Bilan de novembre
C’est une première, un candidat aux élections sur une liste du PNSD a été abattu et deux autres arrêtés par l’armée à Illizi, les trois ayant été pris dans une opération anticontrebande. Ce qui en dit long sur le cadre politique d’aujourd’hui, vidé de morale et banalisé au point où n’importe quel escroc ou contrebandier peut accéder à de hautes fonctions. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec l’incroyable déclaration de Ould Abbès à Bouira, qui «souhaite le retour de l’Algérie à l’avant multipartisme et à l’ère du parti unique». Ce voeu exprimé en novembre 2017, soit deux siècles après l’invention de la démocratie moderne et près de 2000 ans après les débuts du libre choix de ses représentants, rejoint la grande tendance du moment. Un Etat central, pas forcément moral mais qui centralise et interdit, comme pour le Salon du livre qui se clôture aujourd’hui avec son triste bilan : le stand des éditions Koukou pillé et les livres volés, le jeune écrivain Anouar Rahmani accueilli par des policiers pour lui saisir tous les exemplaires de son roman Halouassat Djibril et Sofiane Djilali interdit pour son livre Choc de la modernité, crise des valeurs et des croyances, simple essai sur la société. Avant même son lancement d’ailleurs, le SILA avait déjà déprogrammé deux universitaires, le sociologue Aïssa Kadri et l’historien Daho Djerbal, d’une simple conférence sur le 1er Novembre autour de la lutte anticoloniale. Au chapitre médias, ce n’est pas mieux, après les sites Siwel du MAK, de Radio sans voix et Radio Kalima bloqués, puis celui de Tout sur l’Algérie (TSA), c’est le site web KDirect.info qui vient d’être bloqué. Ceux qui ont fait Novembre et avaient entre 20 et 40 ans, avaient-ils prévu cette macabre séquence ? Probablement pas. Pas plus qu’ils n’auraient prévu que pour le prochain Forum international de la jeunesse qui va se tenir en Egypte, on a décidé d’envoyer Abdelkader Bensalah, 76 ans, pour représenter l’Algérie. Un pays si jeune et déjà à la retraite.