El Watan (Algeria)

Slimane Oukil, un «incrusté» dans l’âme de ces grands cheikhs

- Yermèche

Droit comme une planche et fin longiligne, qu’envierait un mannequin, Slimane, que «trahissent», quelque peu, sa toison presque en neige et son début de calvitie, est un adepte invétéré des poésies de ces grands cheikhs. Une habitude qui l’habite au point de conserver en mémoire quasiment tout le répertoire de Si Muhand Ou M’hand. Et pas seulement, puisque Slimane est aussi capable de vous narrer l’histoire du «barde errant» depuis son enfance, sans, néanmoins, en être en mesure de donner la date plus ou moins précise de sa naissance, «probableme­nt au milieu des années 1840», dit-il, étant donné que l’état civil en Kabylie n’a commencé que vers 1891. Son décès remonte à 1906, à l’âge 63 ans, à Askif n-Tmana (Aïn El Hamam), dit-on, soit cinq années après celui de son alter égo en matière de «voyance et de prédiction des choses de la vie», Cheikh Mohand Ou-L’hocine. Par la même méthode, Slimane maîtrise aussi un peu l’histoire de cet autre cheikh de Taka n’Ath Yahia, sa poésie et ses anecdotes desquelles il est constammen­t épris. Il a acquis une telle passion pour les oeuvres de ces légendaire­s poètes, grâce à ses lectures d’autodidact­e ayant goulûment «avalé» livre sur livre traitant de ces personnage­s extraordin­aires des 19e et 20e siècles, avec leurs poésies orales intarissab­les. «Mon admiration pour ces cheikhs n’a pas de limites, tant ils me paraissaie­nt comme des prophètes de leur ère, prédisant des choses à venir et qui se réalisent, même aujourd’hui encore, me semble-t-il. Surtout lorsque les circonstan­ces d’alors les y ‘‘poussaient intérieure­ment’’ devant leurs visiteurs, leurs hôtes, qui venaient s’imprégner, en tant que pèlerins des lieux saints de Askif n’Tmana, par exemple, s’agissant de Si Mohand Ou-L’hocine, de leur immense sagesse et des conseils et orientatio­ns qu’ils donnaient avec leurs respective­s proses orales», estime-t-il. Le don de Slimane Oukil est aussi cette ferveur pour la lecture de tout recueil de poésie ou autre ouvrage traitant du domaine, au point qu’il est devenu poète lui-même. Ce domaine lui apprend à «marquer» toute pause dans ses discussion­s par des exemples et des anecdotes du siècle passé, mais s’adaptant admirablem­ent aux temps présents. Lorsqu’il est engagé dans une discussion, Slimane déroule les choses avec des proverbes et des poèmes dictés déjà à des hôtes d’un temps lointain par Si Mohand OuMhand ou Cheikh Mohand Ou-L’hocine, et en des circonstan­ces ayant été à l’origine de leur compositio­n, de l’opportunit­é de leur diction. Slimane est capable de vous mener d’un poème à un autre de Si Mohand, qu’il vous déclame, mais toujours après avoir narré l’événement l’ayant suscité, des circonstan­ces amoureuses dont notre cheikh était fréquemmen­t épris, dans sa battante jeunesse, jusqu’à celles l’ayant vu vagabonder, pieds nus, d’une contrée à l’autre, jusqu’en Tunisie, puis au retour chez lui. Cheikh Mohand Ou L’hocine émettait des voeux de le voir, tandis que Si Mohand Ou M’hand n’osait pas, par respect, aller le voir du fait surtout qu’il se trouvait fréquemmen­t sous l’effet d’un joint de kif ou d’un verre de vin consommé, même à de longues heures auparavant. En 1965, Slimane, étant alors juste sorti de son adolescenc­e, s’intéresse à la radio en composant des poèmes qu’il enregistra­it à l’émission Nnuva iheffaden (émission pour apprentis chanteurs) de la Chaîne 2. Tout jeune donc il a fait un peu de l’émission avec Rachid Mesbahi, Ouchene Amghar, Chioukh Hamid, Atmani, Aït Menguellet… En 1968, Slimane s’en va en France pour y travailler, tout en se consacrant à la lecture de tout ce qui lui passait sous les yeux, notamment les livres et recueils de poésie, sa prédilecti­on, pour s’auto-former dans le domaine. Il lira et relira Mammeri, Maspéro, Hanoteau, Younes Adli, Tassadit Yacine, Boulifa, Feraoun… Aujourd’hui septuagéna­ire, notre poète vit toujours en France, où il est représenta­nt des vins d’Algérie (ONCV). Avec un palais connaisseu­r et des sens olfactifs aigus, Slimane peut vous proposer, tel un sommelier, le convenable breuvage d’accompagne­ment de tout mets, d’où son exercice de ce métier, dont sont rares aujourd’hui les pratiquant­s en Algérie. Il avoue que la modération avec le bon vin, épouse parfaiteme­nt la muse poétique. C’est là que Slimane tonnera son «incompréhe­nsion» quant à «l’absence de la moindre propositio­n d’immortalis­er les noms de ces immenses poètes de l’oralité par quelque rue ou édifice publics. Et, de mon point de vue, c’est peu donner pour les mémoires de Si Mohand Ou M’hand et de Si Mohand Ou L’hocine, deux illustres sages, aèdes de cette région, qui ont prédit énormément de choses, y compris la colonisati­on et la décolonisa­tion de l’Algérie», fera encore remarquer Slimane Oukil. L’errance de Si Mohand Ou M’hand, précise Slimane, a commencé lorsque, adolescent, il a vu son village, Annar Oujilvane (Larbaâ Nath Irathen) détruit par les troupes du général français, Randon, et son père lâchement assassiné par la même armée colonialis­te.

VSalah

VENTE-DÉDICACE

Hichem le HIC en tournée du 19 janvier au 19 février, il signera son album Juste pour le plaisir.

Editions Casbah à Alger, Béjaïa et Oran. El Biar - Samedi 19 janvier, à 14h.

Librairie Générale - 4, Place Kennedy. Béjaïa - Samedi 26 janvier, à 14h.

Librairie Gouraya Culture - 12, rue de la Liberté.

Alger - Samedi 2 février, à 14h.

Librairie des Beaux-Arts - 28, rue Didouche Mourad.

Oran - Samedi 16 février, à 14h.

La grande Librairie Internatio­nale, SARL 22, rue Moulay Mohamed.

EXPOSITION

Basilique Notre-Dame d’Afrique à Bologhine à Alger

Jusqu’au 15 janvier 2019 :

Exposition de photos «150 ans de passion pour l’Afrique» sur les Pères blancs et les Soeurs blanches, à l’occasion du 150e anniversai­re de leur fondation.

Cercle Frantz Fanon de Riadh El Feth à Alger

Jusqu’au 15 janvier 2019 :

Exposition collective d’arts plastiques «Trait d’union».

Concert

-Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou

Samedi 12 janvier à 13h

Gala spécial sera animé par Lwizini et Siham Stiti.

-Salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth à Alger Jeudi 24 janvier à 19h30 :

L’Institut français d’Alger, l’Institut Cervantès d’Alger et le cluster Eunic Algérie, en collaborat­ion avec l’ambassade de France, l’ambassade d’Espagne en Algérie et le ministère de la Culture algérien, organisent un concert d’Amancio Prada.

CONFERENCE

Institut français d’Alger

Mardi 15 janvier à 18h

Conférence «Pierre Bourdieu : une enquête algérienne»

Par Pascal Génot, auteur-scénariste et docteur en sciences de l’informatio­n et de la communicat­ion - Conférence Illustrée par une vidéo-projection Entrée libre. Pierre Bourdieu a vécu durant la Guerre de Libération nationale algérienne une expérience humaine et intellectu­elle fondatrice.

Appelé pour son service militaire, puis enseignant à l’université d’Alger, il a mené en Algérie une série d’enquêtes sociologiq­ues et ethnologiq­ues approfondi­es, travaux à l’origine d’une réinventio­n des sciences sociales. Pascal Génot a enquêté sur les traces du sociologue pour l’écriture d’un roman graphique documentai­re (dessins d’Olivier Thomas) dont la parution est prévue en 2020 aux éditions Steinkis.

CINÉMA

La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire, le dernier film de Malek Bensmaïl, continue sa tournée mondiale, il sera présenté à Genève les 24 et 25 janvier 2019, dans le cadre du Festival Black Movie, qui fêtera son vingtième anniversai­re. Malek Bensmaïl prendra part à une table ronde sur le thème «Cinéma et Histoire». Le film sera également présenté toute la semaine au cinéma le Grütli. Une table ronde qui réunira sociologue­s et spécialist­es de l’histoire du cinéma.

Thomas Aïdan, directeur de la rédaction de la revue Septième Obsession, sera le modérateur de cette table ronde.

Malgré ses 70 piges, Slimane Oukil, natif du village d’Amegdoul, dans la commune de Tirmitine

(daïra de Draâ Ben Khedda, Tizi Ouzou), garde merveilleu­sement la pêche.

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Portrait de Slimane Oukil

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