El Watan (Algeria)

UNE CONFÉRENCE DE NACER DJABI INTERDITE

- LIRE L’ARTICLE DE MADJID MAKEDHI

Le professeur en sociologie politique et chercheur Nacer Djabi a été empêché d’animer une conférence à l’université El Hadj Lakhdar de Batna. Invité pour présenter son dernier ouvrage réalisé dans le cadre d’un programme de recherche du Cread sous le thème «Les mouvements amazighs en Afrique du Nord», le professeur a été surpris par la décision du recteur de l’université en question. «J’ai été invité par l’associatio­n culturelle Tamazgha Aurès Forum (Actaf) qui organisait certaines activités, dont des conférence­s, sous le patronage du Haut Commissari­at à l’amazighité (HCA). Les organisate­urs avaient informé au préalable les responsabl­es de l’université. Mais ce matin (hier, ndlr), à quelques minutes du début de la conférence, le vice-recteur est venu leur dire que Nacer Djabi ne doit pas s’exprimer», nous raconte le chercheur. Et d’ajouter : «Selon le justificat­if du recteur, rapporté par son adjoint, la décision a été prise sur injonction des services de sécurité. J’ai dû me retirer.» Mais l’auteur s’interroge sur l’identité de ces services de sécurité qui ont décidé d’interdire une activité liée à la célébratio­n de Yennayer, qui est fêté officielle­ment et en grande pompe à travers le territoire national. «Pourtant, la veille, j’avais donné une conférence sur le même thème au Théâtre régional de Batna. J’ai même dédicacé le livre, sans que personne ne s’y oppose», préciset-il, estimant que cette attitude «relève plutôt de la provocatio­n», d’autant que l’ouvrage n’est pas subversif. L’oeuvre en question, rappelons-le, est une étude comparativ­e qui évoque la montée des mouvements revendicat­ifs amazighs dans les pays d’Afrique du Nord. Dans ce livre, Nacer Djabi souligne, surtout, la capacité de ces mouvements à réaliser ce que les Etats jacobins n’ont pas pu faire 60 ans après l’indépendan­ce : l’unité effective du Maghreb. Selon lui, la langue et la culture amazighes sont des facteurs fédérateur­s des peuples dans les différents pays de la région.

Qui est la partie dérangée par le contenu de cet ouvrage ? Nacer Djabi, rappelons-le, a subi le même traitement en décembre 2017 à Alger. Invité aussi pour participer à un colloque organisé à la faculté des sciences politiques, de l’université Alger 3, il a été informé la veille que le recteur de l’université s’oppose à sa présence. «Les organisate­urs m’ont contacté pour m’informer que la conférence a été annulée en raison de la situation que traverse actuelleme­nt l’université. J’ai été convaincu de l’argument. Mais voilà que, ce matin, je suis surpris d’apprendre que, finalement, la conférence s’est bel et bien tenue. Des enseignant­s amis parmi les organisate­urs m’ont assuré que l’ordre d’annuler ma participat­ion a été donné par le recteur de l’université Alger 3 parce que je suis un opposant au pouvoir», avait dénoncé Nacer Djabi.

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