El Watan (Algeria)

Des syndicats évoquent l’«opacité» du bilan

- Asma Bersali

Après une grande pression, la commission nationale des oeuvres sociales du secteur de l’éducation a présenté, hier, devant les syndicats, son bilan d’activités de son mandat de 3 ans. «Opaque, «sans précisions» et «tardif» sont les premières appréciati­ons des syndicats dont certains ont boudé cette rencontre et d’autres l’ont quittée avant qu’elle ne commence, manière de témoigner leur refus de cautionner un pareil bilan.

Dans le document remis aux syndicalis­tes, les dépenses des oeuvres sociales durant ces 3 dernières années s’élèvent à plus de 36 milliards de dinars. Un chiffre «effarant», selon les syndicalis­tes. «Prenant en considérat­ion que tout bilan comptable est arrêté le 31 décembre et que cette commission a signé son PV d’installati­on le 21 septembre, il est juste incompréhe­nsible qu’ils aient pu dépenser 14,5 milliards de dinars en 3 mois pour l’exercice 2015. Tout le document est juste louche», s’étonne Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleu­rs de l’éducation et de la formation (Satef), qui a d’ailleurs quitté la salle de réunion et a refusé de signer la fiche de présence. Il en est de même pour Meziane Meriane, président du Syndicat national autonome des professeur­s de l’enseigneme­nt secondaire et technique (Snapest), qui a adopté la même réaction. Les syndicalis­tes reprochent au bilan de cette commission plusieurs points. Le premier est l’absence de précisions dans le document en entier mais surtout les chapitres des dépenses. «Que veulent-ils dire par ‘autres dépenses’ ? Quels investisse­ments cette commission était censée engager pour dépenser 308 millions de dinars en 3 ans ? Même les dépenses liées à la gestion ne sont pas précisées», ajoute M. Amoura, qui maintient sa position de rejet de toute prolongati­on de mandat pour cette actuelle commission.

Pour Meziane Meriane, l’opacité est à son comble dans ce bilan. Pour lui, ce bilan devait être annuel et non triennal et devrait être présenté devant les travailleu­rs et non devant les cadres du ministère ou les représenta­nts des syndicats. Concernant les dépenses, il n’y a rien qui précise qui a réellement bénéficié de tout cet argent, qu’il a qualifié de budget d’Etat. Il argumente ses propos par la présence de personnes étrangères au secteur qui ont bénéficié de voyages et de omra grâce à l’argent dû aux travailleu­rs. Il insiste sur le gel partiel des activités de cette commission, essentiell­ement tout ce qui est relatif aux voyages de tourisme et religieux. Le secrétaire national du Conseil des enseignant­s des lycées d’Algérie (CELA), Idir Achour, est plutôt pour le gel pur et simple de l’activité de cette commission en attendant le référendum programmé pour mai prochain. Son syndicat refuse la gestion centralisé­e qui empêche les syndicats de s’informer sur les bénéficiai­res de ses primes et du mode des dépenses. Le CELA manifester­a sa position par une grève nationale mardi prochain. De son côté, Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire (Cnapeste), a fait savoir que sa formation a toujours contesté l’organisati­on de voyages à l’étranger sur le budget des oeuvres sociales. N’étant pas contre l’idée de privilégie­r la destinatio­n Algérie, il dit préférer orienter ces sommes importante­s vers le volet sanitaire et, pourquoi pas, pour avoir une structure hospitaliè­re spécialeme­nt dédiée au secteur. Il explique la non-présentati­on de ce bilan devant les travailleu­rs par l’absence de mécanismes juridiques permettant l’organisati­on d’une assemblée générale. C’est la raison pour laquelle, selon lui, il a été choisi de le faire devant les syndicats qui sont justement les représenta­nts des fonctionna­ires de l’éducation. Il propose à la fin la création d’un conseil national de contrôle composé de ces syndicats afin de garantir la transparen­ce dans la gestion du budget des oeuvres sociales.

D’après des sources, les autres syndicats, présents lors de cette réunion, ont appelé au report de la discussion de ce bilan à une date ultérieure, le temps de l’éplucher. En effet, ce sera le cas. Une réunion est prévue pour la semaine prochaine. Ce bilan, avec tout ce qu’il comporte comme lacunes, est également remis à l’Inspection générale des finances, qui est l’unique institutio­n capable de juger et d’enquêter sur la gestion de cette commission des oeuvres sociales. Une chose est sûre, ce dossier est loin d’être clos.

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