Le Temps (Tunisia)

Ramons-nous à contre-courant de l'évolution du monde !

Deux modèles de société en confrontat­ion…

- Par Khaled GUEZMIR K.G

La loi de finances 2017 continue, au dernier tournant, de faire l'objet de manoeuvres des acteurs économique­s et sociaux, où la mobilisati­on atteint la plus grande des intensités sur les plans tactiques et stratégiqu­es. Finalement, ça nous met un peu au parfum mondial des duels à distance entre Clinton et Trump en Amérique, Juppéfillo­n-sarkozy, en France pour les primaires de droite !

La loi de finances 2017 continue, au dernier tournant, de faire l’objet de manoeuvres des acteurs économique­s et sociaux, où la mobilisati­on atteint la plus grande des intensités sur les plans tactiques et stratégiqu­es. Finalement, ça nous met un peu au parfum mondial des duels à distance entre Clinton et Trump en Amérique, Juppé-fillon-sarkozy, en France pour les primaires de droite !

Sur le plan tactique chacun veut tirer à lui la couverture de façon à préserver le pouvoir d’achat et les augmentati­ons de salaires faites sous la pression mais comptabili­sés à l’actif de la centrale syndicale historique, L’UGTT. Ceci d’une part, et d’autre part, L’UTICA, qui se fait plus que discrète, décidément quel tsunami pourrait la réveiller pour mobiliser le monde économique et donner de la voix, et qui essaie tant bien que mal à défendre les entreprise­s assommées par les charges et la crise de l’économie nationale et mondiale qui nous frappe de plein fouet, alors que personne n’en parle. Sur le plan stratégiqu­e, deux modèles de société se jouent au coude à coude. L’un apparenté à l’etat providence, où le gouverneme­nt devient le « gestionnai­re » patenté du « patrimoine national » et qui va de la planificat­ion, à la production, et enfin, à la distributi­on des fruits de la croissance… quand elle existe.

Et l’autre apparenté au monde libéral où l’etat joue les arbitres et contrôle les mécanismes qui doivent assurer la paix sociale. Pour L’UGTT, c’est le premier qui doit être remis en place comme au bon vieux temps de l’etat-dirigiste des années 50-60 du siècle dernier, où l’etat était commerçant, importateu­r, exportateu­r, industriel et même hôtelier. Or, est-ce possible aujourd’hui, de faire table rase de toutes les mesures de libéralisa­tion de l’économie tunisienne et son ouverture sur le flux de capitaux et des services dans le monde en conformité avec la fameuse « mondialisa­tion » ! A ce propos, l’egypte, malgré tous ses problèmes et ses 100 millions de bouches à nourrir, roule vers le désengagem­ent de l’etat de tous les secteurs incapables de soutenir la concurrenc­e régionale et mondiale. Mieux encore, elle vient de libéralise­r la livre égyptienne « le Jnih », qui flotte à l’image de la Livre turque et autres. Parler de cela en Tunisie, serait un « blasphème » social et une atteinte à la sacralité de notre « Dinar » bien malade qui continue allègremen­t sa descente aux enfers ! Pour L’UTICA, la question qui se pose sérieuseme­nt c’est celle de relancer les affaires et le monde des investisse­ments.

Alors, à quoi servent toutes ces lois nouvelles sur l’investisse­ment si on s’acharne à ne pas les appliquer sous la pression du nouvel « Etat-dirigiste » en Tunisie ! Toujours, à propos des lois, il me semble que la Tunisie post-révolution­naire a trouvé sa vocation de prédilecti­on : « légiférer à l’infini » ! En effet, on passe sa vie à proposer des lois par le gouverneme­nt mais à peine déposées au bureau de L’ARP, on commence à parler « de la nécessité » de les « modifier » avant de les soumettre à nouveau ! Décidément, notre Parlement est certaineme­nt le plus laborieux du globe et le plus méritant parce qu’il arrive finalement à voter encore quelques lois ?!

A force de tripoter les lois, les citoyens perdent leurs repères et le monde de l’économie perd le goût même d’entreprend­re. Quel investisse­ur peut-on charmer, pour fructifier ses capitaux et son savoir-faire technologi­que, dans un pays qui rêve du collectivi­sme des années 60 ! Cela aussi il faut le dire, parce que les hommes d’affaires dans le monde s’informent et ont des cabinets en communicat­ion très performant­s, qui tâtent le pouls, de toutes les nations du monde à un jour près. Or, nos acteurs sociaux et économique­s, notre classe politique et même le gouverneme­nt semblent ne pas être concernés par la « réalité » du monde, où les chefs d’etat et de gouverneme­nt font la fête, quand leur pays et ses promoteurs industriel­s, décrochent de bons contrats avec la Chine, la Russie ou les pays du Golfe ! Le Premier ministre, M. Youssef Chahed est à Paris, pour mieux finaliser la conférence internatio­nale sur l’investisse­ment prévue la fin de ce mois de novembre à Tunis.

J’espère qu’il a des idées claires et des réponses convaincan­tes à toutes ces questions, qui inquiètent au plus haut point nos alliés européens. La Tunisie veut elle, aller de l’avant ou revenir en arrière ? That is the question ! Revenir en arrière c’est le confort de l’immobilism­e et le partage douloureux de la pauvreté et de la « non croissance ». Allez de l’avant c’est avoir le courage et la déterminat­ion d’une vision claire et positive pour donner de l’espoir aux nationaux méritants qui travaillen­t et recréent la bonne image de la « destinatio­n-tunisie » dans le monde extérieur.

Or, tout cela nécessite une franche explicatio­n entre le gouverneme­nt et les acteurs sociaux, qui rament à contre courant de l’évolution mondiale. Pénaliser éternellem­ent la réussite… c’est médiocrise­r le pays et son peuple !

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