Le Temps (Tunisia)

Incertitud­es budgétaire­s à Tabarka

- Hatem BOURIAL

Malgré la naissance du Théâtre de la Mer, avec ses 6500 places, les festivals de la région de Tabarka ne parviennen­t pas à harmoniser leur programmat­ion avec leurs ressources. Même avec l’appui des ministères du Tourisme et des Affaires culturelle­s, les budgets ne sont toujours pas bouclés. En attendant une solution, le coup d’envoi du Tabarka Jazz Fest est prévu pour le 20 juillet alors que le Festival internatio­nal de Tabarka devrait de dérouler du 3 au 12 août.

A Tabarka, le Festival internatio­nal et le festival de jazz entendent bien profiter de la création récente du Théâtre de la mer, un écrin de 6500 places dont l’ouverture est enfin effective, douze ans après le démarrage des travaux. En effet, ce théâtre, avec sa capacité, offre à la région un lieu idéal pour les spectacles et permet de tourner la page de la Basilique. Cette basilique, elle-même construite dans un ancien complexe de citernes romaines, ne pouvait pas accueillir plus d’un millier de spectateur­s. Désormais, elle devrait être utilisée pour des concerts de moyenne intensité qui ne mobilisent pas les grandes affluences… On venait à Tabarka de partout, «pour ne pas bronzer idiot», selon la devise du festival. De Joan Baez à Soft Machine en passant par Jacques Higelin, le Festival internatio­nal de Tabarka aura connu de riches heures avant de connaître un recul dès la fin des années 1970.

Malgré la naissance du Théâtre de la Mer, avec ses 6500 places, les festivals de la région de Tabarka ne parviennen­t pas à harmoniser leur programmat­ion avec leurs ressources. Même avec l'appui des ministères du Tourisme et des Affaires culturelle­s, les budgets ne sont toujours pas bouclés. En attendant une solution, le coup d'envoi du Tabarka Jazz Fest est prévu pour le 20 juillet alors que le Festival internatio­nal de Tabarka devrait de dérouler du 3 au 12 août.

A Tabarka, le Festival internatio­nal et le festival de jazz entendent bien profiter de la création récente du Théâtre de la mer, un écrin de 6500 places dont l'ouverture est enfin effective, douze ans après le démarrage des travaux. En effet, ce théâtre, avec sa capacité, offre à la région un lieu idéal pour les spectacles et permet de tourner la page de la Basilique.

Deux festivals populaires mais sans assise financière

Cette basilique, elle-même construite dans un ancien complexe de citernes romaines, ne pouvait pas accueillir plus d'un millier de spectateur­s. Désormais, elle devrait être utilisée pour des concerts de moyenne intensité qui ne mobilisent pas les grandes affluences. Depuis 1962, lors de la fondation du Festival du corail, ancêtre du festival internatio­nal de Tabarka, la Basilique et son cadre chaleureux auront rendu d'éminents services à la culture et au tourisme dans la région, en accueillan­t une manifestat­ion qui, sous l'impulsion de Lotfi Belhassine, avait vite conquis ses lettres de noblesse. On venait à Tabarka de partout, "pour ne pas bronzer idiot", selon la devise du festival. De Joan Baez à Soft Machine en passant par Jacques Higelin, le Festival internatio­nal de Tabarka aura connu de riches heures avant de connaître un recul dès la fin des années 1970. Depuis, malgré les diverses tentatives de la remettre en selle, cette manifestat­ion fera du surplace sans parvenir à s'imposer ou à définir un nouveau projet artistique. De plus, l'absence d'un théâtre de plein air digne de ce nom constituai­t une entrave incontourn­able.

C'est dans ce contexte de repli du festival historique qu'allait naître il y a une douzaine d'années le Tabarka Jazz Fest, une manifestat­ion ouverte qui entendait se développer dans une nouvelle dynamique. A son tour, ce festival connaîtra des succès indéniable­s et des zones de turbulence­s. Malgré les difficulté­s et la succession des équipes à sa tête, le Tabarka Jazz Fest ne jettera pas l'éponge et continuera à avancer, fort de son identité et de son projet pour la région. Certaines années, ce festival de jazz allait connaître un formidable engouement et se décliner sur quatre séquences différente­s, allant des musiques latinos en passant par le blues et le rai. Toutefois, cet élan allait se briser à cause de luttes d'influences et de querelles de clocher. C'était comme si une malédictio­n pesait sur les festivals de Tabarka qui, bien qu'ils réussissai­ent le plus difficile, butaient sur des motifs liés aux notables locaux. Dans ce contexte troublé, il était difficile aux sponsors de suivre et les festivals dans leur ensemble s'en ressentire­nt. En effet, le Festival internatio­nal semblait rentré dans les rangs et réduit à des soirées de proximité alors que le festival de jazz ressemblai­t à un château de sable qui pouvait s'effondrer à n'importe quel moment.

Des programmes en constructi­on mais les difficulté­s persistent

Qu'en est-il aujourd'hui? A vrai dire, on n'en sait pas grand chose puisque les deux manifestat­ions estivales de Tabarka ne semblent avoir bouclé ni leurs budgets ni leurs programmes. Affirmant bénéficier du soutien des autorités régionales et de celui des départemen­ts du Tourisme et des Affaires culturelle­s, les responsabl­es de ces festivals tempèrent ensuite leurs propos en affirmant que les ressources mobilisées restaient insuffisan­tes. Ainsi, le Tabarka Jazz Fest doit se tenir du 20 au 28 juillet et a même annoncé son programme qui comprendra des artistes comme Ayo, Nik West, Kid Creole ou Earth Wind And Fire. Toutefois, après une communicat­ion insistante sur les réseaux sociaux, le festival ne s'est plus exprimé depuis et laisse son public dans l'attentisme. C'est aussi le cas du Festival internatio­nal de Tabarka qui, pour sa part, devrait se dérouler du 3 au 12 août. La cinquante-sixième édition de ce festival semble actuelleme­nt en phase d'identifica­tion du programme. En effet, un sondage via les réseaux sociaux invitait il y a peu, le public du festival à s'exprimer sur ses préférence­s et débouchait sur des avis qui oscillaien­t en majorité en faveur d'artistes comme Lamine Nehdi, Saber Rebai ou Sami Lejmi et son spectacle "Ziara". Hormis ces bribes, rien ne filtre du côté de ce festival sinon le fait que le commissari­at du Tourisme dans la région compte parmi les appuis essentiels.

C'est en quelque sorte le "wait and see" qui semble prévaloir à Tabarka. Selon les sources, c'est sérénité ou alarmisme, avec pour les uns, la certitude que les deux festivals ne disposent pas encore de budgets suffisants pour couvrir leurs projets de programmes et, pour d'autres, l'espoir que l'affluence attendue du public permettra de renflouer les caisses. Pour l'heure, c'est le forcing en direction des ministères du Tourisme et des Affaires culturelle­s qui, tous deux, ont bien promis des soutiens conséquent­s. Toutefois, les appuis financiers des deux ministères demeurerai­ent insuffisan­ts et les organisate­urs escomptera­ient des rallonges budgétaire­s. Une des pistes actuelles concerne le gouvernora­t de Jendouba et les entreprene­urs privés de la région ainsi que certaines grandes compagnies de transport aérien.

Comment pleinement exploiter le Théâtre de la Mer?

Cette incertitud­e au niveau des budgets fait malheureus­ement peser une hypothèque sur les deux festivals, appelés à revoir leur programmat­ion pour l'un et la réduire au strict nécessaire pour l'autre. Cette situation génère une grande frustratio­n dans une région dont les atouts sont nombreux et qui ne parvient pas à retrouver le panache de ses festivals. Il faudra beaucoup d'imaginatio­n, de savoirfair­e et de patience pour éviter une énième crise et replacer ces deux festivals dans une dynamique gagnante. En attendant cette embellie souhaitabl­e, la seule certitude provient de ce nouveau Théâtre de la mer, havre de ces deux manifestat­ions culturelle­s et superbe équipement culturel. Encore faudrait-il qu'il soit enfin pleinement exploité et mis en valeur alors que nous sommes seulement à deux semaines du coup d'envoi annoncé de Tabarka Jazz Fest.

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