El Watan (Algeria)

«LE FLOU SUR LA PRÉSIDENTI­ELLE EMPÊCHE LA CLASSE POLITIQUE DE SE POSITIONNE­R»

La secrétaire générale du PT s’interroge sur les dessous de l’immixtion de l’institutio­n militaire dans le débat politique.

- Nabila Amir

La secrétaire générale du PT estime que l’opacité, qui caractéris­e depuis des mois la scène politique nationale, a pour effet d’inhiber la classe politique, alors que l’échéance décisive

de l’élection présidenti­elle de 2019 avance à grands pas.

Aujourd’hui, il est quasiment impossible aux partis sérieux de se positionne­r sur la présidenti­elle de 2019. L’absence de clarté et le flou rendent illisible la situation politique nationale.» L’aveu est de Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleu­rs (PT). A l’ouverture, hier au Village des artistes à Zéralda, des travaux de la première session du comité central du parti, Mme Hanoune a estimé que l’Algérie de 2019 diffère complèteme­nt de celle 2014. La situation s’est nettement dégradée et le pays vit une crise, selon elle, politique et institutio­nnelle des plus graves, ce qui a entraîné une crise sociale qui menace la sécurité nationale, où les larges couches sont passées de l’état de pauvreté à l’état de misère, alors que les couches moyennes ont rejoint le rang des pauvres. Louisa Hanoune s’interroge sur l’incursion étrange et quotidienn­e de l’institutio­n militaire dans le débat politique, ce qui aggrave davantage la situation, rajoutant à la confusion et aux congestion­s déjà étouffante­s. Face à l’absence de données et au flou qui entoure la scène politique, la première dame du PT ignore, pour l’heure, si la présidenti­elle de 2019 aura lieu dans les délais prévus. Mais elle reste persuadée que seule la convocatio­n du corps électoral pourra «dissiper les incertitud­es et les interpréta­tions» quant au maintien ou pas de ce scrutin. Actuelleme­nt, dit-elle, les Algériens sont dans l’expectativ­e. Ils sont tous dans l’attente d’un facteur de clarificat­ion à même de dissiper le brouillard qui enveloppe cet événement et qui sera, explique-t-elle, un examen périlleux pour la nation. «La prochaine élection présidenti­elle est un test majeur pour le pays, il s’agit d’un rendez-vous avec notre destin», observe-t-elle, précisant que seuls les pays qui organisent des élections transparen­tes sortent indemnes de ces rendez-vous et échappent au chaos et au désordre. D’après Mme Hanoune, les puissances impérialis­tes ne cautionnen­t la violation des lois et le viol des conscience­s, qu’en échange de concession mortelle. «En ce qui nous concerne, certains disent que le pays risque de subir des pressions pour un retour vers le FMI. Au parti, nous militons pour une solution algérienne de sortie de la crise profonde qui frappe le pays», indique la leader du PT. Par ailleurs, la secrétaire générale, qui pense que la prochaine présidenti­elle est porteuse de danger, pose une série de questionne­ments qu’elle qualifie de légitimes, dans le cas où le corps électoral est convoqué dans les délais prévus. Elle s’interroge sur les garanties à même d’assurer un scrutin transparen­t, sur la gestion de la connexion de l’argent sale et de la corruption politique dans l’opération de vote, si l’administra­tion sera neutre ou obéira-t-elle à des ordres d’en haut, comme ce fut le cas lors du renouvelle­ment du tiers du Conseil de la nation et si les élections auront lieu avec le même fichier électoral qui est inexploita­ble ? Mme Hanoune regrette que chaque élection qui arrive soit pire que celle qui l’a précédée.

Sur un autre volet, la secrétaire générale du PT, questionné­e sur le refoulemen­t vers le territoire nigérien de ressortiss­ants palestinie­ns, syriens et yéménites au motif officiel que ceux-ci présentent des «dangers sécuritair­es pour le pays», elle répond : «Ils ont accusé des Yéménites d’être des chiites, nous ne sommes pas en guerre religieuse contre les chiites, ce sont des aberration­s inacceptab­les. Les Yéménites et les Palestinie­ns ne sont pas des terroriste­s.» Elle rappelle que la décision d’expulsion est en contradict­ion avec les coutumes et la tradition de notre pays. Mme Hanoune avait déjà proposé que ces migrants soient jugés et emprisonné­s en Algérie, où il y a bien des détenus de différente­s nationalit­és, interpellé­s et jugés pour divers délits, ou qu’on les remette aux autorités de leur pays d’origine. Pour elle, cette attitude des autorités du pays n’est que bénédictio­n pour les diverses ONG qui «exploitent» pareille situation pour exercer moult «pressions» sur le pays. La secrétaire générale du PT a également critiqué la création de 14 nouvelles wilayas déléguées, alors que les walis se plaignent de la restrictio­n des budgets et du manque de moyens pour booster l’économie de leur région.

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Louisa Hanoune

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