Le sport, nouvelle cible
L’Algérie est entrée dans le XXIe siècle à reculons. La fin du 4e mandat de Abdelaziz Bouteflika est proche, mais cet homme ne laissera que de mauvais souvenirs, parce qu’il a donné plus l’impression d’être venu régler des comptes avec l’Algérie que de construire un pays qui avait des chances, aujourd’hui perdues, d’être la locomotive du développement de l’Afrique. A cause de sa politique, la morosité s’est installée chez les Algériens qui, unanimement, ont peur pour l’avenir de leurs enfants. Son bilan n’est pas négatif. Il est horrible. Il a créé des institutions qui lui sont totalement soumises, comme le Conseil constitutionnel dirigé par Medelci qui est à sa botte et qui a mis les ambitions de Bouteflika au-dessus des intérêts de la nation. Le locataire d’El Mouradia a installé l’Algérie à la queue de tous les classements internationaux, alors qu’elle est riche et a une élite remarquable. Il n’y a qu’à voir l’état de l’économie et le désespoir des jeunes comme on l’a constaté la semaine dernière devant l’Institut français. La corruption, le népotisme, le clanisme ont été érigés en forme de gouvernance. La médiocrité a droit de cité et l’éloignement des compétences est la règle.
Nouvelle cible de la mauvaise gestion des affaires : le sport. Alors que notre football, qui était la seule et unique bouffée d’oxygène des Algériens, est en train de toucher les abysses, voilà que le pouvoir décide de limiter le nombre de footballeurs algériens vivant à l’étranger dans l’équipe nationale. Un outrage et une insulte à notre diaspora ? Qui a réfléchi à une décision aussi honteuse ? Veut-on couper les Algériens d’Europe et d’ailleurs de leurs racines ? Ceux qui ont pris une telle décision ne connaissent pas l’histoire de l’Algérie. La diaspora algérienne a été déterminante dans l’évolution et la prise de conscience de notre peuple. C’est notre émigration qui a été le fer de lance du patriotisme. C’est elle qui a créé en 1926 à Paris l’Etoile Nord-Africaine, qui deviendra, au gré de la répression coloniale, PPA-MTLD, puis CRUA lequel a enfanté le FLN libérateur.
Lorsque ce même FLN décide de créer son équipe de football pour le représenter à travers le monde dans le domaine sportif, il s’adressera aux professionnels établis en France, lesquels répondront spontanément à l’appel et hisseront victorieusement le drapeau de l’Algérie en guerre. C’est encore la diaspora qui renflouera majoritairement les caisses du FLN-ALN grâce aux cotisations de nos émigrés. Ceux-ci répondront présent chaque fois que leur patrie faisait appel à eux. Ils paieront le prix du sang lorsque le préfet de Paris, Maurice Papon, déclenchera contre eux une terrible répression en décembre 1960.
Et on ne peut pas oublier de sitôt ces Algériens en Europe faisant de longues queues pour aller élire Liamine Zeroual en 1995. C’est dire leur attachement viscéral à la terre de leurs ancêtres, un attachement qu’ils réaffirmaient bruyamment sur les Champs-Elysées chaque fois que l’équipe nationale remportait un match. Même les enfants de harkis étaient de la fête.
Ce sont ces gens-là que ces décisions honteuses veulent couper de leur terre ancestrale.
Dans le monde, des pays riches d’Europe et d’Asie «achètent» pratiquement des athlètes du Tiers-Monde, nationalité comprise, pour espérer remporter des médailles et voir briller leurs drapeaux sur tous les stades. L’honneur et le prestige ne sont apparemment pas la préoccupation des usurpateurs qui nous dirigent.
La diaspora est une richesse qu’aucune autre ne peut supplanter. Israël impose sa loi aux pays du Moyen-Orient grâce à sa diaspora, notamment celle des Etats-Unis. Cette dernière est si puissante qu’elle collecte des fonds immenses pour Tel-Aviv et oblige le gouvernement américain à lui livrer gratuitement les armes de dernier cri. Sans ces juifs, Israël ne serait pas la puissance qu’il est. Un exemple à méditer.