«Don’t Breathe 2», pas un souffle
Navet sans aucune inspiration, ce deuxième volet tente de refourguer la même recette que le premier thriller du même nom, en vain.
Plaisante série B, le thriller grand-guignolesque Don’t Breathe reposait sur un retournement. Entrés par effraction pour mettre la main sur un supposé magot, trois cambrioleurs amateurs se retrouvaient piégés dans un pavillon transformé en terrier obscur par son occupant, un papi aveugle mais ex-Navy Seal souffrant d’un problème de gestion de la colère.
Toute la dynamique du film consistait à renverser les positions, à placer les agresseurs en position de proies, victimes d’un tel déferlement de violence qu’on ne pouvait que compatir. Portée par une jolie idée (l’idée de faire se fondre environnement et cécité), cette chasse à l’homme dans l’espace clos d’une maison poubelle dans la périphérie d’un Detroit vidé de ses habitants par les crises de subprimes et où personne ne vous entendra crier, le film de l’Uruguayen Fede Alvarez, protégé de Sam Raimi (à la production et dont il avait signé un remake de Evil Dead), avait fait un petit carton lors de sa sortie en salles en 2016.
Coscénariste du premier, Rodo Sayagues se charge aujourd’hui de réaliser une suite condamnée a priori à deux positions minées l’une comme l’autre : répéter la formule du premier ou opérer un nouveau renversement en croisant les doigts pour que moins plus moins fasse plus. C’est la seconde solution qui est privilégiée, de la plus bête des manières : en ressuscitant l’atrabilaire grand-père pour humaniser le monstre en lui faisant subir les persécutions de très méchants voleurs d’organes. Afin de ne laisser aucune place au doute, le papi est flanqué d’une fillette surentraînée aux plus belles techniques du survivalisme kaki. Force est de reconnaître une certaine constance à Don’t Breathe 2, tant il s’évertue à rater tout ce qu’il entreprend. Affligé de la galerie d’assaillants la plus nulle qu’on ait vu depuis des lustres (motard musclé, pseudo-punk platine, pervers à mèche décolorée), miné par les oeillades lourdingues sur le premier épisode, le film n’a rien d’autre à offrir qu’une surenchère de violence. Pénible spectacle pour macho man (les rares femmes qu’on y croise prennent très cher), tout juste égayé par un twist tellement raté qu’il permet de pouffer à mi-film avant de subir sa déferlante finale, arrachée à la dépouille rassise d’un téléfilm d’horreur des années 90.
Don’t Breathe 2 de Rodolfo Sayagues avec Stephen Lang, Madelyn Grace, Brendan Sexton III… 1 h 39.