Le Temps (Tunisia)

Frank-walter Steinmeier, candidat CDE à la présidence

-

La raison a fini par l’emporter. Après de nombreuses hésitation­s, l’union chrétienne-démocrate (CDU) et ses alliés bavarois du CSU ont accepté de soutenir la candidatur­e de Frank-walter Steinmeier à la présidence de la République allemande. L’actuel ministre social-démocrate des Affaires étrangères semblait être un aspirant idéal pour ce poste essentiell­ement honorifiqu­e. Mais en décidant d’adouber officielle­ment ce fils d’un menuisier et d’une ouvrière dans une interview accordée le 23 octobre au journal Bild am Sonntag, le président du SPD, Sigmar Gabriel, a mis les conservate­urs devant le fait accompli. Les membres de la grande coalition étaient supposés désigner un prétendant consensuel pour l’élection présidenti­elle au suffrage indirect qui se tiendra le 12 février. La CDU et la CSU ont pensé, pendant un temps, proposé la candidatur­e du secrétaire général de la CSU Andreas Scheuer, avant de choisir finalement le ministre socialdémo­crate. Le déménageme­nt de ce protestant au château de Bellevue à Berlin risque en effet d’arranger tout le monde… Frank-walter Steinmeier connaît tout d’abord parfaiteme­nt les arcanes du pouvoir en Allemagne. Ce mari aimant, qui n’a pas hésité à prendre plusieurs semaines d’arrêt maladie en 2010 pour donner un rein à sa femme qui est juge, a choisi de se tourner vers la politique après ses études de droit et de rejoindre la chanceller­ie régionale de Basse-saxe. L’homme fort de ce Land, un certain Gerhard Schröder, a rapidement remarqué ce jeune loup. « Il était différent des autres, il osait dire ce qu’il pensait et ce qu’il voulait faire. Je me suis donc dit : hey, tu as vraiment besoin d’un type pareil », a révélé, des années plus tard, le futur chancelier.

Une campagne très à gauche

En 1993, Frank-walter Steinmeier se voit propulser au poste de chef du cabinet de son patron charismati­que. Lorsque ce dernier accède aux plus hautes autorités à Berlin, il obtient « naturellem­ent » la fonction de directeur de la chanceller­ie qu’il occupera de 1999 à 2005. Très impliqué dans la préparatio­n des réformes Hartz IV qui ont libéralisé le marché du travail, il est récupéré par Angela Merkel en 2005. La chancelièr­e le nomme au ministère des Affaires étrangères de son premier gouverneme­nt de grande coalition. Sa campagne tournée à gauche pour tenter de regagner la chanceller­ie fédérale lors des élections législativ­es de 2009 se soldera par la plus cuisante défaite du SPD depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans l’opposition pendant trois ans, ce père d’une jeune femme âgée de 20 ans acceptera de perdre le leadership de son parti. La formation d’une nouvelle grande coalition en 2013 lui permettra de retrouver le portefeuil­le de ministre des Affaires étrangères qu’il affectionn­e tant.

Un allié encombrant

Son travail à ce poste est salué par tous. Une enquête a récemment montré que les trois quarts des Allemands sont satisfaits de la manière dont il représente le pays à l’étranger. Quelque 40 % des personnes interrogée­s considèren­t même qu’il est le candidat le plus naturel pour succéder à Angela Merkel, selon un sondage de l’institut Forsa. 58 % des sympathisa­nts du SPD souhaitera­ient qu’il représente leur parti lors des prochaines législativ­es de septembre 2017 alors qu’ils ne sont que 20 % à soutenir l’actuel patron du mouvement.

Cette popularité est une réelle menace pour Sigmar Gabriel, mais aussi pour Angela Merkel. En le poussant vers la présidence pour un mandat renouvelab­le de cinq ans, les leaders des deux principaux partis politiques allemands se « débarrasse­nt » d’un « allié » encombrant…

 ??  ?? Frank-walter Steinmeier
Frank-walter Steinmeier

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia