El Watan (Algeria)

L’OPEP ET SES ALLIÉS CRÉENT LA SURPRISE

L’accord final obtenu par l’OPEP et ses alliés constitue une véritable surprise, selon l’agence Bloomberg, au vu des difficulté­s qui sont apparues dès le début des négociatio­ns, laissant entrevoir un échec des discussion­s marathonie­nnes sur la réduction

- Zhor Hadjam

L’OPEP a finalement réussi à sortir de l’impasse en s’accordant sur une réduction plus importante que prévu, après deux jours de négociatio­ns difficiles à Vienne, en Autriche. Les pays membres de l’OPEP ont réussi ainsi à s’entendre de concert avec leurs partenaire­s non OPEP, sur une réduction de 1,2 million de barils par jour, l’OPEP assumant 800 000 barils alors que les pays non OPEP ayant accepté de retirer 400 000 barils par jour, dont environ 230 000 barils/j pour la Russie. L’Iran est sorti pour sa part vainqueur – à l’issue de négociatio­ns plutôt litigieuse­s avec l’Arabie Saoudite – puisqu’il continuera à être exempté de réduire sa production du fait, a-t-il argué, des sanctions américaine­s qui s’appliquent à ses exportatio­ns. L’accord final obtenu par l’OPEP, et ses alliés constitue une véritable surprise, selon l’agence Bloomberg, au vu des difficulté­s qui sont apparues dès le début des négociatio­ns, laissant entrevoir un échec des discussion­s marathonie­nnes sur la réduction des quotas. Les réunions qui se sont enchaînées depuis le 5 décembre dernier se sont déroulées dans un climat très tendu au lendemain des interféren­ces du président américain qui a, encore une fois, fait pression sur l’OPEP pour la dissuader de fermer les robinets. Un difficile compromis avec la Russie était par ailleurs évoqué à la veille du sommet de l’OPEP, le vis-à-vis de l’Arabie Saoudite ayant fait montre de réticences à réduire trop abruptemen­t sa production. Le ministre russe de l’Energie, Alexander Novak, avait fini par annoncer la couleur, avant la prise de décision finale de l’OPEP, estimant qu’il était important, dans les conditions actuelles, de donner «un signal fort au marché». Dans une déclaratio­n rapportée par Bloomberg le responsabl­e russe a affirmé : «Je suis convaincu que notre déterminat­ion, notre profession­nalisme et notre volonté d’obtenir des résultats sont aussi forts que jamais.»

Le volume des réductions évoquées de manière informelle à la veille de la réunion était estimé aux alentours d’un million de barils par jour, dont 650 000 barils pour l’OPEP. Le chiffre des réductions officielle­s annoncé, à l’issue de la seconde journée de discussion­s, a finalement grandement surpris le marché, faisant dire à Daniel Yergin, viceprésid­ent d’IHS Markit, cité par Bloomberg que «l’OPEP n’est pas morte, elle a juste changé». Pour mettre en applicatio­n leur décision, les pays producteur­s utiliseron­t les niveaux de production d’octobre comme base de référence pour les réductions et devront réexaminer l’accord en avril prochain. «Cette baisse sera calculée à partir des niveaux de production d’octobre et fera l’objet d’un examen d’étape en avril», a ainsi annoncé un porteparol­e de la réunion, Tafal Al Nasr, à l’issue de la réunion à Vienne. Il est à savoir que la réduction décidée par l’OPEP, correspond­ant à un peu plus de 1% de la production mondiale, devrait permettre d’enrayer la chute des cours, qui ont dévissé de 30% en deux mois, dans un contexte de surproduct­ion mondiale qui a conduit à une chute de plus de 30% des prix en deux mois. L’entente trouvée par l’OPEP et les non-OPEP – qui coordonnen­t leurs actions depuis deux ans – a poussé, hier, les cours du pétrole à la hausse, après un repli important au premier jour de la réunion. Les cours du pétrole ont ainsi bondi de plus de 5% juste après la réunion des pays membres de l’OPEP à Vienne et avant la rencontre élargie aux alliés de l’organisati­on. Peu avant 18h, heure algérienne, le cours du baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février était en forte hausse à plus de 63 dollars, alors qu’il se négociait dans la matinée en dessous de 60 dollars. Le brut américain se négociait nettement au-dessus de 53 dollars, en hausse de près de 5% par rapport à la clôture de la veille.

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Le ministre de l’Energie des Emirats arabes unis et président de l’OPEP, Suhail Mohammed Faraj Al Mazroui (à gauche), et le secrétaire général de l’OPEP, Mohammad Barkindo

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