L’action sociale à l’épreuve des insuffisances
Hier, la visite de travail effectuée à Béchar par Ghania Eddalia, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, a dévoilé des insuffisances et des dysfonctionnements dans les établissements relevant de son département. Au centre des enfants assistés, première étape de sa visite, la ministre a pu constater l’étroitesse de l’établissement en service depuis 1990 d’une capacité de 40 enfants et qui, souvent, au cours de l’année, accueille plus de 50 enfants abandonnés. A proximité, au centre des enfants handicapés mentaux visité, la problématique récurrente est évoquée quant à la réinsertion des jeunes dépassant l’âge de 18 ans, notamment pour les filles qui quittent le centre sans aucune perspective d’avenir. Elle se pose toujours malgré les instructions, ajoutet-on, pour leur prise en charge en matière d’orientation professionnelle. Par ailleurs, le projet de réalisation du centre médicopédagogique pour handicapés moteurs traîne depuis plus de cinq ans et attend d’être équipé. Une telle carence a néanmoins provoqué la colère de la ministre, qui ne s’est pas contentée des explications et justifications fournies par les responsables du projet. «Vous n’avez pas d’enfants handicapés sinon vous aurez ressenti la nécessité d’activer l’achèvement du projet», a-t-elle asséné. Elle a exigé un délai pour son ouverture qui ne figure pas sur la fiche technique du projet, tout en mettant en cause l’absence de coordination entre les services concernés. Selon une confidence d’une employée de la DAS, des fauteuils pour handicapés sont distribués chaque mois et le nombre de ces derniers augmente sans cesse. Ces handicapés sont pour l’heure dispersés dans les établissements scolaires publics et leurs parents subissent des épreuves difficiles en attendant les équipements et l’ouverture du centre. Une autre association, dite Authenticité et création, a interpellé la représentante du gouvernement au sujet du phénomène des femmes battues et divorcées en progression. L’association se dit disposée à les prendre en charge totale pour les assister, les accompagner et les orienter vers une vie professionnelle pour leur éviter des dérives. La ministre a réagi en donnant instruction à la DAS pour étude de l’initiative. Une autre association a attiré l’attention des pouvoirs publics après enquête sociale qui a révélé que des filles de parents nomades (au nombre de 500 environ) dans la région de Béni Ounif, quittent l’école, après cinq ans de scolarité, sous la pression des parents qui observent «les traditions», en interdisant à leurs filles la fréquentation de l’école. La ministre a appelé à mettre en place une action de coordination entre la DAS, l’éducation, la jeunesse et les sports pour résoudre le cas des enfants nomades. A la fin de sa visite, Ghania Eddalia a été interrogée sur sa récente déclaration devant les députés au sujet de la nature des amendements envisagés du code la famille. La ministre s’est contentée de répondre que des ateliers travaillent sur la question et a jugé prématuré d’en parler.