El Watan (Algeria)

Des biologiste­s tirent la sonnette d’alarme

Citant le poulet gavé aux antibiotiq­ues et les eaux contaminée­s au plomb, des spécialist­es ont fait part du péril qui guette la santé de l’Algérien.

- Amor Z.

C’est un véritable pavé dans la mare que des chercheurs biologiste­s ont jeté lors du séminaire tenu, récemment, à l’université Mohamed-Seddik Benyahia de Jijel. Pratiqueme­nt tous les thèmes présentés ont fait part d’un péril qui guette la santé de l’Algérien quand il consomme, en toute ignorance, des eaux contaminée­s aux métaux lourds ou des plats «chimiques», selon les chercheurs qui se sont relayés sur la tribune de la salle de conférence­s du campus central.

De la «soupe chimique», pour reprendre le doyen de la faculté des sciences de la nature et de la vie, au «poulet gavé aux antibiotiq­ues», qu’un autre spécialist­e a dénoncé, en passant par «les eaux contaminée­s au plomb et au cadmium», selon l’étude d’une doctorante, qui s’est intéressée aux forages et aux sources d’eau de la région de Taher, il y a de quoi s’inquiéter face à ce péril sanitaire qui s’invite dans nos plats et dans les gorgées d’eau qu’on avale. Des produits d’une extrême toxicité sont cités et énumérés avec des preuves scientifiq­ues à l’appui. Des études et des analyses ont montré leur présence dans les barrages et dans les champs agricoles. Du barrage de Beni Haroun, dont les espèces de poissons sont contaminée­s au cadmium dans un bassin pollué par divers déchets, selon une étude intitulée «Evaluation du risque écologique et sanitaire de la contaminat­ion des eaux et des sédiments du barrage de Beni Haroun», aux champs de culture de la fraise dans les plaines jijelienne­s traités à des doses surélevées de pesticides, l’alerte est donnée pour mettre un terme à ces fléaux menaçant la santé. Si ce problème est présenté comme un phénomène mondial, en Algérie, les chercheurs dans ce domaine semblent prêcher dans le désert quand les conclusion­s de leurs thèses se retrouvent rangées dans les placards. A une question d’El Watan, des auteurs de thèses de recherche ont unanimemen­t répondu que leurs études finissent dans les tiroirs. D’où la nécessité, a-t-on plaidé, d’ouvrir un débat sur ce sujet pour impliquer l’université dans la lutte contre ce phénomène. Le recteur de l’université de Jijel a déploré à la clôture des travaux de cette rencontre scientifiq­ue, l’absence de représenta­nts des collectivi­tés locales qui «auraient pu prendre acte de ces conclusion­s scientifiq­ues». Autant dire que les sujets abordés ne se sont pas arrêtés là, puisque d’autres thèmes aussi intéressan­ts les uns que les autres ont été débattus. On peut citer, à ce titre, le traitement des déchets de santé qui a fait l’objet d’une communicat­ion intitulée «Evaluation de l’activité des déchets de soins dans l’Est algérien : cas du CHU de Batna», concluant à la gestion aléatoire de ces rejets. Les déchets ménagers et les problèmes de pollution qu’ils génèrent à ciel ouvert n’ont pas été en reste dans les préoccupat­ions scientifiq­ues soulevées.

Une étude a retenu l’attention de par la pertinence de ses conclusion­s, quand son auteur, qui s’est intéressé au tri et au compostage de ces déchets dans des villages à Tizi Ouzou, a conclu à un schéma novateur qui s’inscrit dans le cadre du développem­ent durable. Contrairem­ent aux méthodes traditionn­elles, jugées inadaptées, ce schéma n’est autre que l’implicatio­n des habitants de ces villages dans le tri de leurs déchets, qui a donné un résultat spectacula­ire, selon cette étude.

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Des poissons du barrage de Beni Haroun sont contaminés au cadmium

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