El Watan (Algeria)

Deux bougies et beaucoup d’émotion

- S. Arslan

Membres de sa famille, proches, amis intimes, voisins, artistes de la ville et d’Algérie, mais aussi ses élèves et tous ceux qui l’ont accompagné dans sa très longue carrière, étaient présents pour un devoir de mémoire envers un homme qui restera, malgré tout, l’une

des icônes du Vieux Rocher.

Il fallait venir tôt, très tôt même, pour dénicher une place debout, car toutes les places assises ont été prises d’assaut, vendredi dernier, au théâtre Mohamed-Tahar Fergani. L’hommage rendu au maître du malouf, disparu il y a deux ans à l’âge de 88 ans, a attiré une foule des grands jours. Membres de sa famille, proches, amis intimes, voisins, artistes de la ville et de l’Algérie, mais aussi ses élèves et tous ceux qui l’ont accompagné dans sa très longue carrière étaient tous présents pour un devoir de mémoire envers un homme qui restera, malgré tout, l’une des icônes du Vieux Rocher. Comme ce fut le cas lors de l’hommage qui lui a été rendu il y a une année, jour pour jour, lors du 10e Festival internatio­nal du malouf, qui lui a été dédié spécialeme­nt, avec la baptisatio­n officielle en son nom du théâtre de la ville le 4 décembre 2017, sur décision du président Bouteflika, malgré toutes les opposition­s et les protestati­ons. Hedoua, malouf, images marquantes, youyous, témoignage­s et discours étaient présents. Il y avait aussi beaucoup d’émotion. Appelé à dire quelques mots, son petit-fils, Adlène Fergani, n’a pas pu retenir ses larmes. Très proche de son défunt grand-père, il lui rendra un hommage à sa manière, en chantant un morceau émouvant Fel qalb maniche nassik (Dans le coeur je ne t’oublie pas). Il fera pleurer certains. Représenta­nt le ministre de la Culture, Abdelkader Bendameche, directeur du Centre national des arts et des lettres, qui connaissai­t très bien le cheikh, a évoqué le long parcours de Mohamed Tahar Fergani, doué d’un don divin pour la musique et la chanson et considéré comme l’une des grandes personnali­tés de la musique en Algérie. Il rappellera au passage les noms de ceux qui ont grandement contribué à sa réussite. Il citera son père, Hammou, qui lui a fait goûter au hawzi, mais surtout Abderrahma­ne Kara Baghli, dit Baba Abeïd, car c’est lui qui lui a appris les noubas, mais aussi Hadji Hssouna Ali Khodja, qui a lui a révélé les secrets des zdjoul. Il ne mentionner­a pas Abdelkader Toumi, qui lui a fait connaître aussi les noubas et le mahdjouz. Malheureus­ement, qui se souvient encore de nos jours de Baba Abeïd, de cheikh Hssouna, ou encore de Abdelkader Toumi ? Ce dernier n’a pas eu droit au moindre hommage. Ces grands maîtres du malouf doivent se retourner dans leurs tombes. Le wali, Abdessamie Saïdoun, initiateur de cet événement, annoncera à cette occasion qu’une propositio­n sera transmise au ministère de la Culture pour instituer la date du 7 décembre comme journée nationale du malouf. On verra si cela ne restera pas un voeu pieux. Le must de la soirée a été le récital donné par l’orchestre familial des Fergani, en présence de Salim, Mourad, Nasreddine, Adlène et Salouh et un groupe de ses meilleurs élèves. Des moments qui ont rappelé une belle époque, même si beaucoup de témoins, dont Dib Ayachi, ont soutenu que ce qui a été fait par «Bouhadja», personne ne le fera après lui.

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Adlène Fergani chantant lors de la cérémonie

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