Sur fond de scandale financier ?
Beaucoup a été dit à propos du retrait par la Confédération africaine de football (CAF), le 30 novembre dernier, de la CAN-2019 au Cameroun. Désigné en 2014, l’instance africaine a jugé finalement que ce pays était dans l’impossibilité d’être prêt l’été prochain. Les Camerounais ont vécu ce retrait comme un affront. Heureusement que la CAF a pris la décision de décaler le calendrier. Le Cameroun s’est vu donc octroyer la CAN-2021. Pourquoi donc que la nation des Lions Indomptables enregistre autant de retard dans la préparation ? Il est vrai que jusqu’à un certain degré, la responsabilité ne pouvait être imputée au Cameroun seul. En 2017, soit à deux ans du rendez-vous et trois ans après son attribution, l’instance africaine a décidé de faire monter le nombre de sélections participantes de 16 à 24. Ce qui s’est répercuté bien évidemment sur les préparatifs. A titre d’exemple, pour les terrains de compétition, il ne faudrait plus quatre stades mais six. Le Cameroun était donc dans l’obligation de consentir des efforts supplémentaires.
Apparemment, il n’y a pas que cela. Intervenant dans un reportage diffusé par France 24, il y a deux jours, Boris Bertolt, un lanceur d’alerte camerounais établi en Europe, a affirmé qu’«il y a eu une volonté délibérée de ralentir les travaux afin d’attribuer les marchés de gré à gré à des entreprises qui appartiennent en vérité à des amis (des responsables camerounais, ndlr)». Même le nouveau stade d’Olimbé, le stade Paul Biya, du nom du chef de l’Etat camerounais, qui devait accueillir la finale de la compétition, a enregistré des retards. «1200 milliards de francs CFA (1,8 milliard d’euros) ont déjà été décaissés dans le cadre de cette CAN», a encore ajouté le lanceur d’alerte, qui s’appuie sur des documents officiels dont il a publié certains sur les réseaux sociaux.
D’après lui, «41 sur 51 marchés relatifs à cette CAN sont passés de gré à gré». Il cite, comme exemple, une entreprise, Prime Potomac, domiciliée aux Etats-Unis, qui a décroché un marché d’une valeur de 40 millions d’euros relatif à la réhabilitation de quatre stades d’entraînement et de deux hôtels. Les chantiers en question sont également à l’arrêt. Ben Modo, le PDG de cette société, se défend de toute accusation et affirme que c’est lui qui subit des pressions pour porter le coût des travaux à la hausse. Le ministre camerounais des Finances, Louis Paul Motaze, a balayé par contre d’un revers de la main cette polémique en indiquant qu’il laissait «la liberté à ceux qui avancent ces chiffres de les avancer». En tout cas, des sommes faramineuses ont été mobilisées par les autorités camerounaises pour cette CAN-2019 qui lui a été retirée. Aujourd’hui, Yaoundé a tout intérêt à tout mettre au point pour 2021.