Le moi je contre le eux nous
Comme son nom l'indique, Haouch El Mekhfi n'a pas eu les faveurs des médias parce que trop caché. C'est pourtant aux portes d'Alger qu'a lieu en ce moment une mini-guerre, avec hélicoptères qui lancent des gaz lacrymogènes au sol, balles en caoutchouc contre pierres, avec la menace de passer aux balles réelles. 2000 éléments des forces de sécurité tentent de contenir 10 000 hommes, retraités de l'ANP, dans un conflit qui a dégénéré en affrontements violents, pendant que des barrages filtrants étaient installés en amont pour stopper les renforts de ceux-là mêmes qui avaient fait barrage contre le terrorisme et en sont aujourd'hui à demander un peu plus de considération. Au-delà de leurs revendications, raisonnables ou pas, l'entêtement du régime à ne rien négocier et avec personne, ni avec les médecins résidents ou les chômeurs de Ouargla, les morts de Kabylie ou les multiples emprisonnés sans raison, devient criminel, d'autant que la seule fois où il a dû négocier, c'est justement avec des gens armés, comme lui. Résultat, le gendarme, qui appartient à l'ANP, fait face à l'ex-militaire qui a aussi appartenu à l'ANP, et l'un des deux doit casser, ce qui peut poser des problèmes de corporation à l'avenir, ainsi qu'un sournois dilemme dans la tête du premier, et si un jour je me retrouvais à sa place ? Autre résultat sur l'extension du domaine de la lutte, des bouchons interminables à l'est d'Alger, avec cette question qui traverse l'esprit des automobilistes excédés, faut-il soutenir les catégories maltraitées quitte à souffrir, ou au contraire demander à tous les tuer pour pouvoir fluidifier la circulation avec ce risque de faire partie à son tour un jour d'une de ces catégories sans solidarité ? Cette durable dialectique entre le collectif et l'individuel a au moins été réglée au Sheraton d'Alger où l'on a pu récemment voir Sidi Saïd, patron des travailleurs, en tête à tête avec Tliba, patron des affairistes. En manipulant la collectivité sur un seul principe, leur intérêt personnel.