El Watan (Algeria)

Les éboueurs en grève

- Souag Abdelouaha­b

Les ordures ménagères s’entassent dans tous les coins des 47 communes de la wilaya de Mascara. Les villes deviennent de plus en plus sales et les pouvoirs publics n’arrivent plus à faire face avec efficacité à l’insalubrit­é qui s’est installée confortabl­ement, non seulement en milieu urbain, mais aussi dans les zones rurales. Mardi et mercredi derniers, l’insalubrit­é a pris de l’ampleur après le débrayage des 1475 employés de l’Entreprise publique de collecte des ordures ménagères (Proprec) qui n’ont pas perçu, à ce jour, leurs salaires des mois d’octobre et novembre 2018. «Cela fait plus de deux mois que nous (employés permanents) n’avons pas perçu nos salaires. Quant aux employés par contrat à durée déterminée, ils n’ont pas reçu les salaires de trois mois. Franchemen­t, c’est de la hogra», nous dira le chauffeur d’un camion benne à ordures. «Notre salaire accuse toujours des retards. Une situation qui perdure depuis plus de trois ans», ajoute un éboueur père de quatre enfants. «Les éboueurs vivent dans des conditions socioprofe­ssionnelle­s fragiles. Ils ne perçoivent pas leurs salaires dans les délais (toujours avec un mois et demi à deux mois de retard) et sont dépourvus des équipement­s et autres commodités indispensa­bles», témoignent un autre éboueur en grève.

Une source de l’entreprise Proprec a tenu à préciser que «les employés permanents qui sont au nombre de 900 environ n’ont pas reçu le salaire du mois de novembre uniquement. En ce qui concerne les employés par contrat à durée déterminée, dont le nombre dépasse les 500, ils n’ont pas reçu les salaires des mois d’octobre et novembre». Et d’ajouter : «Notre entreprise est dans l’incapacité de payer ses employés.» Pis encore, Proprec n’arrive même pas à honorer ses dettes envers la CNAS et autres fournisseu­rs. La situation financière de l’entreprise est plus que précaire. «La lenteur des procédures de paiement est la principale cause de la situation que connaît l’entreprise Proprec», nous dit-on. Signalons que la mission des éboueurs de l’entreprise Proprec devient de plus en plus difficile, pour ne pas dire impossible, dans certains cas. Le parc mobile de l’entreprise est presque en panne. «Rares sont les camions destinés au transport des ordures qui continuent à rouler. On bricole avec ce qu’on a sous la main», dira le chauffeur d’un camion dont les freins risquent de ne plus répondre.

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