Un grand projet agricole bloqué faute d’électricité
Depuis plus de deux ans, dix-sept investisseurs ayant bénéficié de 50 hectares chacun à Oum Djehaf, dans la localité steppique de Aïn Dheb, 70 km au sud de Tiaret, sont bloqués pour lancer
un mégaprojet agricole faute d’électricité.
F● inalisés conformément à la circulaire interministérielle 108 du 23 février 2011 relative à la création de nouvelles exploitations agricoles et d’élevage, et pour lesquels il a été dégagé une enveloppe de 100 milliards sur fonds propres, les dix-sept investissements projetés restent otages de l’absence d’électrification. Paradoxale situation pour de jeunes investisseurs qui, en dépit des aléas climatiques et de la nature des sols au sud de la wilaya, ont consenti d’énormes sacrifices financiers et physiques pour venir à bout de l’aridité des terres. En plus des forages de puits, des labours en profondeur, l’enlèvement de la pierre, la construction de vastes étables et hangars, l’érection de clôtures… bref, de beaucoup d’argent injecté pour la mise en valeur des terres en zone steppique destinées à l’élevage, aux cultures fourragères, à la production de lait, à l’arboriculture, c’est toujours la désolation. Le non-raccordement au réseau électrique situé à quelques bornes compromet ce mégaprojet et avec lui l’espoir de faire de ces vastes territoires une alternative à la rente pétrolière en déclin. «Intervenant dans un contexte lié aux changements climatiques et à une réduction de la production agricole nationale, comme souligné par les experts, il y a risque de voir la couverture des besoins alimentaires toujours dépendante des importations», diront, unanimes, nos interlocuteurs, qui ne savent plus à quel responsable vouer leur sort. «On a cru un moment qu’avec les propos du wali en visite dans la région, se disant satisfait que ces investissements allaient enfin décoller, nous continuons de déchanter à voir nos sollicitations restées vaines», diront unanimes les Djelloul, Belmouhoub Meziane, Khalifa Benchohra et Allaoui Mahieddine, entre autres. Aux contraintes liées à l’absence d’électrification agricole, il faudrait se résoudre à dire que le capital foncier risque de pâtir, d’autant que la wilaya de Tiaret est concernée par la mise au profit de potentiels investisseurs de 72000 hectares dans 8 communes du sud. Notre visite dans la région nous a permis de vérifier que cette situation reste préjudiciable aux populations de ces contrées, qui continuent de souffrir de l’enclavement, alors que des exploitations sont bien situées à proximité de la RN23. Sur près de 54 km de Aïn Dheb jusqu’à Aflou, pas la moindre stationservice. L’unique projetée dans le cadre de l’investissement reste subordonnée au même problème de l’électricité, alors que son propriétaire a dépensé 90 millions de dinars. De guerre lasse, nos téméraires investisseurs lancent un énième cri de détresse aux pouvoirs publics.