El Watan (Algeria)

KUMBH MELA L’un des plus grands festivals religieux au monde

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Des ascètes nus couverts de cendres, jusqu’aux pèlerins anonymes venus de loin, des dizaines de millions d’Hindous sont attendus au Kumbh Mela, l’un des plus grands rassemblem­ents religieux de la planète, qui a débuté hier, pour des ablutions dans les fleuves sacrés du nord de l’Inde. Répartis sur sept semaines, près de 100 millions de croyants devraient, selon les organisate­urs, prendre part à ce festival à Allahabad (Uttar Pradesh, nord), une ville que les nationalis­tes hindous veulent rebaptiser Prayagraj pour effacer son nom à consonance musulmane.

Le Gange et la Yamuna y convergent, ainsi que, selon la foi hindoue, la rivière mythique Sarasvati. Avant l’aube, des milliers d’ermites nus à la peau enduite d’une couche grise de cendre, certains montés sur des chevaux, d’autres brandissan­t des tridents, ont cheminé vers la confluence des fleuves. Au son des mantras, des sifflets du service de sécurité et des éclaboussu­res, ils se sont immergés dans les eaux fraîches. Pour les Hindous, se plonger dans ces eaux au Kumbh Mela permet de se purifier de ses péchés et de se rapprocher du salut. «Tous les dieux descendent sur cet endroit sacré durant ce moment. C’est le plus bel événement pour un être humain», déclare Chandhans Pandey, un pèlerin de 60 ans. Toute la journée, des millions de pèlerins ont fait la queue des heures durant pour faire leurs ablutions. «Je ne sais pas si mes prières ont été acceptées, mais je suis satisfait après être passé dans l’eau», confie Narendrana­th Chakrabort­y, un homme de 72 ans venu de Calcutta, à 700 km à l’est d’Allahabad. Un hélicoptèr­e a jeté une pluie de pétales de roses sur la foule d’ermites à dreadlocks fumant de la marijuana, des prêtres en robe safran offrant des prières et des pèlerins venus de tous les coins d’Inde. Le Kumbh Mela («foire de la cruche» en hindi) se déroule environ tous les trois ans, en alternance dans quatre villes - Allahabad, Haridwar, Nashik et Ujjain - et revient dans chacun de ces lieux tous les douze ans. Mais Allahabad et Haridwar, entre deux «grands» Kumbh Mela accueillis chez eux, tiennent aussi des Kumbh Mela intermédia­ires («ardh») à mi-chemin. Ce «ardh Kumbh Mela» de 2019 survient donc six ans après le «maha Kumbh Mela» de 2013 à Allahabad, le plus grand du genre. Plus de 120 millions de personnes s’y étaient rendues, dont 30 millions sur une seule journée. Pour accommoder cette marée humaine, au plus haut certains jours considérés comme de bon augure avec des ablutions collective­s lors de «bains royaux», de grands campements ont été dressés au bord de l’eau. Restaurant­s, routes et marchés animent cette cité de tentes de 45 km2. Des drones de la police bourdonnen­t au-dessus de cette ville éphémère, grande comme Lyon. Le gouverneme­nt d’Uttar Pradesh, contrôlé par les nationalis­tes hindous du Premier ministre, Narendra Modi, et dirigé par un prêtre radical, a largement fait la promotion de cet événement, alors que l’Inde se prépare à voter aux élections législativ­es en avril-mai. Le Kumbh Mela, dont cette édition se déroule jusqu’au 4 mars, a été classé au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco en 2017.

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