Le Temps (Tunisia)

Renforceme­nt de la cybersécur­ité

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L’assemblée nationale populaire chinoise a adopté, lundi 7 novembre, une nouvelle loi de cybersécur­ité, qui n’a pas pris en compte les préoccupat­ions exprimées depuis plus d’un an tant par les milieux d’affaires étrangers que par les organisati­ons de défense des droits de l’homme.

Cette loi impose de nouvelles restrictio­ns sur les transferts de données, la localisati­on en Chine des données personnell­es des clients chinois pour les opérateurs d’infrastruc­tures ainsi que la vérificati­on systématiq­ue de l’identité des usagers. «Le manque général de transparen­ce lors de l'année écoulée autour de ce document législatif significat­if et de grande portée a généré beaucoup d'incertitud­e et d'effets négatifs sur le climat des affaires [en Chine] », a déclaré dans un communiqué la Chambre de commerce européenne en Chine. Celle-ci se dit « préoccupée que la nouvelle loi restreigne l'investisse­ment étranger et les entreprise­s qui sont présentes en Chine ». Pékin a qualifié ces critiques de « préjugés ». Dans le domaine de la liberté d’expression, la nouvelle loi interdit aux usagers d’internet la publicatio­n de contenus portant atteinte à « l'honneur national », susceptibl­es de « perturber l'ordre économique ou social » ou destinés à « renverser le système socialiste », c’est-à-dire le Parti communiste chinois. Ces notions sont volontaire­ment vagues, souligne Patrick Poon, chercheur pour Amnesty Internatio­nal à Hongkong, et permettron­t de piéger encore plus facilement les critiques du régime. De nombreux avocats ont par exemple été mis en examen ces derniers mois pour subversion ou incitation à la subversion de l’etat. «Or, le gouverneme­nt chinois a été critiqué pour recourir à ces accusation­s, notamment le fameux article 105 de la loi pénale, souvent à partir d'éléments très fragiles et peu convaincan­ts, poursuit M. Poon. On a sorti à nombre d'entre eux des pages de conversati­on privée sur les messagerie­s électroniq­ues. La nouvelle loi, avec ces stipulatio­ns sur la sécurité nationale et l'honneur national, fournira des munitions pour monter une accusation bien plus solide. Jusqu'alors, les limites à l'expression sur l'internet étaient régies par des règles formulées par l'administra­tion d'internet. Cette fois-ci, c'est une véritable législatio­n.»

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