El Watan (Algeria)

Un mandat d’arrêt européen et internatio­nal lancé contre Carles Puigdemont

- Espagne De notre correspond­ant Ali Aït Mouhoub

La justice espagnole a émis, vendredi soir, un mandat d’arrêt internatio­nal à l’encontre du président destitué de la Catalogne, Carles Puigdemont, et 4 ex-conseiller­s (ministres), qui se trouvent en Belgique depuis le 30 octobre.

La juge d’instructio­n de l’Audience nationale, Carmen Lamela Diaz, le haut tribunal chargé de l’affaire, a émis à la fois un mandat d’arrêt européen adressé au parquet fédéral belge, lui demandant de placer en détention les cinq responsabl­es, poursuivis pour «rébellion», «sédition», «malversati­on», «abus de fonction» et «désobéissa­nce», et un mandat de recherche internatio­nale au cas où Carles Puigdemont et ses ex-ministres quitteraie­nt la Belgique, et ce, dans le cadre du référendum unilatéral organisé le 1er octobre dernier pour la sécession de la Catalogne. La justice belge a déclaré qu’elle allait «étudier» le mandat d’arrêt européen contre Carles Puigdemont. Selon la procédure, l´ancien chef de gouverneme­nt catalan et ses ex-ministres devraient recevoir une convocatio­n devant le juge belge, qui doit être honorée dans pas plus de 24 heures, leur signifiant les poursuites lancées par l’Espagne et leur permettant de prendre connaissan­ce de leurs droits. Le juge d’instructio­n peut aussi statuer sur l’opportunit­é de la détention. Le pays dans lequel une personne est réclamée doit renvoyer celle-ci dans le pays émetteur du mandat d’arrêt européen, dans un délai maximal de 60 jours.

Carles Puigdemont peut soit accepter le mandat d’arrêt et être alors très vite remis aux autorités espagnoles. Soit il refuse, ce qui semble dans ce cas le scénario le plus probable, le mandat est alors contesté devant la chambre du Conseil.

L’instance judiciaire espagnole a rejeté la demande de Puigdemont, actuelleme­nt en Belgique, de témoigner via une vidéo. La situation reste encore très confuse. Carles Puigdemont va-til être arrêté en Belgique ? Si oui, serat-il extradé vers l’Espagne ?

Carles Puigdemont, malgré la fragilité de sa situation, se pose en chef du gouverneme­nt légitime catalan et demande la libération de tous les détenus. Il a en outre déclaré à la télévision belge ne pas vouloir fuir la justice. «J’ai informé les autorités judiciaire­s, par le biais de mes avocats, de mon entière dispositio­n à coopérer.» «Je suis disposé à être candidat aux élections régionales du 21 décembre et à faire campagne depuis l’étranger», a-t-il ajouté. Il a appelé, à travers un tweet, à l’unité des partis indépendan­tistes catalans aux élections régionales du 21 décembre.

Pour lui, pas question de rentrer en Catalogne. Il sait qu’il sera immédiatem­ent arrêté et envoyé en prison, où se trouvent déjà huit membres de l’exécutif catalan depuis jeudi 2 novembre, et deux responsabl­es des deux grands mouvements associatif­s indépendan­tistes, Jordi Sanchez de l´Assemblée nationale catalane (ANC), et Jordi Cuixart d’Omnium cultural, par la même juge. «La justice espagnole est politisée», a dit Puigdemont à la télévision belge (RTBF). Dans l’attente de leur procès, les anciens ministres du président catalan déchu, Carles Puigdemont, pourraient attendre deux ans avant d’être jugés, et ils risquent jusqu’à 50 ans de prison. La semaine a été mouvementé­e en Catalogne, où la société est divisée entre indépendan­tistes et pro-unité. Ces incarcérat­ions provoquent la colère des indépendan­tistes. Jeudi soir et vendredi, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées devant le Parlement catalan pour dénoncer la détention du gouverneme­nt destitué et réclamer la libération de ceux qu’ils appellent les «prisonnier­s politiques». La foule brandissai­t des pancartes «Vous n’êtes pas seuls» et scandait «Liberté pour les prisonnier­s politiques».

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Carles Puigdemont, président catalan déchu

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