Ecartèlement
Comment se réjouir sans trop se réjouir tout en se réjouissant un peu ? C’est l’équation qui sera ce mercredi sur la table du Conseil des ministres de rentrée. Une reprise tout en paradoxes pour Emmanuel Macron, empêché par ce satané virus de se satisfaire trop haut et fort des bonnes nouvelles qui s’enchaînent sur le front économique. Un bon sondage, comme le dernier du JDD dans lequel le chef de l’Etat gagne trois points de satisfaction entre juillet et août ? Impossible de le faire mousser sans risquer le ridicule tant que cette chape d’inquiétude continue de peser sur le pays, Covid oblige. Un duo incarne à merveille cet écartèlement : quand le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, se démène pour assurer le service après-vente médiatique de la croissance, de la reprise de la consommation et du recul du chômage, Olivier Véran, son collègue de la Santé, vient rappeler à tout le monde qu’il faut continuer «à faire gaffe» si l’on veut éviter la surchauffe dans les hôpitaux.
Car si quelques signaux sont encourageants, la situation sanitaire reste incertaine. Pour résumer : la rentrée scolaire va-telle ruiner les bénéfices engrangés par la campagne vaccinale estivale ? Cet exercice d’équilibrisme entre la promotion des bons résultats du «quoi qu’il en coûte» et l’état de veille permanente sur le front de l’épidémie est d’autant plus nécessaire que l’exécutif reste sous la menace du mouvement antipass et antivax. Très minoritaire, il a été suffisamment remuant au coeur de l’été pour que ses promoteurs rêvent d’une relance de la mobilisation cet automne… Suffisamment éclectique aussi pour que s’y greffent d’autres colères. Emmanuel Macron aborde indéniablement sa dernière rentrée avant 2022 avec plus d’atouts dans sa manche que d’épines dans le pied. Mais le Covid continue de l’empêcher de marcher à son rythme. •