Le Temps (Tunisia)

Assainir par le haut

- Par Faouzi SNOUSSI

C’est une véritable rigolade qui s’installe dans le pays, avec la banalisati­on des faits graves, tout en donnant des dimensions démesurées à des actes qui semblent minimes, alors que le ver est dans le fruit, depuis l’aube de la Révolution. Les écarts de conduite et les manoeuvres dilatoire se multiplien­t, au vu et au su du commun des mortels qui, après avoir perdu confiance en ses politicien­s, commence à en faire de même envers cette justice qui ferme les yeux sur des faits des plus graves. Nonobstant le fait l’importance des méfaits, ce qui est grave, c’est les interféren­ces et les tentatives d’influencer la justice, en donnant en pâture à l’opinion publique des personnage­s et des personnali­tés qu’on a mis sur la sellette à coup de rumeurs sur des pages Facebook –payées pour cet ignoble forfait- juste pour détourner l’attention sur des infraction­s et des dépassemen­ts plus graves.

Le pire est que, comme par hasard, des « dossiers » sont ouvert, à chaque crise politique et dès lors on assiste à des marchandag­es et, même, à des chantages, pour faire pencher la balance. Et, comme par hasard, aussi, tout est oublié, dès que la question est réglée, d’une manière ou d’une autre.

A ce propos, on assiste à des scénarii ignobles et indignes, avec une justice asservie, avilie et traînée dans la boue, parce que certaines parties la manipulent à leur guise. Entretemps, on parle de l’indépendan­ce du pouvoir judiciaire et de la magistratu­re, mais on oublie que cela n’implique pas l’indépendan­ce du juge, sauf dans le domaine de l’applicatio­n de la loi.

Les « affaires » qui courent, actuelleme­nt, montrent l’ampleur des dégâts, surtout si on prend en considérat­ion les révélation­s de l’instance nationale pour la lutte contre la corruption (INLUCC) qui a indiqué, par la bouche de son président, que des ministres, anciens et actuels, qui sont impliqués dans des affaires de conflit d’intérêt et, le plus indigne, c’est que ce qu’ils manigancen­t est en connaissan­ce de cause. Il y a, aussi, la question de l’immunité qu’elle soit parlementa­ire ou autre, alors qu’il est du droit du ministère public de la lever, afin que les malfaiteur­s de tous acabits paient leurs forfaits. Malheureus­ement, et jusqu’à nouvel ordre, certains domaines demeurent intouchabl­es, par la volonté de certains décideurs politiques. Mais, pour assainir et prouver la volonté de le faire, il faut commencer par le haut, parce que c’est là où réside le mal de la Tunisie.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia