PROPAGATION INQUIÉTANTE DE L’ÉPIDÉMIE
Depuis son apparition fin décembre dernier, la peste qui touche les petits ruminants fait encore des ravages.
Les promesses du ministre quant à la distribution de doses de vaccin au cours de ce mois de janvier semblent n’être que de simples calmants.
Depuis son apparition fin décembre dernier, la peste qui touche les petits ruminants fait encore des ravages. Les promesses du ministre quant à la distribution de vaccins au cours de ce mois de janvier semblent n’être que de simples calmants. Que ce soit à Djelfa, Béjaïa, Tébessa ou encore Tiaret, l’inquiétude des éleveurs est palpable. Plusieurs centaines de têtes sont décimées menaçant des races entières. Les éleveurs, s’exprimant devant des médias nationaux et étrangers, se disent être seuls à faire face à cette maladie. Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazghi, qui s’est déplacé à Djelfa, fief de cette maladie, avait rassuré les éleveurs quant à l’attribution des vaccins courant ce mois. Une déclaration qui semble loin de la réalité. Rapporté par certains médias, l’avis d’appel d’offres n’a été lancé qu’en début janvier. Compte tenu des délais obligatoires avant l’ouverture des plis, établis dans le code des marchés, de 21 jours et de procédures qui suivront après, bien qu’accélérées, le vaccin tant attendu ne pourra être distribué que vers la mi-février. De ce fait, les marchés à bestiaux, fermés par mesure préventive, verront le délai de fermeture prolongé d’un mois. Une prolongation qui n’est pas dans l’intérêt des éleveurs et surtout du marché à bestiaux et de la viande. Influant sur l’offre et la demande, les quantités de viandes rouges disponibles sur le marché risquent la pénurie. Les prix vont systématiquement augmenter. Leur stabilité actuelle ne pourra résister dans les quelques semaines à venir avec l’arrivée du mois de Ramadhan. Un mois où la demande sur ce type de viande connaît une hausse de 40%, selon les spécialistes du marché.
El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et des artisans, avait justement fait part de sa crainte quant à un éventuel allongement de cette période de fermeture. Pour lui, les éleveurs auront peur d’investir dans un nouveau cheptel qu’ils ne pourront pas vendre ni protéger de cette épidémie en l’absence de vaccins. Bien que l’impact ne soit toujours pas encore estimé, le recours à l’importation de la viande congelée cette année promet d’être plus important pour le mois de Ramadhan. Pour mémoire, la production nationale de viande rouge ne dépasse pas 400 000 à 500 000 tonnes par an. Le besoin national est de 600 000 tonnes. Avec cette propagation des maladies épizootiques, le déficit qui tourne autour de 100 000 et 200 000 tonnes risque d’être plus important.
PAS D’INCIDENCE POUR L’AÏD EL ADHA
De son côté, le vice-président de la Fédération nationale des éleveurs (FNE), Belkacem Mezrou, invité du forum du quotidien Le courrier d’Algérie, a affirmé que la peste qui touche les petits ruminants ne devrait pas avoir un grand impact sur la disponibilité des bêtes destinées au sacrifice pour l’Aïd El Adha. Il motive ses propos par le fait que cette épidémie touche généralement les agneaux de moins de 3 mois. Ces derniers ne sont pas concernés par le sacrifice étant donné qu’ils n’auront pas un an d’ici cette fête religieuse. Incitant les éleveurs à annoncer toute suspicion de cette maladie, M. Mezrou insiste sur l’urgence de leur procurer les vaccins. La propagation de ces maladies, selon lui, risque de faire perdre à plus de 400 000 personnes leur emploi dans 11 métiers de la filière ovine. Pour lui, l’opération d’indemnisation risque d’être plus compliquée que prévu, étant donné que la majorité des éleveurs n’ont pas la culture de déclaration et de souscription au système d’assurance. Pour rappel, le ministère de l’Agriculture avait déclaré avoir débloqué un budget de 400 millions de dinars pour l’opération d’acquisition du vaccin. M. Bouazghi avait également rassuré les éleveurs que des dédommagements leur seraient versés suite à ces pertes. Le dernier chiffre officiel annoncé fait état de 2000 bêtes décimées. Durant ces dernières semaines, de nouveaux foyers ont été découverts dans plusieurs wilayas du pays, faisant augmenter sans surprise ce nombre. Le département de Bouazghi organisera demain une journée d’information sur cette épidémie où les derniers chiffres seront annoncés. Plusieurs acteurs en relation seront présents. L’Algérie compte actuellement un cheptel de 28 millions de têtes.