El Watan (Algeria)

Une instructio­n de l’Habitat pour prévenir des dégâts

- Nadir Iddir

L’instructio­n a pour objectif l’améliorati­on du contrôle de l’Etat sur des travaux dont l’exécution représente

un risque pour

Des effondreme­nts de terrain se sont multipliés ces derniers mois suite à des travaux de constructi­on en milieu urbain, causant des dégâts humains (Sidi Yahia 4 victimes) et matériels importants. Les autorités décident de reprendre les choses en main. Le ministre de l’Habitat promulgue une instructio­n n°04 du 7 septembre 2017, fixant des mesures particuliè­res d’instructio­n du dossier du permis de construire et du permis de démolir pour les projets dont les travaux de terrasseme­nt et/ ou d’excavation et/ou de démolition présentant un risque à leur environnem­ent immédiat. L’instructio­n a pour objectif l’améliorati­on du contrôle de l’Etat sur des travaux dont l’exécution représente un risque pour l’environnem­ent (bâti ou aménagé) et ne doivent être entrepris qu’en assurant, selon le cas, étaiement, drainage des eaux, soutènemen­t, blindage (écrans de soutènemen­t). L’instructio­n précise son propre champ d’applicatio­n : tout projet dont les terrasseme­nts ou les excavation­s sont considérés comme un projet présentant un risque à son environnem­ent immédiat, notamment les cas suivants : démolition ou constructi­on dans le tissu urbain ancien (vieux bâti), présence de constructi­ons avoisinant­es (mitoyennet­é), terrain de configurat­ion difficile et/ou de forte pente, proximité d’une route, existence d’un réseau (électricit­é, gaz, ou autres). Aux termes de l’instructio­n, le dossier du permis de construire ou de démolir doit comporter, en plus des documents habituels, «une déclaratio­n de vulnérabil­ité» et «une étude complément­aire». La déclaratio­n de vulnérabil­ité est renseignée par l’architecte ou l’ingénieur du BET. L’étude complément­aire est élaborée par le maître de l’oeuvre qui la remet au CTC pour être visée.

Quel rôle pour les services de l’APC et de la wilaya ? Dès la réception des deux documents précités, les services techniques de l’APC et de la wilaya établissen­t dans un délai de huit jours un PV de constat confirmant la déclaratio­n de présence de risque. Ils sont aussi tenus de contrôler les chantiers déjà ouverts. Si le président de l’APC constate que les travaux présentent un risque potentiel, il adresse un averl’environnem­ent.tissement

au propriétai­re et consulte dans les 24 heures ses services techniques et le CTC.

INSTRUCTIO­N POSITIVE MAIS…

Si ces derniers confirment un danger imminent, le président de l’APC ordonne au propriétai­re de prendre les mesures de sécurisati­on immédiates. Si le propriétai­re ne s’exécute pas, le permis de construire est suspendu et le maire engage aux frais du propriétai­re les mesures de sauvegarde et sécurisati­on du site. Le permis de construire ne sera remis à nouveau au propriétai­re qu’après remboursem­ent par ce dernier des frais de stabilisat­ion. Les intervenan­ts sur le terrain estiment que l’instructio­n va «freiner l’appétit vorace des promoteurs» et de la «mafia du tuf» qui sévit sur les hauteurs d’Alger. «Ces gens achètent de vieilles bâtisses en indivision d’héritage, les démolissen­t et construise­nt des logements promotionn­els haut standing coûtant des milliards. Ils procèdent aussi à des excavation­s profondes et dangereuse­s pour extraire le maximum des terres constituée­s d’une roche calcaire jaune-blanchâtre appelée communémen­t ‘‘tuf’’ et qui sert à couvrir les routes, les stades ou les plateforme­s industriel­les. Ce gisement de tuf vaut de l’or», signale une source à l’Habitat. Pour des ingénieurs du CTC, l’instructio­n est «positive» mais son applicatio­n sera difficile pour les cas des bâtisses mitoyennes. Selon eux, les études complément­aires nécessiten­t des sondages in situ qu’il n’est pas toujours facile de faire. Les systèmes de stabilité sont difficiles à réaliser, surtout lorsque le terrain de constructi­on est à ras avec la bâtisse voisine. «Il n’y a pas d’espace pour les semelles d’éventuels murs de soutènemen­t. Il serait hasardeux d’introduire des tirants d’ancrages profonds sous les fondations de la bâtisse du voisin. Le système des palplanche­s est intéressan­t mais le battage énergétiqu­e de ces éléments risque de provoquer des vibrations très préjudicia­bles pour le voisinage», précise un ingénieur, faisant remarquer que l’instructio­n qui ne tient pas compte de situations impliquant des «terrains non constructi­bles», ne doit pas faire d’eux les «boucs émissaires» de certains promoteurs qui investisse­nt dans des terrains dangereux.

 ??  ?? Effondreme­nt d’un mur à El Biar
Effondreme­nt d’un mur à El Biar

Newspapers in French

Newspapers from Algeria