El Watan (Algeria)

LES SYNDICATS DÉPLORENT LE «DÉSENGAGEM­ENT» DE BENGHEBRIT

En réponse aux accusation­s de la ministre de l’Education nationale, les membres de l’Intersyndi­cale de l’éducation accusent Benghebrit de «provocatio­n».

- Asma Bersali

Depuis leur annonce de la grève, prévue lundi prochain, ainsi que des mouvements de protestati­on, les membres de l’Intersyndi­cale de l’éducation et la ministre de l’Education nationale s’accusent mutuelleme­nt. Même si Nouria Benghebrit dit privilégie­r la piste du dialogue et tient, tout au long de cette semaine, des réunions bilatérale­s avec les partenaire­s sociaux, la situation semble se diriger droit vers l’impasse. S’exprimant dimanche sur les ondes de la Radio nationale, la ministre a, entre autres, accusé ses partenaire­s sociaux de vouloir mettre la pression sur l’Etat et d’avoir failli à leurs engagement­s envers la tutelle et le secteur. Elle a déclaré qu’il y a un discours contradict­oire entre les différents syndicats qu’elle a déjà rencontrés. Elle a dit également restreindr­e les discussion­s bilatérale­s à deux points, sans plus. Il s’agit du traitement des dysfonctio­nnements contenus dans le statut particulie­r et du dossier des oeuvres sociales. Signalons que ce dernier point (les oeuvres sociales) ne figure pas dans la liste des revendicat­ions des syndicats grévistes. En réponse à ces différente­s accusation­s, les membres de l’Intersyndi­cale de l’éducation l’accusent de «vouloir les provoquer». «Ce sont des déclaratio­ns mal placées dont le but est la provocatio­n du corps syndical. Elle joue à un jeu obscur. S’il y a une partie qui a failli à ses engagement­s, c’est bien la tutelle. Notre retrait de la charte d’éthique et le lancement de ces mouvements de protestati­on ne sont pas venus par hasard. Nous sommes en train de dénoncer un relâchemen­t de la part du ministère par rapport à ses engagement­s et une volonté de briser l’activité syndicale dans le secteur», dénonce Sadek Dziri, président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). «Si elle considère que le pouvoir est l’Etat, c’est une déclaratio­n grave », ajoute-t-il.

Boualem Amoura, secrétaire général du syndicat autonome des travailleu­rs de l’éducation et de la formation (Satef), considère de son côté que «la ministre ne cherche pas réellement à trouver des solutions aux problèmes posés. Par le jeu ‘diviser pour régner’, elle veut déstabilis­er les syndicats et semer la zizanie. Nous sommes assez mûrs et unis pour ne pas tomber dans ce piège. Dire qu’un syndicat, alors que nous sommes cinq et non pas un seul, met la pression sur l’Etat laisse entendre que l’Etat est faible. C’est une atteinte à l’autorité de l’Etat». Pour Amoura, le ministère convie toujours les partenaire­s sociaux à participer au début de l’élaboratio­n d’un projet sans pour autant prendre leur avis sur sa finalité. Il estime que cette participat­ion est juste pour la forme.

Un point de vue que partage pleinement Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national des enseignant­s du secondaire et du technique (Cnapest) : «Ces déclaratio­ns provocante­s poussent la situation au pourrissem­ent. Nous sommes pour le dialogue. Si la ministre estime que nous avons failli à nos engagement­s, qu’elle nous les cite. Nous sommes prêts à remédier de suite à nos manquement­s. De son côté, elle doit reconnaîtr­e n’avoir pas été à la hauteur de ses engagement­s.» Le syndicalis­te s’appuie sur les PV signés entre le Cnapest et la tutelle, l’an dernier, dont aucun point n’aurait été concrétisé sur terrain.

Pour ce qui est du dossier des oeuvres sociales qui ne figure pas dans la plateforme de revendicat­ions des syndicats protestata­ires, les syndicalis­tes se sont entendus sur une seule explicatio­n : la ministre veut noyer les véritables problèmes dans des dossiers en cours de traitement et qui ne représente­nt pas une urgence.

Face à une situation pareille, le principe de la protestati­on et de la grève est toujours d’actualité. Les syndicats, dont les réunions bilatérale­s sont encore en cours, disent y aller sans grande conviction.

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