans le cadre du Programme PEV a souligné que l'installation "ne peut pas être mise à niveau pour répondre aux standards internationaux de sécurité nucléaire". De même, lors de la 60e conférence générale de l'agence internationale de l'énergie atomique fin septembre à Vienne, le ministre turc de l'énergie et des ressources naturelles, Berat Albayrak, a déclaré "le monde ne peut pas risquer une autre catastrophe comme Tchernobyl" et a appelé à la fermeture de Metsamor, qui est situé à 16 km de la frontière turque. Néanmoins, ces appels ont été ignorés par l'arménie, dont dépend Metsamor pour 40% de son approvisionnement en électricité. Bien que la centrale a terminé sa durée de vie en 2010, il a été annoncé par l'arménie l'année dernière que l'exploitation de l'usine serait prolongée jusqu'en 2026 et encore une fois confiée au groupe nucléaire public russe Rosatom pour sa mise à niveau. L'UE ne peut ignorer ces dangers à ses frontières et doit cesser de jouer la politique de l'autruche. Prendre des précautions au sein de l’union tout en fermant les yeux sur ces développements critiques dans notre voisinage n'a pas de sens. Comme ce fut le cas avec le démantèlement des installations nucléaires en Slovaquie et en Bulgarie avant leur adhésion, L'UE doit prévoir les mesures nécessaires afin d’interrompre la construction de BELNPP et stopper la bombe à retardement du nom de Metsamor.