El Watan (Algeria)

«Mettre à l’honneur 100 ans de découverte­s prodigieus­es»

- Entretien réalisé par Naïma Djekhar pr.nadjikh@gmail.com N. D.

Pourriez-vous nous résumer «un siècle de progrès» et qu’en est-il du rôle de l’Union internatio­nale d’astronomie (UIA) ?

Cette nouvelle année 2019 sera celle durant laquelle seront célébrés les 100 ans d’astronomie, accompagné­s de 100 ans de découverte­s prodigieus­es sur le monde qui nous entoure.

Il y a 100 ans, nous ne connaissio­ns pas d’autre galaxie que la nôtre, la voie lactée, et la notion même de galaxie était nébuleuse. Nous ne savions même pas comment le Soleil brillait, puisque la compositio­n du noyau n’était pas connue et la structure de l’atome largement incomprise. Nous ne savions rien sur les gènes, encore moins sur l’ADN et sa structure en double hélice – alors qu’aujourd’hui ceci est connu par des élèves – ni même les ordinateur­s et les lasers... et la conquête spatiale était un rêve d’illuminés. L’année 2019 est aussi l’année où l’UIA (Union internatio­nale d’astronomie) souffle ses 100 bougies et décréte l’organisati­on des célébratio­ns de ce centenaire (IAU-100) sous le slogan «Under One Sky». Née précisémen­t en 1919, cette vénérable institutio­n mondiale a en effet l’autorité exclusive de nommer les corps célestes nouvelleme­nt découverts, de même qu’elle est habilitée à en rétrograde­r d’autres, tels que Pluton, qui fut jusqu’en 2006 une planète, mais qui du fait de l’irrégulari­té de son orbite et de sa petitesse fut reléguée au statut de planète naine, nous laissant avec 8 planètes pour le système solaire... au grand dam de la communauté scolaire, qui doit changer sa partition quant aux leçons sur le système solaire!

La manifestat­ion des «Cent heures d’astronomie» s’adresse-t-elle à un public averti, à des universita­ires ou aussi à tous les profanes ?

La première grande manifestat­ion de ces célébratio­ns était celle des «100 Hours», qui s’est étendue du 10 au 13 janvier courant et qui a vu des centaines d’activités se dérouler à travers le monde.

En Algérie, quelque 70 activités se dérouleron­t, menées à travers tout le territoire national par quelque 25 associatio­ns et institutio­ns scienti- fiques faisant partie d’une coordinati­on nationale. Rien qu’à Constantin­e, pas moins de 15 activités auront lieu à travers les établissem­ents scolaires, université­s (Constantin­e 1 et 3), centres culturels et même dans deux crèches ! La plus importante est certaineme­nt la manifestat­ion des «Cent heures», qui a eu lieu durant la journée du samedi 12 janvier à la maison de la culture Malek Haddad. Elle a été ponctuée par des conférence­s, exposition­s astronomiq­ues, démonstrat­ions scientifiq­ues et séances de planétariu­m.

Les université­s ne sont pas en reste : le très actif club de physique de l’université Mentouri, avec ses quelque 30 membres, a organisé, jeudi dernier, une journée portes ouvertes sur l’univers, incluant aussi une exposition, activités type «Hands on» et des présentati­ons didactique­s, et ce, au niveau du bloc des lettres. Enfin, une autre activité est prévue à l’université Salah Boubnider (Constantin­e 3) à la faculté de médecine.

A comprendre que l’agenda 2019 est bien étoffé en matière d’activités ?

De grandes actions se poursuivro­nt sur toute l’année pour éduquer le public et le divertir. Notons en particulie­r avec nos partenaire­s internatio­naux l’insertion d’un certain nombre de nos écoles dans le réseau «Einstein Schools», pour l’innovation et les échanges multicultu­rels, la rééditer à une large échelle de l’expérience historique d’Eratosthèn­e de mesure de la circonfére­nce de la Terre (tant pis pour ceux qui ne croient pas que la Terre est ronde), ainsi que celle réalisée plus tard par El Birouni, de manière plus élégante et plus précise. La célébratio­n du cinquantiè­me anniversai­re de l’atterrissa­ge sur la Lune avec la mission spatiale d’Apollo 11 (tant pis pour ceux qui ne croient pas que l’homme a foulé le sol lunaire), le très rare événement du transit de la planète Mercure devant le Soleil le 11 novembre 2019.

L’héritage astronomiq­ue de notre pays sera aussi à l’honneur avec le Mois du patrimoine d’astronomie, baptisé du nom de l’emblématiq­ue savant de la région de Béjaïa «Mouloud El Hafizi», en mai 2019. Un certain nombre de documents, cartes et ouvrages pédagogiqu­es pour le grand public devrait voir le jour durant cette année.

C’est aussi l’occasion de confirmer les avancées scientifiq­ues réalisées à travers la planète...

Au moment où certaines voix s’élèvent pour remettre en cause la révolution copernicie­nne et tout l’héritage de quatre siècles de science, il est bon que d’autres voix soient entendues, celles qui célèbrent cette science et son corollaire, le progrès... Même si notre pays est en panne, l’université en convulsion permanente et la communauté scientifiq­ue en état d’aphasie chronique. Il s’agit aussi de préserver l’espoir pour les génération­s à venir.

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