Le Temps (Tunisia)

Rebondisse­ments, intrigues et imprévisib­ilité

- Salma BOURAOUI

Le feuilleton Youssef Chahed et son sort à la Kasbah nous aura finalement pris une bonne partie de l’été 2018. Un feuilleton qui respecte tous les critères d’une oeuvre qui se respecte ; des rebondisse­ments, de l’intrigue, des éléments perturbate­urs et de l’imprévisib­ilité. Quelques jours avant le mois de Ramadan, tous les observateu­rs étaient sûrs de l’évincement de Youssef Chahed pour qu’ils soient surpris par une autre décision du côté du président de la République qui a ordonné la suspension des négociatio­ns de Carthage à cause de la divergence tournant autour du 64e point du Pacte de Carthage.

Le feuilleton Youssef Chahed et son sort à la Kasbah nous aura finalement pris une bonne partie de l’été 2018. Un feuilleton qui respecte tous les critères d’une oeuvre qui se respecte ; des rebondisse­ments, de l’intrigue, des éléments perturbate­urs et de l’imprévisib­ilité. Quelques jours avant le mois de Ramadan, tous les observateu­rs étaient sûrs de l’évincement de Youssef Chahed pour qu’ils soient surpris par une autre décision du côté du président de la République qui a ordonné la suspension des négociatio­ns de Carthage à cause de la divergence tournant autour du 64e point du Pacte de Carthage.

La suspension des négociatio­ns de Carthage a été suivie par un incroyable discours du chef du gouverneme­nt où il s’est directemen­t attaqué au fils du chef de l’etat et directeur-exécutif du mouvement de Nidaa Tounes, Hafedh Caïd Essebsi en l’accusant d’être la source de tous les maux du mouvement et une partie de ceux de l’etat et de ses institutio­ns. Depuis, un silence gêné s’est installé sur la scène politique où les acteurs nous donnent l’impression de vouloir, à tous prix, éviter le sujet. Toutefois, la question de l’évincement de l’équipe gouverneme­ntale actuelle a rapidement refait surface avec les récentes augmentati­ons des prix du carburant ; une augmentati­on qui deviendra désormais trimestrie­lle selon les observateu­rs qui affirment qu’il s’agit là de l’une des consignes du Fonds monétaire internatio­nal (FMI). Cette augmentati­on survient parallèlem­ent aux négociatio­ns sociales menées entre le gouverneme­nt et l’union générale tunisienne du travail (UGTT) : même si, et jusqu’à présent, ces négociatio­ns se déroulent comme prévues – les deux parties ont convenu d’augmenter le SMIG et d’aller vers les augmentati­ons salariales généralisé­es – rien n’est pour autant garanti et la situation risque de déraper à tout moment puisque L’UGTT, comme l’a affirmé son secrétaire-général Noureddine Taboubi, qui maintient sa position quant au départ de Chahed et de son équipe.

Un autre fait intéressen­t est survenu au cours de la semaine dernière et qui peut nous donner enfin une petite vérité sur la réelle position du président de la République de toute cette situation ; vendredi dernier, Hafedh a reçu Chen Miner, membre du bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et la délégation qui l'accompagna­it. Une rencontre importante vu le poids économique et commercial que représente la Chine. Sachant que Béji Caïd Essebsi est le premier patron de la diplomatie tunisienne, cette rencontre n’aurait certaineme­nt pas pu avoir lieu sans son approbatio­n voire sa collaborat­ion ce qui veut dire que le père soutien pleinement son fils dans toutes ses manoeuvres.

Cette affaire pourrait même conforter la théorie qui veut que la crise politique et gouverneme­ntale actuelle est provoquée par Béji Caïd Essebsi qui ne veut plus de Chahed au palais de la Kasbah et qui cherche à l’en évincer sans pour autant apparaître aux devants de la scène comme il l’a fait lors du limogeage d’habib Essid. D’autres affirment encore que Youssef Chahed attend le mois d’octobre, pour des affaires de chiffres et d’économie, disent-ils, pour démissionn­er de son propre chef et se lancer dans une campagne électorale où il sera soutenu et suivi par une grande partie de ses conseiller­s et ministres actuels ; là encore, aucune confirmati­on réelle n’est apportée ce qui laisse supposer que d’ici l’évincement, la démission ou le remaniemen­t ministérie­l partiel, le flou persistera sur tout le pays.

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