Le CPE exige des contrats de performances
L’accueil et la réception sont la vitrine de la structure, c’est ce qui façonne l’opinion du touriste.
Une rencontre d’orientation, de positionnement stratégique et opérationnel et de contractualisation des objectifs de 2019 avec toutes les filiales du groupe HTT s’est ouverte hier à l’hôtel El Aurassi en présence de Abdelkader Benmessaoud, ministre du Tourisme et de l’Artisanat. Cette rencontre s’assigne principalement deux objectifs : le bilan des activités et des performances de l’année écoulée (2018) des filiales du groupe et les perspectives d’avenir. Lazhar Bounafaâ, PDG du groupe, fait un constat sans complaisance : «Il faut un changement radical dans nos modes de penser et dans la conduite des affaires, c’est un impératif de survie de toutes les filiales. Le secteur touristique est dans l’obligation de faire un saut qualitatif dans les modes de gestion dictée par le contexte touristique qui évolue rapidement, du développement croissant du secteur privé et l’arrivée de chaînes internationales aguerries en management.» Il met tous ses cadres face à leurs responsabilités : «Nous sommes contraints à nous mettre à niveau surtout sur le plan managérial avec un business plan orienté vers la performance commerciale, économique et financière. Un management rénové avec une démarche communicationnelle agressive et intelligente des ressources humaines, formées et mobilisées, engagées et fédérées autour d’objectifs précis.» Selon son analyse, «le secret de notre réussite réside dans notre manière de concevoir notre management, notre organisation et notre stratégie. Le contrat de performance exigé d’ailleurs par le CPE est un outil de management, une voie vers le succès, un outil qui aide et incite à la prise de décision idoine». Le message est clair : les pouvoirs publics refusent aujourd’hui formellement la navigation sans boussole ou à vue.
Entre 2016 et 2017, on a enregistré un recul du chiffre d’affaires de 8%. «Avec 43 établissements en travaux, je considère que c’est une performance. La baisse a été amortie par 3 filiales à hauteur de 63% (EGH El Aurassi, El Djazaïr et EGT centre), les filières déficitaires sont passées de 4 à 10, liées aux travaux de réhabilitation.»
L’effectif des filiales est passé à 6840 alors qu’il était de 7000 en 2017. La dette de modernisation est passée de 70 milliards de dinars en 2003 à 100 milliards de dinars en 2018. Mais au-delà des discours et des orientations, il est clair autant pour le ministre du secteur que pour le PDG de HTT que changer de management ne se fait pas d’un coup de baguette magique. Il faut une sacrée dose de conviction et un long apprentissage d’un travail collaboratif, car le succès sera collectif ou ne le sera pas. L’expert, le docteur Saadi NacerEddine, affirme que les établissements ont fonctionné par un management bureaucratique fondé sur un formalisme excessif et pas sur l’efficacité opérationnelle. Le cloisonnement domine au lieu de l’implication/complémentarité surtout du manager principal de l’hôtel dans toutes les phases de processus de la prestation hôtelière. Il préconise de passer à un «manager baladeur» pour créer et maintenir des liens solides avec l’équipe. Il faut innover et s’adapter aux exigences des clients, innover dans le service, le culinaire et la gestion des chambres. L’accueil et la réception sont la vitrine de la structure, c’est ce qui façonne l’opinion du touriste. Il faut vendre aussi le cachet et l’identité d’un hôtel. Le marketing communicationnel reste insuffisant : on doit aller chercher le client là où il se trouve. Il a été constaté aussi une faible sensibilisation à l’usage des réseaux sociaux dans le développement de la clientèle.