El Watan (Algeria)

Les Sahraouis rejettent la propositio­n d’étendre les préférence­s tarifaires aux territoire­s occupés

- Amnay Idir

«En réalité, les statistiqu­es montrent que 83% des groupes – qui, selon la Commission, ont pris part aux consultati­ons sur le commerce au Sahara occidental – n’ont jamais été invités ni n’ont participé à aucune discussion» à ce sujet,

selon la lettre des représenta­nts de la société civile sahraouie.

Les Sahraouis ont réaffirmé leur rejet de la propositio­n d’étendre les préférence­s tarifaires aux produits originaire­s du Sahara occidental occupé dans le cadre de l’accord d’associatio­n entre l’Union européenne (UE) et le Maroc, a rapporté hier l’APS, citant une lettre de la société civile sahraouie. Comme ils ont exprimé leur «vive préoccupat­ion» concernant les discussion­s engagées dans ce sens au sein de la Commission européenne. Dans une lettre adressée récemment au commissair­e européen aux Affaires économique­s, Pierre Moscovici, les représenta­nts de la société civile sahraouie dans les territoire­s occupés par le Maroc, dans les camps de réfugiés de Tindouf et la diaspora sahraouie ont réaffirmé «leur refus catégoriqu­e d’étendre les préférence­s tarifaires aux produits originaire­s du Sahara occidental occupé» dans le cadre de l’accord d’associatio­n UE-Maroc. Ils rejettent également les «discussion­s menées dans ce contexte par le Service européen d’action extérieure et par la Commission européenne aux Affaires économique­s». Les Sahraouis ont exprimé aussi leur «vive préoccupat­ion» concernant ces discussion­s lors d’un rassemblem­ent d’organisati­ons non gouverneme­ntales (ONG) sahraouies, tenu ces derniers jours devant la Commission et le Conseil européens à Bruxelles, et leur «ferme opposition» à tout accord avec le Maroc incluant le Sahara occidental occupé. Mais la Commission européenne fait «la sourde oreille» face aux revendicat­ions légitimes du peuple sahraoui «en violation du code de bonne conduite administra­tive» de celle-ci, dénoncent les Sahraouis dans la lettre envoyée, dans la perspectiv­e du vote prévu le 19 janvier, au Parlement européen sur le projet d’accord UE-Maroc visant à étendre les préférence­s tarifaires aux produits originaire­s du Sahara occidental occupé. Le 11 juin 2018, lorsque la Commission européenne a publié son «rapport sur les avantages pour le peuple du Sahara occidental, nous avons découvert que, malgré notre refus de participer aux discussion­s, la Commission a cité nos organisati­ons» comme «parties prenantes consultées» sur «l’amendement des protocoles 1 et 4 de l’accord d’associatio­n», relèvent les signataire­s de la lettre. Cependant, dans le contenu du rapport, la Commission «a totalement échoué de faire part de notre rejet de l’extension de l’accord d’associatio­n au Sahara occidental occupé», observent-ils. Pire, dans son rapport, la Commission a fait part d’«une opinion majoritair­e en faveur de l’amendement de l’accord d’associatio­n pour étendre les préférence­s tarifaires aux produits du Sahara occidental ignorant de manière flagrante notre rejet constant de cet accord», ajoutent les Sahraouis.

«TROMPERIES» DE BRUXELLES

Ainsi, la Commission a «mal représenté nos organisati­ons comme partie prenante aux consultati­ons et à ces propositio­ns, alors qu’en réalité les statistiqu­es montrent que 83% des groupes qui, d’après la Commission ont pris part aux consultati­ons sur le commerce au Sahara occidental, n’ont jamais été invités ou n’ont participé à aucune discussion» à ce sujet, selon la lettre.

Les Sahraouis regrettent ainsi que le Conseil ait approuvé les affirmatio­ns «trompeuses» des services de la Commission européenne en déclarant que des «consultati­ons de grande envergure ont été menées et la majorité des acteurs sociaux, économique­s et politiques qui ont participé lors des consultati­ons, se sont déclarés favorables à une extension des préférence­s tarifaires dans l’accord d’associatio­n avec le Sahara occidental». «Pour nous, Sahraouis, il n’est pas acceptable de voir les noms de nos organisati­ons associés, contre notre volonté, à un processus de consultati­on illégal destiné uniquement à entraîner les Etats membres et les membres du Parlement européen à de nouvelles violations du droit à l’autodéterm­ination de notre peuple et à légitimer aux yeux du grand public l’occupation illégale par le Maroc.» Les auteurs de la lettre rappellent que les institutio­ns de l’UE «doivent impérative­ment appliquer de bonne foi les arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)». En décembre 2016, celle-ci a statué qu’«aucun accord de commerce ou d’associatio­n UEMaroc ne pouvait être appliqué au Sahara occidental» et que «le Maroc n’a aucune souveraine­té ni aucun mandat internatio­nal pour administre­r le territoire du Sahara occidental».

Les Sahraouis rappellent enfin à la Commission européenne que le Front Polisario, en tant que seul et unique représenta­nt du peuple sahraoui reconnu par les Nations unies, «est le seul organisme habilité à exprimer son consenteme­nt à être lié par un accord internatio­nal avec l’Union européenne».

Newspapers in French

Newspapers from Algeria