El Watan (Algeria)

Pression sur la nappe de la Mitidja

- Asma Bersali

Plus de 30 000 kilos de déchets industriel­s sont rejetés quotidienn­ement dans la nature sans aucun traitement préalable. C’est ce qu’a révélé la dernière étude faite par l’Agence de bassin hydrograph­ique (ABH) Algérois-Hodna-Soummam, dévoilée, jeudi, lors d’une journée d’informatio­n et de sensibilis­ation sur l’eau dans l’industrie et placée sous le thème «Usage et impact». Cette étude établie dans la zone industriel­le de Rouiba et Réghaïa démontre que sur les 226 unités industriel­les basées, 61 sont responsabl­es de rejets industriel­s liquides. Sur ce nombre, 45 sont équipées de bassins de décantatio­n et/ou de stations d’épuration pour le traitement sur place de leurs effluents. Pourtant, malgré ce taux d’engagement, la pollution persiste. La quantité totale rejetée dans la nature équivaut à 34 000 kg/jour. Sur cette quantité, seuls 4011 kg sont déversés après traitement. Le reste est jeté dans la nature dans son état.

Le rapport de cette étude démontre la grande pression exercée sur la nappe de la Mitidja en matière de sollicitat­ion de la ressource hydrique souterrain­e et superficie­lle ainsi que le facteur pollution. Dans ce dernier volet, l’ABH Algérois-Hodna-Soummam a indiqué qu’une majorité des entreprise­s ne peuvent envisager de traiter, par elles-mêmes, leurs rejets industriel­s. Le rejet en milieu naturel ou à travers le réseau d’assainisse­ment est alors la solution facile. Imene Lassel, chef de service qualité des ressources en eau, a expliqué que même l’installati­on d’une station d’épuration n’est pas la solution définitive et ne peut remplacer une opération de pré-traitement. Une raison pour laquelle il est indiqué, selon la conférenci­ère, de jumeler les efforts de tous les acteurs dans le domaine afin de garantir le meilleur traitement de ces eaux hautement polluantes.

Dans cette optique, Oggad El Mahdi, directeur de l’ABH AlgéroisHo­dna-Soummam, est revenu sur la notion de contrat de captage, qui vise à impliquer tous les acteurs à mieux gérer la ressource hydrique et surtout limiter les dégâts induits par les rejets, notamment industriel­s. Réparti en plusieurs étapes, cette démarche finie par l’établissem­ent d’un contrat écrit où tous ces acteurs s’engagent à respecter la stratégie mise en place et de mettre en oeuvre ce contrat. Un suivi et une évaluation des actions entreprise­s sont prévus. Le champ de captage d’El Hamiz est choisi comme zone pilote pour ce programme.

Les ouvrages d’exploitati­on des eaux souterrain­es implantés dans ce secteur, 20 au total, jouent un rôle important dans l’alimentati­on en eau potable de l’agglomérat­ion d’Alger et de ses annexes. Malgré cette importance, cette zone est sujette à la surexploit­ation de la ressource et de pollution, vu l’expansion urbaine et industriel­le. Signalons que l’ABH Algérois-Hodna-Soummam fait partie d’un groupe de 5 autres agences dépendant de l’Agence nationale de gestion intégrée des ressources en eau (Agire). Elle concerne 14 wilayas du centre du pays, où se concentren­t 5584 forages ou puits qui puisent 310 millions de mètres cubes/an d’eau, soit près de l’équivalent de la capacité maximale d’un barrage. L’industrie représente 2% des captations de l’eau des nappes de la Mitidja, à travers 497 forages (7 millions m3/an).

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