Libération

Ecartèleme­nt

- Par Paul Quinio

Comment se réjouir sans trop se réjouir tout en se réjouissan­t un peu ? C’est l’équation qui sera ce mercredi sur la table du Conseil des ministres de rentrée. Une reprise tout en paradoxes pour Emmanuel Macron, empêché par ce satané virus de se satisfaire trop haut et fort des bonnes nouvelles qui s’enchaînent sur le front économique. Un bon sondage, comme le dernier du JDD dans lequel le chef de l’Etat gagne trois points de satisfacti­on entre juillet et août ? Impossible de le faire mousser sans risquer le ridicule tant que cette chape d’inquiétude continue de peser sur le pays, Covid oblige. Un duo incarne à merveille cet écartèleme­nt : quand le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, se démène pour assurer le service après-vente médiatique de la croissance, de la reprise de la consommati­on et du recul du chômage, Olivier Véran, son collègue de la Santé, vient rappeler à tout le monde qu’il faut continuer «à faire gaffe» si l’on veut éviter la surchauffe dans les hôpitaux.

Car si quelques signaux sont encouragea­nts, la situation sanitaire reste incertaine. Pour résumer : la rentrée scolaire va-telle ruiner les bénéfices engrangés par la campagne vaccinale estivale ? Cet exercice d’équilibris­me entre la promotion des bons résultats du «quoi qu’il en coûte» et l’état de veille permanente sur le front de l’épidémie est d’autant plus nécessaire que l’exécutif reste sous la menace du mouvement antipass et antivax. Très minoritair­e, il a été suffisamme­nt remuant au coeur de l’été pour que ses promoteurs rêvent d’une relance de la mobilisati­on cet automne… Suffisamme­nt éclectique aussi pour que s’y greffent d’autres colères. Emmanuel Macron aborde indéniable­ment sa dernière rentrée avant 2022 avec plus d’atouts dans sa manche que d’épines dans le pied. Mais le Covid continue de l’empêcher de marcher à son rythme. •

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