Le Conseil présidentiel au bord de l’éclatement
Le chef de l’Unsmil, Ghassan Salamé, a récemment exprimé ses inquiétudes quant à la situation dans le sud de la Libye, où il a été enregistré, selon lui, «une activité très fréquente de groupes terroristes»,
notamment de Daech.
Nouvelle tuile pour Fayez Al Sarraj dont le pouvoir s’érode mois après mois. Non reconnu comme interlocuteur par Benghazi depuis pratiquement son intronisation à la tête du Conseil présidentiel libyen (CP), le voilà aujourd’hui contesté jusque dans son propre camp. Preuve en est, il fait l’objet depuis le début de la semaine d’attaques acerbes par des membres du CP. Trois des neuf membres de cette instance basée à Tripoli ont en effet publié dimanche une déclaration au vitriol dans laquelle ils l’accusent de faire cavalier seul dans la gestion des affaires de la Libye et de ne rien faire pour sortir le pays de la crise. Ces trois personnalités, parmi lesquelles figure l’ancien Premier ministre Ahmed Maiteeg (les deux autres sont Fathi Al Mijibri et Abdelsalam Kajman), recommandent à Fayez Al Sarraj de penser davantage à agir dans l’intérêt de la collectivité et de mettre de côté ses intérêts personnels, auquel cas il aura à assumer l’entière responsabilité de ce qui pourrait découler de sa gestion solitaire du pouvoir. «Nous pensons qu’Al Sarraj est responsable du blocage de la situation actuelle. Le pays et ses institutions sont au bord de l’effondrement. Si cela venait à se produire, cela remmènerait les Libyens à la case départ», avertissent-ils, expliquant que sa politique est foncièrement «irresponsable». De plus, ajoutent-ils, «son individualisme a transformé le CP en un lieu de conflit plutôt qu’en un lieu où des solutions peuvent être générées». Le CP libyen résistera-t-il à cette crise ? En tout cas, il n’a jamais été aussi proche de l’éclatement. La sortie des trois membres du CP et le tir groupé contre Al Sarraj interviennent à un moment où le chef de l’Unsmil, Ghassan Salamé, tente tant bien que mal de faire redémarrer le processus de règlement de la crise libyenne, soutenu par l’ONU, et organiser de nouvelles élections. Lors de sa première visite au début de la semaine dans le Sud libyen où il a rencontré des notables de la région, il n’a pas non plus été tendre avec les autorités et les institutions libyennes qu’il a accusées de ne pas être à jour.
LA COLÈRE DE SALAMÉ
A ce propos, Ghassan Salamé a prévenu que de vrais changements allaient se produire dans le pays la semaine prochaine. «Les institutions actuelles sont peu performants et leur travail n’est pas à la hauteur des normes requises», a-til déclaré, cité par Libya Observer. «Il est temps de chercher des alternatives. La semaine prochaine apportera de réels changements en Libye», a-t-il martelé. A qui faisait-il exactement allusion ? Difficile à dire car il ne s’est pas trop étalé sur la question.
A Sabha où il a marqué une halte, Ghassan Salamé a discuté longuement avec de nombreux chefs de tribu et des personnalités politiques et religieuses de la manière d’améliorer les conditions de vie de la population et la situation sécuritaire. Il a évoqué en outre les projets de conférence nationale de réconciliation (Al Multaqa Al Watani), de référendum constitutionnel et de reprise du processus électoral.
Sur la question des élections, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Libye a affirmé, rappelle-t-on, lors de sa visite jeudi dernier à Alger, que «les conditions sont réunies» pour la tenue des élections parlementaires en Libye avant la f in du printemps prochain. Ghassan Salamé a toutefois expliqué que celles-ci ne peuvent pas avoir lieu sans l’existence d’un support constitutionnel. A ce sujet, il a déploré le retard accusé par le Parlement dans l’élaboration d’un projet de Loi fondamentale qui sera soumis à référendum.
Dans une interview accordée à la Radio Chaîne 3, M. Salamé a évoqué également la situation sécuritaire de la Libye. A l’occasion, il a noté que l’accord de cessez-le-feu signé en septembre dernier par les différents groupes armés à Tripoli est toujours en vigueur, avant d’exprimer, toutefois, ses inquiétudes quant à la situation dans le sud de la Libye, où il a été enregistré, selon lui, «une activité très fréquente de groupes terroristes», notamment de Daech. Ghassan Salamé a, en outre, ajouté que «des puissances régionales et internationales commencent à intervenir dans cette partie sud de la Libye, d’une manière ou d’une autre, sans qu’elles ne soient respectueuses de la souveraineté libyenne». Autrement dit, le chemin de la paix reste encore long dans ce pays ravagé déjà par près de 8 ans de guerre civile.